Sanction salée pour TF1. Selon une information de l'AFP, le conseil des prud'hommes de Boulogne-Billancourt a condamné la filiale du groupe Bouygues à verser près de 700.000 euros à un ancien journaliste, Bruce Frankel, pour "licenciement sans cause réelle et sérieuse, travail dissimulé et discrimination", a indiqué hier son avocat, Maître Vincent Toledano. TF1 va faire appel de cette décision, a précisé le groupe à l'AFP.
Bruce Frankel travaillait depuis 1981 pour la Une, dans différents bureaux à l'étranger, de New York à Hong Kong, en passant par Jérusalem et Washington. Il avait notamment été pris en otage avec une quarantaine de journalistes en 1991 alors qu'il couvrait la première guerre du Golfe.
Après près de quarante années de collaboration, TF1 avait mis fin à son contrat en 2017, dans un contexte de fermeture de plusieurs bureaux à l'étranger, "en considérant qu'il n'était pas salarié mais recruté localement selon le droit américain, malgré 37 ans d'ancienneté au service de la rédaction", selon son avocat. Le journaliste avait saisi le conseil des prud'hommes en demandant la reconnaissance de son statut de salarié depuis 1981 et la condamnation de son employeur pour licenciement abusif, travail dissimulé et discrimination. Lors de l'audience fin octobre, il avait réclamé plus d'1,5 million d'euros à TF1.
Dans un jugement du 14 mai, les juges ont estimé que la loi française s'appliquait à son contrat de travail et l'ont requalifié en CDI depuis 1981. TF1 est ainsi condamné à verser 450.000 euros au titre de dédommagement pour discrimination et préjudice moral, ainsi que 250.000 euros au titre du licenciement sans cause réelle et sérieuse. "L'importance du montant de la réparation allouée est à la mesure de la formidable injustice du traitement réservé au reporter qui aura consacré toute sa carrière de journaliste à la première chaîne, parfois même au péril de sa vie", a commenté Maître Toledano.