A contre-courant du conseiller d'Emmanuel Macron. Ce mercredi, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a accordé un entretien au "Monde", pour évoquer les nouvelles mesures dédiées au secteur de la Culture en cette période de déconfinement. Au cours de l'interview, la membre du gouvernement s'est penchée également sur les différents chantiers de l'audiovisuel français et la récente proposition du conseiller politique d'Emmanuel Macron, Stéphane Séjourné, de décompter le temps de parole des éditorialistes "les plus engagés", particulièrement celui d'Eric Zemmour.
"Il est très difficile de comptabiliser tel ou tel éditorialiste. Le même peut dire du bien du président de la République un jour et du mal le lendemain. Il faudrait un décompte minute par minute", répond Roselyne Bachelot, assurant que c'est "impossible sur le plan technique comme sur celui de la déontologie journalistique". "En France, il n'y a pas de chaînes d'opinion, le CSA veille au respect de la pluralité", souligne-t-elle.
Concernant le cas d'Eric Zemmour, cité en exemple par Stéphane Séjourné, l'ex-ministre de la Santé précise que son temps de parole "sera comptabilisé", "s'il est candidat à la présidence de la République". "Mais je n'ai pas à intervenir. Il y a un organisme de contrôle, qui s'appelle le CSA. Je ne vais pas donner des bons et des mauvais points. On me le reprocherait", poursuit-elle. Et de conclure : "Je suis garante du pluralisme en tant que ministre de la Culture".
Sentant sa chaîne visée par le projet de Stéphane Séjourné, Pascal Praud avait vivement réagi le 3 juin dernier dans "L'heure des pros" sur CNews. "Stéphane Séjourné a ressuscité hier le ministère de l'Information. (...) Il regrette le temps de la censure comme il déplore l'époque du pluralisme. Monsieur Séjourné imagine revoir l'arsenal législatif et réglementaire pour contrôler le contenu éditorial d'une chaîne de télévision", avait déclaré le présentateur, en introduction de sa quotidienne du matin. Et d'indiquer : "Monsieur Séjourné n'aime pas CNews. Ainsi, ravive-t-il l'esprit des grandes purges. Robespierre n'est pas mort. Monsieur Séjourné est son héritier. Il ne parle pas encore de rééducation ou de camps de travail. Mais nul doute que si on poussait un peu monsieur Séjourné dans ses retranchements, il enverrait Eric Zemmour au goulag et votre serviteur en Sibérie".