C'est un portrait pas banal, signé du journaliste François Grelet, que publie Technikart dans son édition de février. En effet, le magazine branché publie un long portrait de trois pages du réalisateur Fabien Onteniente, à qui on doit de grosses comédies populaires comme "Jet Set", "Disco", "Camping" et, en salles le 13 février, "Turf" avec Alain Chabat, Edouard Baer et Gérard Depardieu.
La filmographie du Monsieur ne coïncide pas vraiment avec les goûts élitistes du service Cinéma du mensuel, qui affiche d'ailleurs son dégoût dès l'introduction de l'article. "'Une merde à la Camping.' 'Une daube à la Onteniente.' Combien de fois on l'a entendu, ça ? Combien de fois on l'a dit, aussi ? Dans des discussions entre collègues, souvent, de la même manière que les journaleux des années 80 devaient dire 'une bouze à la Zidi' pour se faire comprendre en peu de mots. (...) Onteniente, Onteniente, Onteniente. Toujours lui, jamais un autre, dès que l'on cherche à évoquer ce mal, la culture du navet, qui ronge la comédie française depuis, au moins ouh la... (...) Depuis "Camping", sans que l'on sache à 100% pourquoi, même si on le devine, ce gars incarne le Mal de la grande famille du cinema. Forcément, ça méritait un sujet. Au moins une rencontre", écrit ainsi le journaliste.
Cette rencontre a donc bien eu lieu mais loin du schéma classique par lequel passent habituellement les médias, à savoir un rendez-vous arrangé par un attaché de presse. Non, celle-ci s'est déroulée de nuit. Un soir vers 3h du matin... dans une boîte de nuit ! Le journaliste se décrit lui-même "ivre mort" et décide malgré tout d'aborder Onteniente "à la hussarde". Le journaliste ne dissimule pas l'approche qu'il veut donner à son article. "Eh Fabien, on adorerait faire un article sur vous dans Technikart. On n'a jamais aimé vos films, mais là, on a l'impression qu'il y a un truc sur vous, se souvient François Grelet dans son article. (...) On aimerait bien savoir pourquoi vous incarnez le Mal dans le cinéma français."
L'esprit décalé et l'élan de sincérité du journaliste n'ont pas du tout fait rire le réalisateur qui s'en est pris physiquement à lui, ne se gênant pas pour lui donner plusieurs coups au visage : "'Moi le Mal ?' Bing, un bon coup coup de coude entre les gencives. On reste stoïque. Défoncé, dans tous le sens du terme. Fabien se rapproche : "Ah attends, bouge pas je m'excuse, mais je voulais te dire autre chose aussi". Bam !, coup de boule. On dégrise net", écrit le mensuel.
Cette rencontre musclée ne décourage pour autant pas François Grelet de faire un portrait, au contraire ! Le lendemain il appelle sur son protable le réalisateur, forcément un peu confus : "Il ne cherchera pas vraiment à s'excuser pour les bourre-pifs distribués la veille mais il propose d'enterrer l'incident avec une interview en bonne et due forme", écrit l'article. Il recevra le journaliste le lendemain dans les bureaux de la maison de production de Thomas Langmann avec qui il prépare son prochain film "La Night".
Le journaliste avoue avoir rencontré un réalisateur passionné, très impliqué dans la construction de ses films, mais après plusieurs heures d'échange, il n'arrive pas se défaire de "l'image de gros lourd ringard" qui lui colle à la peau. "Ton interview, là, je l'ai acceptée non pas parce que je t'en ai mis une (...) mais juste pour qu'on me lâche avec cette étiquette de 'salopard cynique'", lui a expliqué Fabien Onteniente. "Ca me rend dingue. Ca m'empêche de dormir. Si j'étais ce mec-là, le cynique obsédé par le fric dont tu me parles là, je t'aurais pas mis un coup de tronche l'autre soir, je t'aurais ri au nez."