Terrain difficile. Une équipe de France 3 Franche-Comté, en reportage dans le Haut-Doubs, a été agressée physiquement et verbalement, ce mercredi soir, par des éleveurs alors qu'ils couvraient l'action d'associations de défense du loup. Les éleveurs avaient été autorisés à tirer sur le prédateur, responsable dans la région de 21 attaques contre des troupeaux et de la mort de 18 bêtes d'élevage depuis août. Mais des militants écologistes ont déjoué les plans des agriculteurs en arrosant d'eau de Cologne la carcasse de vache qui servait d'appât.
L'ambiance s'est tendue quelques instants plus tard, lorsque les deux parties ont fini par se faire face en présence des journalistes. Une tractopelle était "suivie d'une trentaine d'agriculteurs des environs très remontés", a décrit France 3 sur son site. "La tractopelle a fait plusieurs allers-retours pour déverser plus d'un mètre de fumier et bloquer toute issue pour nos journalistes".
Un militant écologiste, appareil photo à la main, est ensuite alpagué : "Tu veux prendre des photos ? Nous on ne joue plus !", a lancé un éleveur très agressif à son endroit. Le ton de l'un des agriculteurs est encore monté d'un cran face au journaliste reporter d'images : "Filme pas toi, va te faire foutre ! Vous nous faites chier. Fais gaffe à ta gueule !", a-t-il crié.
La violence a pris la suite des insultes. "Coups de poing dans la caméra. Le deuxième journaliste tente de calmer l'agresseur. Il se fait lui même attraper par le col, son micro est arraché et cassé, une mini-caméra subtilisée, son portable piétiné...", relate France 3 sur son site. "Leur cible, c'était la caméra. Un pain pouvait partir à tout moment. J'ai couvert des émeutes en banlieue, je ne pensais pas vivre ça dans le Haut-Doubs", a témoigné un des journalistes. "Si les gendarmes n'étaient pas arrivés, je ne sais pas si je serais là ce matin". puremedias.com vous propose de visionner un extrait de cette séquence.
La direction de France 3 Bourgogne-Franche-Comté a condamné "avec la plus grande fermeté cette agression visant des journalistes dans l'exercice de leur métier" et annonce qu'elle va "porter plainte".
De leur côté, les syndicats SNJ, CGT et Sud de France 3 Franche-Comté a fait de même dans un communiqué commun. Ils déplorent que les journalistes "ont été molestés et bloqués dans un champ, leur matériel de tournage leur a été arraché par plusieurs personnes dont des agriculteurs. L'arrivée de plusieurs véhicules de gendarmerie leur a permis de retrouver leur liberté de mouvement et de récupérer leur matériel en partie endommagé". Les syndicats de conclure : "Nos collègues ont été empêchés de mener leur mission d'information, ont été contraints physiquement et légèrement blessés par des individus extrêmement agressifs. Ils sont aujourd'hui sous le choc".