La Liga s'immisce dans la bataille des droits sportifs français. Ce jeudi, Javier Tebas, président de la ligue espagnole de football, a pris la parole auprès de l'AFP afin de défendre le groupe Mediapro dans le conflit l'opposant à la Ligue de football professionnel en France. Pour rappel, moins de deux mois après le lancement de la première saison de Ligue 1 diffusée par Téléfoot, chaîne créée par Mediapro, Jaume Roures, le patron du groupe, a annoncé son intention d'en renégocier les droits télévisés, évalués à près de 780 millions d'euros par saison. Il a ainsi demandé à la Ligue de football professionnel (LFP) un délai pour régler son échéance du 5 octobre, dont le montant s'élève à 172 millions d'euros, ce qui lui a été refusé, la Ligue le mettant en demeure de régler sa note.
En réaction, l'opérateur sino-espagnol s'est placé sous la protection du tribunal de commerce de Nanterre. De son côté, la Ligue, désormais présidée par Vincent Labrune, n'a eu d'autres choix que de chercher à contracter un prêt bancaire de 120 millions d'euros pour pallier temporairement la défaillance de Mediapro et verser l'argent prévu aux clubs de L1, dont certains dépendent à près de 70% des droits télé pour vivre. Lors de sa conférence de presse hier matin, Jaume Roures a tenu à rassurer les observateurs et à démentir les rumeurs de faillite à venir de Téléfoot. Il a par ailleurs confirmé qu'un processus de conciliation avec la LFP était en cours pour la seule saison actuelle, et du seul fait de l'impact de la crise sanitaire. Cette conciliation, dont on ignore le détail, doit durer quatre mois, et est renouvelable pour un mois supplémentaire.
Interrogé par l'AFP, Javier Tebas a ouvertement défendu son compatriote Jaume Roures : "La Ligue française devait s'attendre à ce qu'un média détenteur de droits renégocie son contrat. Il faut renégocier ce contrat. Nous, en Espagne, nous l'avons renégocié, et avec des rabais importants". "Si Mediapro a acquis un produit et qu'il ne peut pas l'exploiter correctement, avec par exemple la fermeture des bars qui diffusent du foot, il faut s'asseoir pour renégocier de bonne foi", a-t-il ajouté, estimant que cela "suppose un rabais très important" : "Je crois qu'ils ne doivent pas se montrer étonnés". En Espagne, Mediapro gère la production des matchs de Liga et de la Ligue des champions pour les diffuseurs.
D'après le patron de la Ligua, "ceux qui pensent qu'ils n'auront pas à s'asseoir pour renégocier avec leurs opérateurs télés sont hors de la réalité". "Il faut penser que Mediapro, mais aussi Canal+, quand ils ont acquis ces droits, il n'y avait pas de pandémie. Quand Mediapro a décidé de mettre cet argent, personne ne savait qu'il y aurait une pandémie (...) Ce ne sont pas les mêmes conditions, donc c'est normal (de renégocier, ndlr). Nous avons aussi dû négocier avec de nombreux opérateurs", a-t-il poursuivi. Et de souligner : "Le championnat de France était correctement estimé quand ces négociations ont eu lieu. Mais le problème, c'est que désormais, le produit n'est plus même que lors de ces négociations".