Voilà une décision qui pourrait faire jurisprudence concernant les réseaux sociaux. L'entreprise américaine PhoneDog a en effet décidé de poursuivre en justice un ex-salarié pour avoir conservé le compte Twitter qu'il utilisait à des fins professionnelles, après qu'il ait quitté son travail. Son ancien employeur lui reproche ainsi d'avoir volé une base de données clientèles et réclame à ce titre 340 000 dollars (environ 260.000 euros) de dommages et intérêts, à raison de 2,50 dollars par "follower" et par mois.
L'ancien salarié de PhoneDog Noah Kravitz - un blogueur professionnel - quitte l'entreprise en octobre 2010 alors que son compte professionnel "@Phonedog_Noah" compte 17.000 "followers" sur Twitter. Lorsqu'il démissionne, il change le nom de son profil pour "@noahkravitz" et sa direction l'autorise à conserver ce compte sur le site de micro-blogging. Cependant, elle change d'avis quelques temps plus tard, et l'accuse de vol de coordonnées professionnelles : "les coûts et les ressources investies afin d'accroître le nombre d'abonnés [du compte "@Phonedog_Noah"] (...) sont importants et considérés comme des propriétés de PhoneDog Media" précise ainsi l'entreprise américaine. Noah Kravitz est par ailleurs accusé d'avoir fait profiter la concurrence de ses contacts.
Cette affaire constitue ainsi une première en termes juridique : qui de l'entreprise ou du salarié est propriétaire des "followers" d'un compte Twitter ? "Cela établira un précédent en statuant sur la propriété d'un compte sur un réseau social" explique ainsi l'avocat new-yorkais Henry J. Cittone au New York Times. En attendant le verdict de cette bataille judiciaire que se livre PhoneDog et son ancien employé, il est donc certain que ce cas fera jurisprudence.