Le gouvernement lève enfin le voile sur sa grande réforme de l'audiovisuel public. Alors que Matignon devrait officiellement en présenter les grandes mesures aujourd'hui, Françoise Nyssen, ministre de la Culture, s'est chargée d'en dévoiler les contours dans une interview au "Monde".
Première annonce confirmée : la disparition de la chaîne France 4. Le canal 14 va devoir être "libéré" par France Télévisions. "L'offre linéaire sera recentrée au service d'une identité plus marquée. Il est demandé à France Télévisions de libérer, au moins, le canal hertzien actuellement occupé par France 4. Cette concentration nous permettra d'investir dans l'offre à la demande qui correspond à un usage en pleine expansion, notamment chez les jeunes auxquels pense le président de la République", a justifié la ministre de la Culture. Françoise Nyssen a également laissé entendre que l'avenir de France Ô était incertain, reportant cependant le poids du choix de sa disparition ou de sa survie sur les épaules de "la future mission de concertation".
Avec sa réforme, le gouvernement veut aussi mettre l'accent sur la régionalisation de l'offre du service public. La ministre de la Culture a ainsi confirmé un rapprochement entre l'information de France 3 et celle de la radio France Bleu : "Nous avons demandé à France Télévisions d'augmenter significativement le temps des programmes régionaux (actuellement de deux heures par jour, ndlr). Une coopération ambitieuse entre France 3 et France Bleu doit déboucher sur ce média quotidien régional qui sera la voix des territoires. Une proximité que les médias privés délaissent alors que les Français la réclament", croit savoir Françoise Nyssen, qui annonce que "dès l'automne, France Bleu et France 3 lanceront des expérimentations dans deux régions". "Deux villes françaises se réveilleront bientôt avec une matinale commune de France Bleu et France 3", a par ailleurs confirmé la ministre.
Concernant la gouvernance de l'audiovisuel public, Françoise Nyssen a préféré rester floue, soulignant que cette question serait tranchée d'ici la fin de l'année. "Je défends, pour ma part, l'agilité au sein des sociétés, mais aussi une forte coordination pour s'assurer de la bonne conduite des chantiers communs et de l'émergence du média global que nous sommes en train de façonner", a simplement commenté la ministre, dans sa novlangue habituelle. Même stratégie d'évitement concernant les économies exigées de l'audiovisuel public par le gouvernement. Alors qu'elles pourraient finalement s'établir à 200 millions d'euros d'ici 2022, Françoise Nyssen a là-aussi soigneusement veillé à rester floue : "L'Etat actionnaire est fondé à demander aux sociétés de l'efficience et des économies", s'est-elle contentée d'affirmer.