"Tristes coulisses d'un voyage officiel en Ukraine". Le Syndicat national des journalistes (SNJ) de France Télévisions s'émeut dans un tract, publié ce lundi sur les réseaux sociaux, qu'aucun journaliste de la rédaction nationale du groupe public n'ait été invité à suivre Emmanuel Macron dans le train ayant mené le chef de l'État en Ukraine, jeudi 16 juin.
"Pas d'interview d'Emmanuel Macron à l'aller dans le train, ni au retour", déplore le SNJ, qui s'étonne, en parallèle, de la présence aux côtés du président de la République de "TF1, BFMTV et... 'C à vous'".
Le programme d'Anne-Élisabeth Lemoine, diffusé sur France 5, a eu en effet un accès privilégié au déplacement du chef français des armées alors que l'on "ne peut (le) qualifier d'émission d'information", fait valoir le SNJ, soulignant aussi que sa production est assurée en "externe". "L'Élysée avait donc choisi sciemment en refusant un représentant de la rédaction nationale de France Télévisions", affirme le SNJ.
"Un affront, une insulte doublée d'une désorganisation au plus haut niveau", poursuit le SNJ, qui tire à boulets rouges sur une direction "plus que défaillante dans cette affaire". "Quel fiasco ! Quel échec pour la direction de l'information et toute notre hiérarchie qui se sont ainsi retrouvées le bec dans l'eau (...) Ce scoop, donné à un journaliste de 'C à vous' (Mohamed Bouhafsi, ndlr) était arrivé jusqu'aux oreilles de la direction de l'information, la veille du déplacement en Ukraine". A-t-elle "validé sans broncher ?", s'interroge le SNJ.
Le Syndicat se désole ainsi de la couverture éditoriale de ce déplacement sur les antennes du groupe : "Le jour venu, rien sur nos antennes, pas de duplex au plus près du président de la République, pas d'interview d'Emmanuel Macron en privatif. Rien de tout cela, pendant que les chaînes privées qui étaient du voyage faisaient leur travail", s'indigne-t-il, TF1 ayant notamment diffusé une interview du président le 16 juin dans son "20 Heures".
Le SNJ regrette par ailleurs dans son texte que les antennes de France Télévisions n'aient pu diffuser "qu'un extrait" de l'interview de Mohamed Bouhafsi, "le lendemain", "avant la diffusion de l'ensemble sur France 5. 36 heures après !". "Seule consolation", estime-t-il, une envoyée spéciale présente à Kiev a donné l'illusion que nous étions sur le coup".
S'émouvant de l'annonce par le gouvernement de la suppression à venir de la redevance audiovisuelle dès 2022, le SNJ s'interroge dans son tract : "Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il préféré 'C à vous', l'une des émissions produites par Mediawan pour France 5 ?". Avant de pointer dans la foulée "la proximité avec le pouvoir en place du patron (de Mediawan, Pierre-Antoine Capton, ndlr)". Celle-ci est-elle "entrée en ligne de compte pour que ce choix soit fait au détriment de notre rédaction ?", se demande encore le syndicat, qui fustige en conclusion "une nouvelle attaque en règle contre la rédaction nationale".
Contactée par puremedias.com, la direction de l'information de France Télévisions ne souhaite pas apporter de commentaires.