Interview
Raphaëlle Duchemin (Europe 1) : "Je voulais arrêter les matinales"
Publié le 21 septembre 2017 à 15:42
Par Pierre Dezeraud
puremedias.com s'est entretenu avec l'animatrice de la pré-matinale d'Europe 1.
Raphaëlle Duchemin Raphaëlle Duchemin© EUROPE 1
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Elle réveille la France qui se lève très tôt. Depuis le 28 août dernier, Raphaëlle Duchemin est aux commandes d'"Europe 1 Bonjour", la pré-matinale de la station programmée entre 5h et 7h. A l'occasion de la journée passée dans les coulisses de la station, puremedias.com s'est entretenu avec l'ex-animatrice de franceinfo et RMC en sortie du studio.

À LIRE : Une journée dans les coulisses d'Europe 1

Propos recueillis par Pierre Dezeraud.

puremedias.com. Après trois semaines d'antenne, comment se passe votre intégration à la maison bleue ?
Raphaëlle Duchemin : Plutôt très bien ! Je suis heureuse de pouvoir faire deux heures d'antenne en proximité, avec beaucoup de directs. Je pense que vous l'avez senti, il y a aussi une émulation de la part de toutes les équipes de la station, une envie d'aller dans le même sens. Le changement est enclenché et le ressenti est bon.

"Ce serait dommage de ne proposer que des contenus mis en boîte aux auditeurs" Raphaëlle Duchemin

Vous succédez à Samuel Etienne à la tête de la pré-matinale de la station. Pour reconstruire cette dernière, vous êtes partie de zéro ?
L'année dernière, c'était un 5h-6h30. je récupère donc une demi-heure stratégique puisque c'est la locomotive qui précède "Europe Matin". Concernant le contenu, j'ai souhaité que l'on réinjecte du direct. Ce serait quand même dommage pour les gens qui nous écoutent de ne leur proposer que des contenus mis en boîte. Donc, nous avons instauré de nouveaux rendez-vous "frais" de proximité, comme le coup de fil à 5h10. Nous avons aussi, à 5h20, un nouveau rendez-vous consacré aux petites et moyennes entreprises ainsi qu'aux startups. C'est un créneau qui n'était pas très en vogue. J'ai pensé que ça collait bien à l'ADN d'Europe 1. Je crois aussi que ce sont des gens dont on ne parle pas assez alors que ce sont nos "fournisseurs officiels de talents". Après, il y avait des choses programmées pour rester ou évoluer, notamment ce que l'on appelait "Les Kiosques Europe 1" qui sont désormais des tables rondes d'experts.

Les rendez-vous que vous évoquez sont ceux de la première partie de l'émission. La deuxième correspond plus à un accompagnement vers la matinale de Patrick Cohen ?
Disons que l'on monte crescendo vers le "hot news" à mesure que l'on s'en rapproche. Au démarrage, nous y allons forcément un peu plus doucement. L'idée de la première heure, c'est aussi de proposer un contenu frais et adapté à des gens qui sont déjà levés et qui ont envie d'entendre autre chose qu'une resucée de l'actualité de la veille.

Les rendez-vous comme "J'ai choisi pour vous" ou "Le coup de patte de Nadia Daam", ce sont des tentatives d'éditorialisation de la pré-matinale ?
C'est d'avantage de l'humeur. Nous avions envie de cela. Ce ne sont pas forcément des sujets polémiques. Par exemple, "J'ai choisi pour vous", ça peut être quelque chose de drôle ou une histoire peu remarquée que j'ai envie de raconter. Quant à l'humeur de Nadia, c'est selon son feeling et encore une fois, ce n'est pas forcément polémique. C'est quelque chose que l'on retrouve désormais dans toutes les tranches sur Europe 1. C'est une sorte d'équivalent de Matthieu Noël, si vous voulez.

Pendant que vous prépariez la pré-matinale d'Europe 1 cet été, vous étiez à l'antenne sur RMC tous les matins. Comment êtes-vous parvenue à concilier cela ?
Ce sont clairement deux ADN différents mais je sais cloisonner. Ce que je faisais sur RMC, il y avait une ligne directrice très claire et qui n'a rien à voir avec ce que je propose maintenant. Après, les choses sont allées assez vite avec Europe 1. J'ai très rapidement su vers quoi nous nous dirigions. L'essentiel du travail consistait ensuite à mettre des noms sur les rendez-vous et ce n'est pas forcément ce qui prend le plus de temps.

La saison dernière, RMC a largement claironné sur le fait d'avoir dépassé Europe 1. Ce qui a eu tendance à plomber le moral des équipes de la rue François Ier. Vous avez senti des crispations en arrivant ?
Pas du tout. Au contraire, j'ai été très bien accueillie. Vous savez, c'est la vie qui va. On a tous vécu des transferts. Les gens me disaient : "Ah bon, tu t'en vas de RMC pour rejoindre Europe alors que RMC est passée devant Europe ?". Je l'ai fait sans hésiter car ce sont des gens avec lesquels j'ai envie de travailler. Il y a un projet qui me semble porteur. Il y a aussi un gros challenge à relever et j'ai ce goût-là. Et puis, c'est quand même une maison historique. Il y a tout à refaire mais on a les fondamentaux pour rebâtir les murs et peindre autrement. En bref, c'est assez euphorisant.

"Je suis de l'école franceinfo" Raphaëlle Duchemin

L'envie de cultiver du direct et de la proximité, ça vous vient de vos années franceinfo ?
Raphaëlle Duchemin : franceinfo, c'est ma maison historique. J'y suis restée très longtemps puisque j'ai commencé ma carrière à France Bleu. Je suis sortie de franceinfo après 21 ans de boîte derrière moi. Quand on appartient à une telle école, forcément, on apprend des choses. Notamment une certaine rigueur et une grande réactivité, que l'on garde à vie. Ce n'est pas quelque chose qui s'en va quand on ferme la porte. Après, à RMC, j'ai appris d'autres choses. Ce n'est pas du tout la même approche, c'est du talk. On va chercher les sujets poil à gratter, provoquer le débat. Là, j'ai envie de dire que je reviens dans quelque chose qui ressemble d'avantage à ce que j'ai pu connaître à Radio France. Par exemple sur l'international, nous n'en faisions pas à RMC.

À la fin de la saison dernière, avant de recevoir la proposition d'Europe 1, vous pensiez rester sur RMC ?
Raphaëlle Duchemin : J'avais envie de changement. RMC le savait. Pour tout vous dire, je voulais arrêter les matinales. Mais une proposition comme celle que m'a faite Europe 1 ne se refuse pas. Il y a une attente qui est telle par rapport aux auditeurs. Quand on vous invite à redresser une station, c'est quand même quelque chose ! Et puis, c'est du collectif. Tout cela ne se passe pas chacun dans son coin. On essaie d'avancer ensemble avec des offres différentes qui, finalement, se complètent.

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