Hier soir à 19h dans "Les Dessous de l'écran" sur RTL, Philippe Robuchon et Benjamin Meffre recevaient Xenia Fedorova, la présidente et directrice éditoriale de Russia Today (RT) France. Alors que la chaîne d'information internationale russe devrait commencer à émettre ce soir en France, Xenia Fedorova a notamment été amenée à s'expliquer sur sa stratégie pour RT France mais aussi sur la méfiance que suscite sa chaîne en France.
La présidente de RT France a tout d'abord précisé que RT serait dans un premier temps uniquement disponible sur internet et sur la box des clients Free. "Nous avons un accord pour une diffusion sur Free. Nous sommes en négociation avec les trois autres opérateurs principaux pour pouvoir, si possible, être diffusés par eux dès janvier ", a-t-elle expliqué sur l'antenne de RTL. Xenia Fedorova a expliqué que le lancement de RT France avait aussi pour but de permettre à son groupe de toucher l'ensemble du monde francophone. "Il y a un public francophone très important. C'est une des raisons pour laquelle nous avons lancé cette chaîne en français et non en allemand", a-t-elle décrypté.
Interrogée sur les nombreuses accusations visant Russia Today, dont celle d'être une chaîne de propagande pro-Poutine financée par le Kremlin, Xenia Federova s'est inscrite en faux. "C'est très cynique de dire ce genre de choses. Que la chaîne ait été financée par l'Etat (russe, ndlr) ne veut pas dire qu'elle est une chaîne de propagande. On pourrait dire à ce prix-là que les chaînes publiques françaises sont de propagande (...) Moi ça fait 12 ans que je travaille chez RT. Je n'ai jamais reçu un coup de fil en 12 ans. Jamais on ne m'a dit de laisser tel ou tel sujet de côté. Les décisions éditoriales sont prises par les journalistes en interne (...)", a-t-elle martelé, précisant que sa chaîne traiterait de la Russie si l'actualité le nécessite.
Alors qu'Emmanuel Macron avait traité en mai dernier Russia Today d'"organe d'influence", Xenia Fedorova a tenu à lui répondre. "Si Emmanuel Macron avait pu étayer par des preuves ce qu'il disait... Mais en vérité, il n'a jamais donné d'explications pour expliquer pourquoi, du jour au lendemain, les journalistes n'ont pas été accrédités auprès de son siège de campagne", a-t-elle déclaré, disant cependant espérer que les relations entre RT et l'Elysée s'amélioreront.
Xenia Fedorova a par ailleurs dénoncé des pressions faites sur les opérateurs télécom français pour ne pas qu'ils distribuent RT en France. Des pressions émanant selon elle des plus hautes autorités françaises. "Je crains que ce soit le cas", a-t-elle ainsi répondu, interrogée sur d'éventuelles pressions élyséennes. "Est-ce que c'était l'Elysée, le quai d'Orsay ? Nous ne savons pas exactement. En revanche, ce qui est certain, c'est que nous avions un contrat avec CanalSat et qu'il a été suspendu. Je ne sais pas s'il y a eu une pression politique. Je préférerais qu'il n'y en ait pas eu", a-t-elle ajouté.
Dans la foulée, Xenia Fedorova a également dénoncé "des pressions" exercées sur les personnalités approchées pour constituer le comité d'éthique de Russia Today France. "Ces derniers mois, j'ai rencontré des gens - neutres et pas pro-russes bien sûr - pour assurer une vraie diversité au sein du comité d'éthique. Ce sont des gens très respectés. Dans un premier temps, ils ont dit oui. Et pour un certain nombre, le lendemain, ils avaient changé d'avis. Un d'entre eux m'a finalement dit qu'entre-temps, il avait parlé avec quelqu'un au Quai d'Orsay qui lui avait dit de ne pas faire ça pour garder de bonnes relations et bien travailler en France. C'est un exemple extrême de la manière dont ils essayent de s'opposer à la diffusion d'opinions différentes. Nous avons reçu beaucoup de pressions aux Etats-Unis, nous espérons ne pas avoir à vivre la même chose en France", a conclu la présidente de RT France sur le sujet.
Et Xenia Fedorova d'adresser un ultime conseil aux médias français : "Essayez d'être plus ouverts d'esprit, moins paranos. Je pense que ce sera vraiment bien pour le public d'avoir différentes perspectives, différents points de vues pour éviter les malentendus."
Ecoutez l'intégralité des "Dessous de l'écran" du dimanche 17 décembre 2017.