Quand Rima Abdul Malak s'exprime sur l'avenir de l'audiovisuel public... sur une chaîne privée. Jour de fête de la musique oblige, la ministre de la Culture est sortie du bois ce matin. Invitée de "L'interview politique" de la matinale de LCI, ce mercredi 21 juin 2023, elle a livré sa "position" sur le financement de France Télévisions par la publicité.
À la question "étudiez-vous la piste de la fin totale de la publicité après 20h sur les antennes publiques", Rima Abdul Malak a répondu qu'elle n'y est "pas favorable". "Je pense que l'on a aujourd'hui un bon équilibre. On a une part limitée, circonscrite de la publicité pour l'audiovisuel public qui ne capte pas les recettes des chaînes privées", a-t-elle estimé.
Et la locataire de la rue de Valois d'analyser que "la vraie concurrence pour les chaînes privées en matière de publicité (provient des) plateformes". Les Gafam "captent", selon elle, "quasiment 90% du marché publicitaire". Conclusion : "On a un bon statu quo qu'il faut préserver aujourd'hui".
Le débat autour de la suppression totale de la publicité après 20 heures a été relancé après la publication d'un rapport parlementaire. Signé Jacques Gaultier (Les Républicains) et Quentin Bataillon (Renaissance), ce dernier préconise la suppression "de toute présence des annonceurs entre 20 heures et 6 heures sur les antennes nationales et plateformes de France télévisions, en étendant l'interdiction à la publicité numérique et aux parrainages".
Si depuis le 5 janvier 2009, les chaînes du groupe public ne sont plus autorisées à diffuser des pages de publicité, elles conservent le droit de proposer des messages. "Il s'agit en fait de messages d'intérêt général (dans le cadre des campagnes d'information des administrations sur des sujets tels que la sécurité routière, la lutte contre l'alcoolisme, ainsi que des messages d'organisations caritatives), de publicités génériques (pour faire la promotion de la pomme, des produits laitiers, etc.) ou de mentions de parrainages d'émissions", expliquait à l'époque le Conseil supérieur de l'audiovisuel (aujourd'hui Arcom).
"Ces trois catégories de messages ne sont pas visées par la réforme des chaînes publiques et peuvent donc continuer à être diffusées", ajoutait le gendarme de l'audiovisuel. Or, selon les députés, le téléspectateur assimile ces messages à de la publicité classique. "Cela conduit à une situation regrettable, qui nuit à la spécificité du service public de l'audiovisuel", considèrent-ils.
Dans le même temps, le Sénat dominé par l'opposition de droite, a adopté le 13 juin 2023 en première lecture une proposition de loi sur l'audiovisuel qui prévoit notamment la création d'une holding rassemblant les fleurons du secteur public, à laquelle le gouvernement et la gauche sont opposés. La gauche a également combattu la disposition visant à autoriser les chaînes privées à procéder à une troisième coupure publicitaire lors de la diffusion des films et fictions de plus de deux heures.