Première fronde. Clairement énoncée dans le projet présidentiel d'Emmanuel Macron, la suppression dès 2022 de la contribution à l'audiovisuel public, d'un montant de 138 euros en métropole et de 88 euros en outre-mer, est fortement combattue par les syndicats de France Télévisions. Emmenés par la CGT, la CFDT, FO et le SNJ, ces derniers ont appelé, hier, les salariés du groupe audiovisuel public à faire grève et manifester, le 28 juin à Paris, contre le projet du gouvernement.
"Supprimer la redevance au nom du pouvoir d'achat menace l'existence de l'audiovisuel public", écrivent, dans un communiqué commun, les quatre syndicats de France Télévisions, selon qui "plusieurs hypothèses", comme la "privatisation de France 2" ou la "fusion France 3 / France Bleu" sont "déjà sur la table". Jusqu'ici, privatiser l'une des chaînes du service public n'a jamais été une piste avancée publiquement par la majorité présidentielle.
Les syndicats ajoutent que la suppression de la redevance, principale source de financement de France Télévisions, Radio France, Arte, France Médias Monde (France 24 et RFI), TV5 Monde et l'Institut national de l'audiovisuel (Ina), équivaudrait, par ailleurs, à "précariser et paupériser l'audiovisuel public en le basculant sur le budget général de l'État donc aux arbitrages et aux pressions politiques incessantes". "On a bien vu ce qu'il en fut avec la suppression de la publicité jamais réellement compensée", fustigent-ils.
À la place, les syndicats plaident notamment pour "la mise en place d'une taxe universelle affectée à l'audiovisuel public inspirée du modèle allemand et dont le rendement serait au moins équivalent au montant actuel de la redevance, compensation d'exonérations incluses". En 2020, la redevance avait rapporté 3,8 milliards d'euros à l'audiovisuel public. Ils revendiquent aussi "des orientations stratégiques permettant au service public de se développer plus amplement encore sur le numérique avec des contenus dédiés et financés, tout en ayant les moyens de maintenir ses programmes sur le linéaire".
Les Sociétés des journalistes de France Télévisions et de Radio France se sont greffées à cet appel à la grève pour dire à la nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, qu'elles "s'inquiètent vivement de la suppression imminente de la redevance, sans qu'aucun engagement ne soit pris pour garantir un financement pérenne de l'audiovisuel public".
Elles demandent à la locataire de la rue de Valois et à Gabriel Attal, ministre délégué aux Comptes publics, de "bien vouloir (les) recevoir".
Ces derniers mois, l'exécutif a martelé que c'était uniquement l'outil redevance qu'il voulait supprimer, et non le financement lui-même. Juste avant sa réélection, Emmanuel Macron avait émis l'hypothèse de définir un budget sur plusieurs années, afin qu'il "ne donne pas lieu à la régulation budgétaire dans l'année par le gouvernement".