"Quotidien", "Le grand journal", "Mots croisés", "The Voice", le "Téléthon", "Mask Singer", le débat d'entre-deux-tours de la présidentielle, autant d'émissions apparemment sans lien qui ont une chose en commun : Tristan Carné. Inconnu du grand public, ce réalisateur de 49 ans est devenu en trente ans de carrière un des hommes de l'ombre les plus incontournables du paysage audiovisuel français. Alors qu'il réalisera mardi 4 février la deuxième édition du "Grand Oral"* de France 2, puremedias.com l'a rencontré pour qu'il nous raconte son métier méconnu, aussi discret qu'indispensable à la télévision.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
puremedias.com : Vous vous apprêtez à réaliser la deuxième édition du "Grand Oral". Qu'est-ce que ce programme a de spécial pour le vieux routard de la réalisation que vous êtes ?
Tristan Carné : Sa spécificité, c'est que nous filmons pendant deux heures de la parole. C'est une émission très particulière qui veut montrer que l'éloquence est un formidable atout dans la vie. Elle a de particulier qu'on filme des personnes qui viennent délivrer un message dans un temps très court. Il faut donc montrer la tension qu'il y a chez elles, mais aussi la capacité d'écoute du jury et du public.
Votre expérience des débats politiques vous sert-elle pour cette émission ?
Oui, celle des talk-shows en général plutôt, du "Grand journal" à "Mots croisés", en passant par les débats des primaires ou de l'entre-deux-tours que j'ai pu réaliser. Filmer un débat, c'est restituer toutes ces tensions, ces mimiques, ces petits gestes, avec l'obligation d'être dans le même temps le plus impartial possible.
"En direct, le libre arbitre du réalisateur s'exprime à 100%"
Cette deuxième édition du "Grand Oral" sera tournée en plateau et non pas au Cirque d'hiver comme la dernière fois. Est-ce un confort supplémentaire pour le réalisateur ?
Le Cirque d'hiver était un décor en soi. Nous voulions garder cette année la notion d'arène, avec un candidat au centre de celle-ci. Mais nous avons aussi voulu rendre l'atmosphère plus chaleureuse. Le Cirque d'hiver, c'est très beau mais c'est très grand. Là, nous avons pu recréer quelque chose de plus intime.
Parlons de votre métier de réalisateur en lui-même. Comment le définiriez-vous ?
Pour moi, c'est avant tout la mise en images de ce qu'il se passe en plateau. C'est pour moi le premier travail du réalisateur : accompagner le producteur dans la manière de faire exister l'émission dans l'espace. C'est un travail qui se fait très en amont, avec les producteurs, les décorateurs et les équipes éditoriales. Si on veut un talk show par exemple, on ne va pas mettre les protagonistes trop loin les uns des autres. Beaucoup d'autres questions se posent. Met-on du public ou pas ? Où le place-t-on ? Est-il à vue ou pas ? Assoit-on les gens ou pas autour de la table ? Ensuite, le métier de réalisateur consiste aussi selon moi à essayer de montrer à l'écran ce que le téléspectateur voudrait voir s'il était en plateau. Sur quoi ses yeux se poseraient-ils s'il était en plateau ? Par exemple dans "The Voice", est-ce que ses yeux resteraient sur le candidat ou lanceraient-ils de temps en temps un regard aux coachs pour voir s'ils sont émus ? Je pense qu'ils feraient les deux. Je montre donc les deux quand je réalise cette émission.
Et pour lui donner à voir tout cela, vous devez jongler en temps réel avec de très nombreux éléments...
Oui, on doit jongler avec beaucoup d'éléments. Nous avons d'abord ce que nous avons préparé en amont, comme mise en scène. Pour "The Voice", ce sera par exemple l'arrivée du candidat, la bascule-lumière et le silence du public juste avant qu'il ne commence sa chanson. Et puis, il y a ce que nous n'avons pas préparé : les yeux écarquillés d'un coach quand il entend la première note ou, à l'inverse, ses yeux qui se plissent parce qu'il ne comprend pas ce qu'il entend. Autre exemple, sur "Quotidien", doit-on rester sur la caméra montrant Yann Barthès en gros plan quand il pose une question ou, à l'inverse, si la question est suffisamment percutante, doit-on basculer sur le visage de l'invité en train d'encaisser la question de l'animateur. En direct ou dans les conditions du direct, le libre arbitre du réalisateur s'exprime à 100%.
"Le réalisateur est un peu comme un chef d'orchestre"
Combien de temps de préparation en moyenne demande une émission pour un réalisateur télé ?
C'est très variable. Ce sont souvent beaucoup de réunions en amont avec la production et la chaîne. Pendant les répétitions, on ajuste la mise en place. Une fois que l'émission démarre, le réalisateur est un peu comme un chef d'orchestre. Chaque instrument de l'orchestre est indispensable, et l'orchestre entier doit suivre la même personne pour jouer ensemble. Tous les tops de la scénographie sont donnés en direct par le réalisateur qui est bien évidemment épaulé pour tout le reste. C'est avant tout un travail d'équipe.
Avez-vous chacun vos spécialités en tant que réalisateur ?
Oui, beaucoup de réalisateurs de télé sont spécialisés. Certains ne font que du jeu, d'autres que du talk. Et au milieu de tout cela, il y en a quelques uns qui font un peu de tout. C'est le cas de Jérôme Revon, Didier Froehly, de moi et de quelques autres. Mais nous ne sommes pas très nombreux.
Combien y'a-t-il de réalisateurs sur la place de Paris ? On a l'impression que ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent...
Il y en a pas mal. Après, c'est vrai que pour les grosses émissions, nous ne sommes pas très nombreux, une demi douzaine je dirais.
Y'a-t-il des femmes qui réalisent ? On a l'impression que ce sont principalement des hommes...
C'est vrai qu'il y en a très peu. Il y a quelques femmes réalisatrices, mais beaucoup moins que d'hommes. Je ne sais pas pourquoi.
Bon gré mal gré, vous devenez un peu des marques pour les chaînes et les prods non ?
Non, je ne pense pas. Disons qu'avec l'expérience, nous avons une relation particulière avec pas mal d'artistes qui sont rassurés par notre présence. Aujourd'hui, le temps de répétition se raccourcit du fait de la baisse des budgets des émissions. Là où un prime se répétait sur deux voire trois jours, cela se fait désormais en une journée. Les artistes sont donc souvent rassurés de travailler avec des réalisateurs qu'ils connaissent déjà. Les producteurs vont donc choisir en priorité ces réalisateurs-là.
"Le réalisateur est un peu comme un entonnoir"
Rassurer, c'est une des missions du réalisateur sur un plateau de télévision ?
En tout cas, c'est de ne pas paniquer (rires). Un des aspects de notre travail est effectivement de savoir emmener les équipes de production et l'animateur dans une même direction. Pour cela, il faut en effet savoir rassurer, mais aussi avoir des idées, savoir s'adapter à des contraintes financières, de décor, de temps. Le réalisateur est un peu comme le bout d'un entonnoir. Il est le point de rencontre de nombreuses problématiques et doit réussir à ressortir quelque chose de droit de l'autre côté. Il faut savoir mettre à l'abri les équipes techniques de ces problématiques-là, afin qu'elles n'aient qu'à se concentrer sur ce qu'elles doivent faire.
Vous travaillez avec votre équipe à chaque fois ou vous greffez-vous à celle des productions qui vous embauchent ?
J'ai mes équipes de cadreurs, mes directeurs photos. C'est aussi pour cela que nous allons très vite sur les projets qu'on nous propose : nous avons l'habitude de travailler ensemble et nos automatismes nous permettent de gagner du temps.
Savez-vous combien d'émissions vous allez réaliser en 2020 ?
A peu près, même si je ne pourrais pas vous donner un chiffre exact. Je travaille souvent sur des primes qui sont des collections et dont le nombre de numéros est connu à l'avance : "Danse avec les stars", "Mask Singer", "The Voice", "La chanson secrète". Je rajoute à cela le nombre de "Quotidien" que je fais chaque mois, soit à peu près entre trois et cinq. Il faudrait aussi rajouter les émissions imprévues, les one shot comme des concerts par exemple. Tout cela fait un volume de plusieurs dizaines d'émissions. J'ai de la chance de travailler autant et surtout de pouvoir travailler sur des projets aussi variés.
Qu'est-ce qui peut arriver de pire à un réalisateur lors d'un tournage ?
On redoute toujours la panne technique. Et ça arrive ! Ca m'est arrivé par exemple que la caméra gros plan de l'animateur tombe en rade au moment du générique de début. C'est là où il faut avoir une bonne capacité d'adaptation (rires).
On dit que vous êtes capable d'envoyer des SMS pendant que vous réalisez une émission. C'est donc que vous avez un peu de marge...
C'est Michel Denisot qui a dit cela une fois je crois. Je ne le fais pas tout le temps en réalité. Cela a été un petit jeu avec Michel pendant que je réalisais "Danse avec les stars". Mais je dois vous faire un petit aveu : je le faisais pendant les magnétos. En direct, ce n'est pas possible car les dix doigts sont occupés à "commuter" (changer, ndlr) les caméras.
"Il y avait une tension folle lors du débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron"
Comme les batteurs ou les organistes, un réalisateur doit savoir dissocier non ?
Oui, il faut dissocier. Pour moi, le secret d'une bonne réalisation, c'est de très bien écouter ce qu'il se passe, et pas seulement de regarder. L'écoute est aussi importante que le regard. Il faut être capable de faire des liens un peu techniques dans sa tête. Par exemple, lors d'un débat politique, s'il y a sept personnes présentes en plateau, que l'un parle par exemple de la vieillesse, et qu'une demi-heure plus tard, un autre parle des retraites, je vais mécaniquement faire un plan d'écoute sur celui qui avait parlé de la vieillesse quelques minutes auparavant parce que je vais faire un lien entre les deux propos. Je serai sans doute incapable de vous dire ce qu'il a dit précisément mais je me rappellerai qu'il en a parlé. C'est important d'être dans une écoute très précise. Et c'est important pour tous les types d'émissions. L'écoute, c'est ce qui guide l'image, qu'il s'agisse de talk-shows, de musique ou d'autres genres de programmes.
Parlez-nous un peu de ce fameux débat de l'entre-deux-tours entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, le 3 mai 2017. Comment l'avez-vous vécu à titre personnel dans le car régie ?
Il était particulier parce qu'il y avait une tension folle. Il s'agit d'un des plus grands rendez-vous de la télévision en termes d'audience comme d'enjeu politique. Il y a d'ailleurs un tel enjeu pour ce genre de rendez-vous que nous doublons tous les moyens techniques. Toutes les caméras, les projeteurs, les rétro-projecteurs sont doublés. Il y a même un deuxième car régie au cas où le premier tomberait en panne. Pour ce genre d'émissions, on ne pourrait pas admettre qu'un candidat soit moins éclairé que l'autre parce qu'un projecteur est tombé en panne. Le directeur photo double donc tout le dispositif avec un circuit électrique différent.
A un moment dans ce débat, Marine Le Pen a longuement fouillé dans ses notes. Comment décide-t-on de montrer ou pas cette situation qui peut avoir un impact sur sa perception par les téléspectateurs ?
A partir du moment où elle parle, elle est filmée et elle le sait. Si elle n'avait pas voulu être filmée, stratégiquement, elle se serait tue. Telles étaient les conditions écrites dans la convention de réalisation signée par les deux parties avant le débat, sous l'égide du CSA.
"J'ai essayé de ne pas montrer la boule de salive d'Alain Juppé"
Dans la régie, vous étiez "surveillé" par un réalisateur-conseil de chaque candidat n'est-ce pas ?
Oui, un représentant de chaque candidat était présent dans le car. Chacun avait la possibilité de me dire de lever le pied sur les plans d'écoute (plan montrant le candidat qui n'a pas la parole, ndlr). Et quand on me l'a dit, je me suis exécuté, comme cela avait été prévu par la charte de réalisation.
Pourquoi réaliser des émissions politiques alors que cela a l'air d'être deux fois plus d'ennuis que les autres émissions ?
Parce que ce sont les points d'orgue de moments démocratiques important, et que je trouve que dans ces moments-là, la télévision joue pleinement son rôle. C'est toujours passionnant d'en faire partie. Et puis j'adore dans mon métier passer d'un exercice à l'autre. Je trouve ça fantastique de passer de "Danse avec les stars" - une émission dingue à filmer - à un débat politique à fort enjeu.
Lors du débat des primaires entre Alain Juppé et François Fillon, Alain Juppé est apparu avec de la salive sur la lèvre pendant de longues minutes. Comment gère-t-on ce genre d'incidents d'antenne quand on est réalisateur ?
Oui, je m'en rappelle très bien... Typiquement, voilà un cas de figure où la capacité à s'adapter est très importante. Ce soir-là, Alain Juppé a la bouche sèche et une petite boule de salive se place sur sa lèvre et y reste. Au début, j'ai essayé de ne pas la montrer. Tout cela tombait relativement bien parce qu'à ce moment-là, c'était François Fillon qui parlait. J'ai donc dit à un des journalistes en plateau (David Pujadas, Alexandra Bensaïd et Gilles Bouleau, ndlr) de faire un petit signe discret à Alain Juppé pour qu'il s'essuie la bouche. Sauf qu'Alain Juppé ne regardait pas les journalistes à ce moment-là, mais François Fillon. François Fillon, lui, a vu que les journalistes regardaient vers Alain Juppé et ne comprenait pas pourquoi ils ne le regardaient plus. J'ai donc dit au journaliste d'arrêter de faire signe à Juppé parce que cela déconcentrait François Fillon. J'ai espéré que l'accident se répare de lui-même. Malheureusement, cela n'a fait que prendre de l'ampleur... Tout cela se passe à la fois très rapidement et très lentement. Ca prend une minute à l'antenne, mais ça paraît des heures en régie (rires). A un moment donné, j'ai bien été obligé de montrer l'incident à l'antenne. Cela fait partie du débat au fond. Il ne fallait pas que j'insiste dessus mais je ne pouvais pas le cacher totalement non plus. Les gens l'ont vu et cela fait désormais partie de l'histoire de ce débat-là.
Lors de la soirée des Européennes sur TF1, votre collègue Etienne Toussaint a dû faire face à une salve d'insultes échangée entre Gilbert Collard et Daniel Cohn-Bendit. Que peut faire un réalisateur dans ce genre de cas extrêmes ?
On essaye de montrer la prise de becs tout en étant très vigilant au son car cela peut très vite devenir une cacophonie. Evidemment, les premiers qui doivent essayer de calmer le jeu, ce sont les journalistes en plateau. Le son est alors plus important que l'image. Moi, à l'image, je peux passer des plans à deux ou mettre les protagonistes en double fenêtrage, ce qui me permet d'être irréprochable en matière d'impartialité. C'est ce que j'ai fait par exemple lors des passes d'armes du débat d'entre-deux-tours.
"Un animateur voit tout sur un plateau : Nagui"
Vous avez travaillé avec quasiment tous les plus grands animateurs : Stéphane Bern, Thierry Ardisson, Laurent Ruquier, Nagui, Michel Drucker, Yves Calvi, Jean-Luc Delarue... Quel est le plus pointilleux en matière de réalisation ?
Il y en a un qui voit tout, c'est Nagui. Il est vraiment très fort techniquement. Il voit le moindre petit truc. Et puis on se connaît depuis tellement longtemps que même à l'antenne, il peut me montrer, avec seulement un petit regard, qu'il a vu quelque chose.
Y'a-t-il des "identités de réalisation" propre à chaque animateur ?
Disons que je m'adapte à ce qu'ils sont. Nagui par exemple, fait beaucoup de regards caméra. Il adore cela. Son animation passe évidemment par les mots mais aussi par les expressions visuelles, les mimiques face caméra. Par exemple, sur un jeu comme "Tout le monde veut prendre sa place" que je réalise parfois, je sais par expérience que quand un candidat est un peu confus dans sa réponse, Nagui va regarder sa caméra gros plan. C'est un truc de connaissance de l'animateur.
Ca paye bien d'être réalisateur télé ?
Franchement, cela fait partie des métiers qui sont bien payés à la télévision. Mais beaucoup moins qu'avant, qu'il y a 20 ans par exemple, car les budgets globaux des émissions ont baissé. Les conditions de travail aujourd'hui sont aussi moins confortables qu'avant. Nous avons moins de temps de répétition et l'investissement du réalisateur est donc souvent beaucoup plus fort qu'avant.
Qu'est-ce qui rapporte le plus, un "The Voice" en direct ou un talk quotidien enregistré ?
Cela dépend de la complexité de l'émission, de ce qu'elle a demandé de temps de préparation notamment.
Existe-t-il un "cartel des réalisateurs" qui se mettrait d'accord sur les tarifs pratiqués, comme l'ont affirmé certains producteurs par le passé ?
Non, cela a peut-être été vrai à une époque où les réalisateurs étaient des énormes stars, très peu nombreux, et où seulement six chaînes existaient. Mais plus maintenant, c'est un fantasme. Il y a beaucoup plus de chaînes et beaucoup plus de programmes qu'avant. Ca ne pourrait plus tenir au vu du nombre d'acteurs aujourd'hui. Un producteur ou une chaîne n'aurait aucun problème à faire appel à un autre réalisateur.
"Dans ce métier, si on ne se réinvente pas, on meurt"
Pourquoi TF1 ne déciderait pas un jour d'embaucher un réalisateur comme vous pour toutes ses émissions ?
Ce n'est pas le genre de métier pour lequel il faut être employé par une seule et même chaîne. Le fait de travailler pour des chaînes différentes permet de rester éveillé et de se poser les bonnes questions. On ne peut jamais se reposer sur ses acquis en matière de réalisation. Sur "The Voice" par exemple, on s'est posé plein de question avec Pascal Guix et Matthieu Grelier, les producteurs, et la chaîne, pour réinventer le programme cette saison. Il faut aussi parfois arrêter de travailler pour regarder ce qui se fait à l'étranger. Dans ce métier, si on ne se réinvente pas, on meurt.
Quel regard jetez-vous sur la réalisation parfois épileptique des vidéos Youtube ?
Moi, je suis assez partisan des plans qui durent. Je ne suis pas pour "commuter" rapidement. La consommation du net est très différente de la télé. A la télé, on s'assoie pour regarder un programme qui va durer un certain temps. Si c'était épileptique, ça ne serait plus regardable. Sur le net, la consommation est courte et rapide, et tolère une réalisation plus séquencée. Pour moi, ce sont deux mondes différents.
La réalisation télé pourrait-elle un jour être robotisée ?
Je ne crois pas. Il y a des programmes à l'étranger qui sont fait par ce qu'on appelle un "auto-pilot". Les changements de caméras successifs sont entrés dans un ordinateur. C'est le cas pour l'Eurovision par exemple. Le réalisateur est là, il place ses caméras, décide avec l'artiste à quel moment il va changer, mais ça se fait ensuite automatiquement. Le résultat peut être propre mais manque d'émotion. Quand on filme des artistes sur des grosses émissions de variétés, il faut selon moi pouvoir m'adapter. Par exemple, quand Angèle a chanté aux NRJ Music Awards, nous avions initialement prévu un plan large dans l'axe. Mais lors du live, elle avait tellement un beau regard vers le haut à gauche de la salle, que j'ai privilégié un gros plan sur elle. Ce gros plan était mille fois plus beau que celui initialement prévu... Sur les talk-shows, je vois encore plus difficilement comment un robot pourrait commuter au bon moment, à part en suivant la voix. Mais du coup, adieu les plans d'écoute sur un politique qui reçoit silencieusement une question dure à encaisser. Or, c'est ce que veulent aussi voir les téléspectateurs. Je ne crois donc pas trop à une disparition du métier de réalisateur au profit de robots.
* Une émission produite par Elephant, société appartenant à Webedia, société éditrice de puremedias.com, et dont puremedias est partenaire