Le duo Macron/Le Pen en tête, la dégringolade de François Fillon, la poussée de Jean-Luc Mélenchon dans les dernières semaines, l'effondrement de Benoît Hamon. Les sondeurs avaient vu juste pour le scénario du premier tour de la présidentielle de 2017. Une bonne nouvelle pour leur business. Et pour les médias, qui s'appuient fortement sur ces enquêtes d'opinion pour construire leurs analyses et sentir le pays. Les sondeurs en ont pourtant pris plein la figure ces derniers mois, attaqués par les candidats, accusés d'orienter l'élection ou de ne pas mesurer le "vote caché" en faveur de François Fillon. L'élection américaine était passée par là, les sondeurs ayant été incapables pour la plupart de prédire la victoire de Donald Trump.
Des sondeurs d'un nouveau genre, comme Filteris, ont accentué la défiance à l'égard des instituts traditionnels. "Valeurs Actuelles" relayait quotidiennement les "enquêtes" de ce sondeur alternatif qui basait ses prédictions sur le poids numérique des candidats et voyait un duo Fillon/Mélenchon en finale. Raté. Cette élection est aussi l'échec du big data qui, à partir d'un croisement opaque de données issues du web là aussi, n'imaginait pas la qualification d'Emmanuel Macron pour le deuxième tour de la présidentielle. Encore raté.
Ce sont donc les instituts traditionnels, Ipsos, Ifop, Elabe, Odoxa, BVA, OpinionWay etc. qui ont confirmé leur savoir-faire, grâce à des méthodes scientifiques strictes. Il y a une semaine encore, Jean-Yves Dormagen, professeur de science politique à l'université de Montpellier assurait dans une tribune au Monde que les échantillons des sondeurs étaient obsolètes, parasités par des "biais qui affectent la qualité et la représentativité des échantillons". Il prédisait lui aussi une "surprise électorale". Mais le premier tour a été conforme en tous points aux prédictions des sondeurs historiques.