Lors de sa sortie en salles en janvier dernier, "Zero Dark Thirty", le film de Kathryn Bigelow retraçant la traque d'Oussama ben Laden, avait sidéré le public par son réalisme. Et pour cause, on apprend maintenant que le scénariste du film aurait bénéficié de fuites venant du plus haut niveau du contre-espionnage américain. La nouvelle a été révélée mercredi 5 juin par une puissante association de surveillance des pratiques de l'administration américaine, le "Project on Government Oversight" (POGO).
Citant un rapport en préparation du ministère de la défense américain, cette association révèle qu'au cours d'une cérémonie organisée au siège de la CIA en juin 2011 en l'honneur des agents ayant participé à la traque d'Oussama ben Laden, le directeur de la CIA en personne, Léon Panetta, aurait révélé des informations ultra-sensibles au scénariste de "Zero Dark Thirty", Mark Boal, également présent lors de cette célébration. Ainsi, seulement un mois après la mort du chef d'Al-Qaïda, le patron du contre-espionnage américain aurait désigné au scénariste les soldats ayant participé au raid d'Abbottabad et aurait même donné le nom de l'officier des forces spéciales ayant commandé l'opération au sol. Des informations top secrètes dont la révélation est très sévèrement punie par la loi fédérale.
Cette affaire gênante survient dans un contexte particulier. Barack Obama est en effet engagé depuis plus d'un mois dans un bras de fer avec la presse américaine. Excédé par les nombreuses fuites de ses collaborateurs dans les journaux, le Président américain a en effet donné son accord à une surveillance très étroite des activités de plusieurs journalistes par le FBI. Le cas d'un journaliste de Fox News, James Rosen, a ainsi particulièrement choqué la profession. Après avoir publié des informations secrètes sur la préparation d'un essai nucléaire nord-coréen, ce dernier a été considéré par le FBI comme "co-auteur" de la fuite et a fait l'objet l'objet de poursuites criminelles. Pour l'administration américaine, il semble donc bien y avoir de bonnes et de mauvaises fuites.