Quand la presse régionale dérape, les responsables sont aux abonnés absents... En Une de son édition du 14 août dernier, l'édition catalane du "Petit Journal" se demande "A quoi servent les gitans de Perpignan ?". Un titre ambigü et provocateur qui a visiblement été choisi sans les journalistes de l'hebdomadaire, ni même l'aval de son directeur de publication, comme le rapporte le blog d'un journaliste de France 3 Midi-Pyrénées.
Rapidement sollicités pour se justifier, les journalistes ont fait savoir qu'ils se désolidarisaient totalement de cet appel de Une. Pire, en grève depuis mai dernier, ils dénoncent un numéro "pirate", imprimé depuis Montauban, "sans aucun journaliste salarié". "Nous faisons confiance aux institutions pour que ce torchon soit retiré de la vente au plus vite", assènent-ils à la fin de leur message posté sur Facebook.
Du côté du directeur de publication, interrogé par France 3, le discours est différent. Alain Paga, qui gère les 12 éditions du "Petit journal" (et placé en garde à vue en juin dernier pour recels de fonds publics) a déclaré "ne pas s'occuper des titres de ses journaux", avouant même qu'il ne lisait pas les Unes. "C'est le correspondant sur place qui l'a senti comme ça. Nous sommes un journal dans lequel souffle un air de liberté", fanfaronne t-il avant de préciser que les journalistes de l'édition catalane ne pouvaient pas se déclarer en grève car non salariés. Le responsable de l'édition départementale défend lui cette manchette, juste "un peu de provocation" pour relancer le journal.
L'auteur du dossier assume aussi ce titre, qui fait écho aux émeutes de Perpignan de 2005. "Dès le début de mon article, nous condamnons cette question. Et nous y répondons, en disant que les gitans sont utiles à l'âme de la ville ! Mais pourquoi ne faudrait-il pas poser dans un journal les questions que les gens se posent vraiment ?", affirme t-il au blogueur de France 3, récusant la moindre idéologie raciste ou xénophobe. La communauté gitane, elle, dénonce un "crime". Plusieurs individus ont appelé le correspondant pour se plaindre de cette Une, en kiosques depuis 6 jours.