La charge est violente. Dans son numéro d'aujourd'hui, le Wall Street Journal s'en prend à Nicolas Sarkozy et son positionnement anti-immigration, après les récentes sorties du président sur la baisse de moitié de l'immigration en cas de réélection ou encore son annonce dimanche à Villepinte concernant une possible sortie de l'espace Schengen si une réforme n'était pas adoptée sous douze mois pour mieux contrôler les flux migratoires.
"Même en France, on voit rarement plus cynique que ça", lance le Wall Street Journal, pour qui ce positionnement du président sortant sur le thème de l'immigration est "une tentative d'attirer des partisans du Front National de Marine Le Pen avant le premier tour". Etant donné la popularité des idées de la leader frontiste, "il n'est pas étonnant que ce soit dans ce camp que Sarkozy aille piocher des voix", ajoute le WSJ.
"C'est une position odieuse, non seulement parce qu'elle s'appuie sur des sentiments détestables mais aussi parce que c'est un exemple parfait d'ignorance économique", poursuit le quotidien, qui souligne que l'une des menaces les plus importantes à l'Etat-providence français est le vieillissement de la population et un taux de natalité qui ne permet pas le renouvellement de la population, même s'il est le plus élevé d'Europe. Pour le WSJ, l'immigration est au contraire le meilleur moyen d'assurer que le système français perdure.
Le Wall Street Journal n'est pas le premier titre de presse international à s'en prendre à la campagne de Nicolas Sarkozy. La semaine dernière, le magazine Time s'interrogeait déjà sur sa stratégie. "(Face à tous les problèmes de la France), Nicolas Sarkozy a décrété que le plus gros d'entre eux était la viande halal ! Qui l'eut cru ? Si tout cela donne l'impression que Sarkozy imite Marine Le Pen, c'est parce que c'est le cas (...). Beaucoup interprètent ces nouvelles attaques envers l'immigration comme une volonté cynique et désespérée de recruter de nouveaux électeurs".
Le Time insinue également que ce virage à droite contre les immigrés est un peu discutable venant de Nicolas Sarkozy. "Cela ne sonne-t-il pas un peu hypocrite venant d'un fils d'immigré hongrois, qui a même à une époque brisé un tabou français en évoquant la discrimination positive ? Peut-être, mais en cette période de pression électorale, le très impopulaire Sarkozy n'aura peut-être pas le luxe de renoncer à sa stratégie douteuse mais gagnante de 2007 qui consistait à faire les yeux doux à l'extrême droite", ajoute Time.