Europe 1 fait son aggiornamento. Depuis la rentrée, la station du groupe Lagardère s'est dotée d'une grille flambant neuve dans l'espoir d'inverser enfin la courbe des audiences. Des laudes aux vêpres, tout ou presque a changé sous l'impulsion de la nouvelle direction. Le temps d'une journée, puremedias.com s'est plongé au coeur des coulisses de la maison bleue, au plus près de ses salariés, techniciens, journalistes, animateurs et dirigeants.
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En cette nuit trop fraîche de septembre, une douce chaleur règne dans les bureaux du 26 bis de la très chic rue François Ier à Paris. Il est 6h, un calme olympien règne dans les couloirs de la maison bleue. Au centre de la rédaction, quelques journalistes tapotent studieusement sur leur clavier d'ordinateur. Plus loin, dans le studio Lagardère - où sont enregistrées toutes les tranches d'information de la station -, Raphaëlle Duchemin accueille les auditeurs de la France qui se lève très tôt. Minutieuse, l'ex-animatrice de RMC s'assure régulièrement auprès de la régie qu'elle ne "déborde pas" du conducteur.
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Peu avant 7h, l'équipe technique qui s'occupe de la matinale de Patrick Cohen s'installe en régie. "J'ai pas beaucoup de choses. J'ai pas encore le texte de Canteloup, ni celui de Patrick" lance l'un des régisseurs. Pas inquiet, celui-ci semble plutôt s'amuser d'une situation à laquelle il est habitué avant d'annoncer fièrement : "Ils nous ont refait les jingles 'Patrick Cohen'. Ils sont magnifiques !". Un enthousiasme pas franchement partagé par un membre de l'équipe de Raphaëlle Duchemin selon lequel "il faut vraiment avoir l'oreille absolue" pour constater la différence avec les précédents jingles. Mais pas le temps de disserter plus longtemps, le passage de relais entre les équipes a lieu à 6h58, juste avant le journal d'Hélène Zélany.
Pendant ce temps, la discrète Julie, toute de noire vêtue - exception faite d'une paire de mocassins rouges - s'installe en studio. Entre deux reportages, l'inamovible speakerine de la station glisse poliment à la régie qu'il "fait un peu chaud dans le studio". Plus tard, pendant que les figures libres échangent à l'antenne sous le haut patronage de l'anchorman, Matthieu Noël vérifie avec la régie le bon calage des jingles de sa chronique. Quand vient son heure, une dizaine de personnes se masse devant le studio pour suivre sa chronique. Côte à côte, Eva Roque, Raphaël Enthoven et Raphaëlle Duchemin rient de bon coeur aux fines pitreries de l'humoriste.
Après les carillons qui annoncent 8h, tandis que Jean-Philippe Balasse déroule son journal, Patrick Cohen sort se dégourdir les jambes. Hélène Jouan, que l'on retrouvera plus tard en grande discussion avec Catherine Nay, s'en grille une à l'extérieur. En régie, on s'agace, "On n'a toujours pas le texte de Canteloup". Pendant ce temps, Odile Warin, ex-dircom de la station, ouvre la porte du studio à Pierre-Louis Basse, l'interviewé du jour. Attentifs, Laurent Cabrol et Nicolas Poincaré écoutent ses réponses depuis la rédaction. Mais l'interview s'éternise et la régie ne tarde pas à sommer Patrick Cohen d'abréger. Une nouvelle inespérée finit par tomber lors de la revue de presse de 8h30 : Les textes de Canteloup sont arrivés !
Quinze minutes plus tard, l'humoriste - qui n'est pas physiquement présent - est à l'antenne via une liaison sécurisée. Problème, celle-ci est très mauvaise. Sous les yeux de Donat Vidal Revel, patron de la rédaction, un régisseur suggère à l'humoriste d'écourter sa chronique. À l'antenne, le rendu est de plus en plus mauvais. La voix de Canteloup est saccadée par les coupures. Cohen grimace. "Bon, désolé Nico, ça coupe trop, on ne peut pas continuer" lâche finalement le technicien avant d'interrompre la chronique 2 minutes 30 avant le terme prévu. Cohen s'enquiert alors de savoir auprès de la régie s'il y a "ce qu'il faut pour combler". Décision est alors prise d'allonger le journal d'Hélène Zélany.
À 9h30, ce bref incident déjà oublié, Patrick Cohen passe le relais à Philippe Vandel. En sortant du studio, Emilie Mazoyer salue Emmanuel Perreau, numéro 2 de la station, qui lui glisse "Ça fait plaisir de t'entendre dans 'Melting Pop'". Derrière eux, François-Xavier Demaison, venu assurer la promo de "Quadras" dans "Village Médias" patiente aux côtés de l'attachée de presse de M6. Plus loin, Patrick Cohen et Donat Vidal Revel sont vite rejoints par Emmanuel Perreau. Les trois hommes débriefent rapidement la matinale du jour.
Il est déjà 10h, il en paraît deux de plus, quand Daphné Bürki et ses chroniqueurs débarquent dans le grand studio Merlin où les attend un public assez jeune de fidèles. En studio, l'animatrice entame une longue interview avec Clotilde Courau, venue assurer la promo du "Viol". L'ambiance guillerette devient grave. Bürki, touchée, constate que "C'est difficile de passer à un sujet plus léger après cela". La parenthèse "légèreté" se poursuivra ensuite avec "Rien ne s'oppose à midi", la quotidienne de Matthieu Noël enregistrée depuis le mythique studio Coluche où se dérouleront également les émissions de Franck Ferrand, Thomas Thouroude et Frédéric Taddéï.
À la mi-journée, pendant que Maxime Switeck et Anne Le Gall discutent d'économie sociale et solidaire, le calme retombe sur la rédaction, désertée pour cause de pause déjeuner. Plus tard, c'est même une torpeur tranquille qui s'installe en régie lorsque Franck Ferrand s'en va plonger, une heure durant, "Au coeur de l'histoire". Isabelle Quenin ne lui succédera pas dans le studio Coluche, la journaliste ayant exceptionnellement enregistré son émission plus tôt dans la journée. En attendant que Thomas Thouroude ne vienne siffler le début d'une nouvelle partie de "Y'a pas péno", Anissa Haddadi, la meneuse de jeu de l'après-midi, patiente en studio.
Une fois le jeu footballistique à l'antenne, une ambiance vestiaire se propage à la régie où se massent une dizaine de personnes, dont certaines sont juste venues se distraire. Dans le couloir attenant, Cauet passe d'un pas pressé en direction des studios de Virgin Radio. Une heure plus tard, retour au studio Lagardère. Impassible, Christophe Hondelatte, entouré de ses invités du jour, écoute son propre récit sur la dynastie des Kim, enregistré plus tôt dans la journée pour des raisons techniques. L'animateur sort tout juste de son silence pour réclamer à la régie que l'on baisse "le retour pub qui (le) saoule".
Au standard, des auditeurs patientent. Ils sont censés interpeller Christophe Hondelatte et ses invités. Mais l'animateur décide de poursuivre son interview d'une universitaire. "Bon, il s'éclate !" remarque le programmateur qui ne tarde pas à s'excuser auprès des auditeurs qui ont attendu... pour rien. Plus tard, c'est la programmatrice de la seconde partie de l'émission qui aura une sueur froide lorsque Nicolas Bay, invité du jour, décide de s'installer tout seul dans le studio.
En fin de journée, l'atmosphère se détend à mesure que les locaux de la rue François Ier se vident. Après les débats feutrés du "Social Club" de Frédéric Taddéï, Émilie Mazoyer prend le relais avec "Shuffle". Seule dans le studio Coluche, l'animatrice blonde s'éclate, chante et danse pendant que les titres de Beth Ditto ou Lorde passent à l'antenne. "On est complètement libre à cette heure-ci ! Et la musique est vachement bien, non ?" s'enquiert-elle dans un sourire à la sortie du studio.
Une heure plus tard, seule dans le studio Coluche - dont les lumières ont été tamisées -, c'est dans une ambiance radicalement différente que Caroline Dublanche ferme l'antenne journalière d'Europe 1. En régie, le technicien qui travaille avec l'animatrice depuis 19 ans explique que celle-ci peut discuter avec des auditeurs parfois pendant plus d'une heure. À cette heure-ci, il faut toujours caler les publicités et les journaux du soir de Pierre de Vilno, mais les yeux ne sont plus rivés sur le conducteur. "Si elle sent que la personne n'est vraiment pas bien, elle ne la lâche pas comme ça" explique-t-il tandis qu'une jeune femme réceptionne les appels d'auditeurs en détresse à ses côtés. La morosité ne semble pourtant pas guetter le régisseur. C'est avec lui, au terme de cette parenthèse de libre antenne parfois désenchantée, que s'achève une journée parmi d'autres au 26 bis rue François Ier.