La formation du prochain gouvernement continue de cristalliser les tensions au sein des forces politiques françaises. Après la censure du gouvernement Barnier la semaine dernière, Emmanuel Macron poursuit ses consultations pour désigner un nouveau Premier ministre. Mais une absence notable autour de la table a alimenté un vif débat ce lundi 9 décembre : celle de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN), écartés des discussions à l’Élysée.
Sur le plateau de BFMTV ce lundi soir, Éric Coquerel, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale et député LFI, et André Chassaigne, président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (PCF), se sont livrés à une passe d’armes. Le cœur du désaccord ? La stratégie face à la crise politique actuelle et l’attitude à adopter vis-à-vis de l’exécutif. Puremédias vous propose de visionner la séquence ci-dessus.
Dès le début de l’échange, Éric Coquerel a fustigé les partenaires de LFI au sein du Nouveau Front Populaire (NFP) — le Parti socialiste, le PCF et les écologistes — pour leur décision de participer aux discussions avec Emmanuel Macron. "En toute fraternité, j’ai envie de leur dire de revenir à la raison", a-t-il déclaré. Pour le député insoumis, cette démarche s’apparente à un "reniement" des engagements pris envers leurs électeurs.
André Chassaigne, de son côté, a défendu la position de son parti. Selon lui, prendre part à ces négociations n’est pas un renoncement, mais une tentative de promouvoir une alternative politique. "Je n'ai jamais été favorable au chaos. J'estime qu'un parti, y compris un parti de gauche, doit avoir un discours de responsabilité. Et je crois qu'aujourd'hui, je ne suis pas de ceux qui n'ont qu'une seule obsession, c'est que ce soit le chaos parce qu'ils sont dans les starting-blocks pour les élections présidentielles" a-t-il lancé. "Moi, je regarde l’intérêt des Françaises, des Français, qui attendent qu’on tente tout ce qui est possible pour qu’on ait un Premier ministre de gauche", a-t-il ajouté, avant de conclure : "La politique de la terre brûlée, Éric, ce n'est pas ma politique".
Une accusation de passivité et de "repli sur soi" qui a fait bondir Éric Coquerel. "Pourquoi tu reprends les arguments de la droite et du macronisme ?", a-t-il répliqué, visiblement agacé. "Faire ce que tu fais à l’instant n’est pas correct, André. (...) Le chaos, c’est maintenant. C’est leur politique", a-t-il martelé, en référence au bilan du gouvernement sortant. "Vous redonnez de l’air à quelqu’un qui n’en avait plus. (...) Au lieu d’exiger un gouvernement NFP, vous lui permettez de continuer à ordonner la vie politique française."
André Chassaigne a alors insisté sur l’importance de ne pas s’enfermer dans une logique d’opposition systématique : "Quand on dit qu'on voudrait avoir un Premier ministre de gauche ou issu du nouveau Front populaire, il est bien évident que dans ce cadre-là, on se place dans la Constitution, qui est aujourd'hui un président de la République. Il est normal qu'on le rencontre. Peut-être qu'on va échouer, mais au moins, on aurait essayé, parce qu'on ne peut pas à la fois dire qu'il faut un Premier ministre de gauche, un gouvernement de gauche, un restant assis dans son fauteuil" argumente-t-il.
"Mais ce n'est pas ça dont il est question, tu sais très bien !", répond Eric Coquerel. "Il ne vous réunit pas pour réfléchir à un gouvernement NFP. Dans ces cas-là, on serait là aussi autour de la table. Il l'a dit. Il vous réunit pour réfléchir à un gouvernement d'intérêt général", poursuit-il. "Éric, je précise quand même que tu es le premier à dire qu'on a un comportement où on vendrait notre âme pour un plat de lentilles", a répondu le député communiste, sous les protestations de son interlocuteur.
Malgré les efforts de l’animateur Benjamin Duhamel pour ramener le calme sur le plateau, la discussion est resté houleuse entre les deux élus. "Non, non, non. Je ne t'ai pas soupçonné de vendre ton âme, André. Je te dis que vous faites fausse route parce que vous lui redonnez de l'air qu'il n'avait plus, au lieu d'exiger un gouvernement NFP, tout simplement" conclut Éric Coquerel.