Premier rappel à l'ordre. Depuis décembre 2017, la chaîne russe RT France est disponible sur les box Free et depuis quelques mois sur celles de l'opérateur Orange. La chaîne qui revendique près de 2 millions de visiteurs uniques mensuels sur son site internet a lancé de nouvelles émissions, notamment des débats sur des questions de société. A l'occasion de la Coupe du monde de football en Russie, la chaîne francophone a d'ailleurs mis en place un dispositif spécifique.
Réuni en séance plénière ce jeudi, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a décidé de mettre en demeure RT France pour des manquements à l'honnêteté, à la rigueur de l'information et à la diversité des points de vue dans le journal télévisé du 13 avril dernier de 11h. Ce JT était essentiellement consacré à la situation en Syrie.
Les Sages ont pris cette décision à la suite "d'une instruction ayant donné lieu à une procédure contradictoire avec RT France". "Au cours de ce journal a été diffusé un sujet intitulé 'Attaques simulées' contestant la réalité des attaques à l'arme chimique dans la région syrienne de la Ghouta orientale et attribuant au groupe 'Jaysh al Islam' l'initiative d'une mise en scène des effets des attaques sur la population", a précisé le CSA. Le gendarme de l'audiovisuel a observé que la traduction orale de témoins syriens ne correspondait en rien à ce qu'ils exprimaient à l'antenne. Enfin, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a jugé que le traitement de la situation en Syrie était déséquilibré, "sans que les différents points de vue aient été exposés".
C'est la première fois que le CSA intervient auprès de cette jeune chaîne. Auparavant, la chaîne RT France semblait principalement craintive face à la future loi anti-"fake news", déposée par les parlementaires et actuellement examinée à l'Assemblée nationale. "Nous allons tout faire pour protéger nos droits (...) Nous attendons d'avoir le texte final précis. Et nous vérifierons qu'il est bien conforme au droit", assurait Xenia Fedorova, la patronne de la chaîne russe, aux "Echos" en avril dernier, avant de lancer : "Mon opinion personnelle est que derrière cette loi, que l'on pourrait qualifier d'anti-RT, il y a une volonté de bafouer la liberté d'expression. Nous-mêmes sommes victimes de désinformation". Elle avait également prévenu qu'une fermeture de RT France "pourrait conduire la Russie à prendre des mesures équivalentes contre des chaînes de télévision françaises et des journalistes français".