"La Faute", mini-série que M6 lancera ce soir en prime time, réunit pour la première fois à l'écran Valérie Karsenti ("Scènes de ménages" sur M6) et Natacha Lindinger ("Sam" sur TF1). Les deux femmes jouent deux mères de famille aux caractères diamétralement opposés, dont l'amitié va être mise à rude épreuve par la disparition de Lucie, la fille du personnage de Natacha Lindinger (Claire), disparition pour laquelle Valérie Karsenti, alias Lisa, a sa part de responsabilité. puremedias.com a pu interroger les deux actrices sur cette nouvelle fiction.
Propos recueillis par Christophe Gazzano.
puremedias.com : Qu'est-ce-qui vous a convaincu dans vos rôles respectifs ?
Valérie Karsenti : Sydney Gallonde (le producteur, ndlr) m'a proposé ce rôle alors que la série "Jusqu'au dernier" venait d'être diffusée sur France 3. J'ai trouvé cela très intéressant car Lisa est une femme qui se déprécie, qui a un regard dur, comme beaucoup d'entre nous. Elle a ce vrai complexe d'infériorité qui l'amène à cette culpabilité démesurée. Et elle a cette amitié et cette admiration pour cette femme jouée par Natacha (Lindinger, ndlr) qui la renvoie à l'image négative qu'elle a d'elle-même. Cette idée de perfection, de réussite absolue est impossible, ingérable. Je m'inclus dans ce phénomène. Dès qu'il y a un problème au sein d'une famille, la plupart du temps, la responsabilité en revient à la femme... C'est effrayant et c'est un aspect qui m'intéressait dans la fiction.
"Cette 'faute' va à plein de gens dans ce film"
Natacha Lindinger : Mon personnage incarne la mère de famille parfaite, très amie avec l'héroïne, Lisa, incarnée par Valérie Karsenti. Ma fille doit dormir chez mon amie, mais ne se rend pas au lycée le lendemain. Lisa oublie de me prévenir, le temps passe et ma fille a disparu, d'où ce titre "La Faute". Je pense que cette "faute" va à plein de gens dans cette série, une faute qu'on pourrait qualifier de faux pas successifs.
Natacha, ce n'était pas votre première collaboration avec le réalisateur Nils Tavernier, loin de là...
Natacha Lindinger : C'est lui qui m'a proposé le rôle. J'ai été ravie de le retrouver professionnellement parce que cela faisait des années que je ne l'avais pas vu. La dernière fois, c'était il y a 20 ans et nous étions comédiens tous les deux. C'était pour "La Parenthèse", un film de Jean-Louis Benoit dans lequel jouait également François Berléand. J'ai retravaillé avec Nils sur le film "L'incroyable histoire du facteur cheval", qui sortira au cinéma au mois de janvier.
On peut donc dire que vous êtes la preuve qu'une actrice peut désormais passer sans problème de la télévision au cinéma et vice-versa ?
Natacha Lindinger : C'est un phénomène visible depuis quelques années déjà. Il y a beaucoup d'acteurs de cinéma qui sont passés à la télévision. C'est venu petit à petit. A l'époque où Jean Dujardin et Alexandra Lamy sont passés au cinéma après "Un gars, une fille", cela a été un vrai basculement.
Peut-on dire du personnage de Lisa qu'elle mène l'enquête tout au long de la fiction ?
Valérie Karsenti : Non, pour moi, c'est une femme qui essaie de réparer sa faute, quitte à faire tout et n'importe quoi. Il se trouve que les flics ne sont pas brillants dans la série. Lisa est rongée par la culpabilité mais ce qu'elle traverse lui permet de découvrir que ce qui la faisait fantasmer n'est pas la réalité. Elle va donc finir par regagner un peu de force et d'estime d'elle-même.
Un des reproches qu'on peut faire à cette mini-série est sa propension à abuser des rebondissements pour tenir en haleine le téléspectateur. Partagez-vous ce sentiment ?
Natacha Lindinger : Je n'ai pas vu les quatre épisodes, donc je ne peux pas répondre sur le fond et je ne peux donc pas dire si j'ai trouvé ça pénible ou pas. Mais de manière générale, quand on veut étirer une histoire, à un moment donné, il y a des défauts et des qualités.
"Je pourrais arrêter 'Scènes de ménages' demain"
Valérie, pour le grand public, vous restez Liliane de "Scènes de ménages". Cela vous ennuie-t-il ?
Valérie Karsenti : Non, j'adore. "Scènes de ménages" m'a apporté énormément. Mon personnage est totalement dingue, totalement libre, il n'y a pas de limites, d'ailleurs l'écriture le prouve saison après saison. J'ai un partenaire (Frédéric Bouraly, ndlr) qui est devenu un ami. J'adore ce qu'on écrit pour mon personnage. Il y a des plus et des moins, avec forcément des sketchs que je trouve moins drôles que d'autres. C'est un succès incroyable mais j'évite de trop y penser. Je ne suis pas encore à l'heure du bilan, je regarde devant moi et ce dont j'ai envie. "Scènes de ménages", je pourrais l'arrêter demain, dans le sens où la popularité continuerait avec les rediffusions. Si je reste, c'est parce que je m'amuse toujours et que c'est ma liberté à moi, ma folie à moi. Mais quand je fais un thriller ou une pièce de théâtre sur une histoire d'amour foutue comme je l'ai fait cet hiver, j'ai l'impression de continuer à faire mon métier de la même manière. "Scènes de ménages" me donne la liberté de faire ce que je veux à côté, c'est un luxe, d'autant que je ne ressens pas le besoin de prouver quoi que ce soit.
C'est grâce à "La Faute" que vous avez découvert Paul Lefèvre, l'interprète de Manu, votre fils de fiction dans "Scènes de ménages"...
Valérie Karsenti : Je ne le connaissais pas. J'ai découvert son film, "A Love You", qu'il a écrit, auto-produit et réalisé. Même si on n'a pas tourné beaucoup de scènes ensemble, son personnage de flic totalement foireux dans "La Faute" m'a fait marrer. Après le tournage, lors du séminaire d'écriture annuel de "Scènes de ménages", les auteurs ont dit qu'ils voulaient voir le personnage de Manu, censé rester en Chine, apparaître à l'écran. J'ai dit que j'avais un mec génial à proposer. Il a passé les essais, mais il avait tout pour faire le fils de Liliane et José. Il est très drôle. Ce n'est pas un acteur qui est dans la performance. Il est fragile, il doute. Ce sont les acteurs que je préfère en comédie. Il va revenir lors d'un prime qu'on va tourner prochainement.
Natacha, vous venez d'achever le tournage de la saison 3 de "Sam" pour TF1. Que pouvez-vous nous dire sur cette nouvelle saison ?
Natacha Lindinger : Nous avons tourné pendant quatre mois et demi. Il y a deux épisodes de plus cette saison (8 contre 6) donc le tournage a été très long (rires). Il y a beaucoup de texte, cela demande beaucoup d'investissement donc heureusement que je m'amuse ! Il y aura toujours des cas scolaires à chaque épisode. Mon personnage va avoir un cancer du sein et sera toujours pris dans ses astres amoureux.