Une dernière attendue. Les huit épisodes de la saison 6 de "House of Cards" sont disponibles depuis ce vendredi sur Netflix. Une saison particulière à double titre. Tout d'abord, il s'agit de la première sans Kevin Spacey, remercié de la série après avoir été accusé d'agressions sexuels et de harcèlement sexuel. Cette saison est également la dernière de ce qui restera comme la première série originale proposée sur la plateforme américaine. L'ultime épisode de cette saison a notamment été réalisé par Robin Wright en personne, l'actrice interprétant Claire Underwood.
A la lumière du scandale, les scénaristes ont dû complètement revoir l'histoire et se résoudre à réduire le nombre d'épisodes à 8 contre 13 habituellement. Robin Wright est désormais présidente des Etats-Unis et son époux, Frank (Kevin Spacey), qui avait dû démissionner à la fin de la saison précédente, est mort dans de mystérieuses circonstances... L'action débute alors que Claire Underwood est au pouvoir depuis 100 jours.
La nouvelle présidente va avoir maille à partir avec Bill et Annette Shepherd (Greg Kinnear et Diane Lane), un frère et une soeur, riches industriels qui font la pluie et le beau temps dans les médias et qui vont mettre à mal ses envies de réforme. Si les critiques s'étaient montrées partagées, voire sceptiques concernant l'évolution de la production Netflix ces dernières années, cette ultime saison ne permet pas de les réconcilier avec "House of Cards".
Parmi les médias qui ont pu découvrir en avant-première les cinq premiers épisodes, "Le Monde" note que l'intérêt de cette saison 6 s'accroît seulement à la fin du cinquième épisode. Car dans les premiers épisodes, "certes, Claire Underwood est devenue la première femme à diriger les Etats-Unis. Certes, il est plaisant de voir évoluer son entourage, des femmes d'âge moyen brillantes, et souvent malfaisantes, assumant leur pouvoir avec jouissance et magnifiquement interprétées. Mais faute de tabula rasa, le fantôme de Frank Underwood hante cette saison jusqu'à l'ennui", estime le quotidien du soir.
"Le Parisien" est sur la même longueur d'onde : "Le scénario réécrit en urgence ne décolle vraiment qu'à la moitié de la saison. Les premiers volets sont brouillons et introduisent de nouveaux personnages peu passionnants". Le "Huffington Post" observe que si "on retrouve bien quelques moments de malice ou ces manigances qui font le coeur de la série, leur but semble trop flou ou leur exécution trop brouillonne pour qu'on puisse vraiment les apprécier". La faute là-aussi selon nos confrères aux nouveaux personnages "dont la supposée toute-puissance laisse de marbre". "Comment les Shepherd - famille richissime qui contrôle les médias, possède d'innombrables entreprises et a un accès direct à la Maison Blanche - font seulement leur apparition maintenant ?".
A l'étranger, le quotidien britannique "The Guardian" a attribué la note de 2 sur 5 à cette saison 6 qui, dans sa tentative d'apparaître "plus mesurée" et "plus sophistiquée", apparaît "monotone". "Les scénaristes ne savent pas vraiment qui est désormais leur personnage principal", ajoute le journal qui livre cette observation cinglante : "La saison 6 est une toile d'araignée sans araignée". Le "Washington Post" s'interroge dès son titre : "Que dire d'autre à 'House of Cards' à part 'bon débarras' ?". Le quotidien américain souligne que la série a perdu de son intérêt ces dernières années à mesure que la réalité - avec l'accession à la présidence de Donald Trump et ses nombreux écarts - est devenue plus folle que la fiction.