C'est une tribune au vitriol que viennent de signer dans Libération les personnels journalistes, techniciens et administratifs de la rédaction nationale de France 3. Intitulé "France 3 : l'appel au secours d'une rédaction", ce texte voté à l'unanimité le 26 janvier en assemblée générale revient notamment sur le "crash éditorial" du 7 janvier dernier.
Evoquant "un immense sentiment de honte" après ce raté qui a coûté sa tête au rédacteur en chef du 12/13, les signataires de la tribune remettent plus globalement en cause la couverture par leur chaîne de l'ensemble des évènements récents. Durant les attentats, la rédaction de France 3 aurait ainsi été empêchée de travailler par celle de France 2, à qui tous les moyens auraient été donnés.
"Nous avons vu une chaîne du service public en écraser une autre. France 2 prenait l'antenne en continu, réquisitionnant tous les moyens techniques, désormais mutualisés, entravant ainsi le travail des équipes de France 3 sur le terrain. Et alors que les citoyens se rassemblaient par millions dans toute la France et que toutes nos stations régionales se mobilisaient, leur chaîne continuait à diffuser jeux et séries !", proteste la rédaction nationale de France 3. Et d'accuser : "Nous avons délibérément été empêchés de faire notre métier d'informer".
En cause d'après les auteurs de la tribune, le projet "Info 2015" de fusion des rédactions nationales de France 2 et France 3 porté par le directeur de l'information et patron de France 2, Thierry Thuillier. Selon la rédaction de la Trois, ce projet "signe purement et simplement la mort de la rédaction nationale de France 3". "Une mort par asphyxie qui a commencé il y a quatre ans lorsque le directeur de l'information, Thierry Thuillier, a décidé de confiner l'information sur la Trois à la 'proximité'. Comprendre : le franchouillard, les faits divers et les catastrophes, pour laisser à France 2 l'international, la politique, l'économie", dénonce-t-elle.
Et les auteurs de la tribune d'accuser : "Depuis quatre ans, la rédaction nationale de France 3 subit humiliations, déclassement et déprofessionnalisation, sur fond de révolution numérique gérée de façon calamiteuse. En région, on ferme des éditions locales, les bureaux régionaux sont exsangues... Nous disons assez, stop !". Avant de conclure : "Nous disons oui au partage de certains moyens techniques, dans un souci d'économies, mais nous clamons : non au pillage".