Une semaine avant toutes les émissions de la chaîne, "Le Grand Journal" faisait sa rentrée, lundi soir sur Canal+. Il fallait bien ça pour roder la nouvelle équipe et les pastilles inédites de l'émission. Grande nouveauté, la présence de Daphné Bürki, ex-France 5, ex-Canal+ surtout. Nue en coulisses pour démarrer, le ton est donné : Daphné ne remplace pas Ariane, son rôle sera différent et sa nouvelle position en plateau l'indique. Non plus à droite de Michel Denisot mais côté invités, Bürki a pu prendre par la main Jean-Luc Mélenchon, le premier invité, pour lui poser ses questions sur un ton gentiment naïf. Mais ce nouvel agencement de l'équipe montre déjà ses limites. Daphné Bürki est souvent filmée de profil, la convivialité est de fait coupée avec les autres membres de l'équipe. Reste à savoir si la nouvelle co-animatrice gardera cette place quel que soit l'invité et l'actualité du jour, mais parions qu'elle retrouve très souvent le siège voisin de Jean-Michel Aphatie.
La voix de Bruno Donet, tout le monde la connaissait. Son visage, moins. Désormais en plateau pour présenter son "Petit mot" face à l'invité, on ne voit pas ce que sa présence apporte de plus à la chronique et à l'émission. Surtout quand l'invité ne souhaite pas y réagir. Augustin Trapenard, le nouvel intello dandy du plateau a réussi sa première prestation. A l'aise, souriant, percutant, il nous a déjà fait oublier (et ce n'était pas difficile) Ollivier Pourriol. En très peu de temps, Trapenard résume parfaitement le dernier ouvrage de Laurent Binet, "Rien ne se passe comme prévu". Laurent Binet qui était placé à côté de Jean-Michel Aphatie mais face à Daphné, vous suivez ? Le mélange des chroniqueurs et des invités restera probablement la fausse bonne idée de cette nouvelle formule. Enfin, mention spéciale pour la nouvelle Miss Météo Doria Tillier qui a parfaitement réussi son test d'entrée avec une imitation savoureuse de Monica Belluci. Reste à savoir si elle tiendra la performance sur une saison entière.
Pour cette première, le studio d'à côté de Mouloud Achour tient ses promesses. Ses interventions donnent une respiration pertinente et décalée à l'émission, il gagnera probablement en spontanéité au fil de la saison. En P2 enfin, la co-animation Bürki/Denisot fonctionne. Michel Denisot semble même prendre du plaisir à partager la parole. C'est probablement dans cette partie que Daphné Bürki pourra mieux exprimer le grain de folie qui la caractérise. Quant à la pastille "Sophie & Sophie", adaptée de la série "WorkinGirls", elle est bien partie pour devenir le programme court de l'année. Ce n'est pas gagné en revanche pour "La question de la fin". Malgré une bonne production, la culture web décalée reste difficile à adapter à la télé.
Globalement, la mécanique du "Grand Journal" reste inchangée, les séquences sont courtes et millimétrées. Chaque téléspectateur doit pouvoir prendre le train en marche. C'est aussi ça le secret du succès d'audience de l'émission. Lundi soir, seul invité pendant les trente premières minutes, Jean-Luc Mélenchon a eu un temps de parole record. Espérons que "Le Grand Journal" limite plus régulièrement le nombre de ses invités.