Que retenir de l'année médiatique écoulée ? En cette fin d'année, puremedias.com a proposé à plusieurs personnalités de revenir sur ces douze derniers mois, avec la désormais traditionnelle "Année médias vue par...". Au tour de Darius Rochebin, le journaliste suisse qui présente le 20h-24 sur LCI du vendredi au dimanche et le Grand Entretien.
La personnalité médiatique de l'année ?
Volodymyr Zelensky. Je l'ai interviewé à Kiev. Par la maîtrise verbale et le naturel, il est un des dirigeants les plus à l'aise que j'ai rencontrés, indépendamment de toute considération politique.
La personnalité politique de l'année ?
Collectivement, les Iraniennes et les Iraniens qui manifestent pour leur liberté. Ils font preuve d'un courage admirable.
Le coup médias de l'année ?
Mieux qu'un coup : l'interview inédite avec Simone Veil que l'Ina a publiée. J'avais interviewé Simone Veil. J'en garde un des plus forts souvenirs. La revoir dans ce message d'outre-tombe était bouleversant.
Le mensonge médiatique de l'année ?
Plutôt qu'un mensonge, une erreur : la plupart des éminents experts qui nous prédisaient que la Russie n'attaquerait pas. Cela rappelle la règle journalistique : l'esprit critique et la méfiance, à exercer d'abord sur soi-même !
L'émission TV de l'année ?
Il y a plein de moments de télé marquants, mais sur la longueur j'ai beaucoup aimé le documentaire sur Mitterrand et Anne Pingeot, "Fragments d'une passion amoureuse", la culture et le goût de la liberté de ces deux personnages.
L'émission radio de l'année ?
Les émissions de Sonia Devillers. Elle met une intensité admirable dans tout ce qu'elle fait.
La série de l'année ?
J'ai regardé la suite de "The Crown". Non pas que ce soit la meilleure. Mais je suis fasciné par le côté "exotique" des Anglais.
Le programme SVOD de l'année ?
Je suis un consommateur peu discipliné mais j'ai regardé "le Late" de Chabat avec plaisir. Ce ton de drôlerie indulgente fait beaucoup de bien.
Le compte que vous avez préféré sur les réseaux sociaux cette année ?
Je suis sur Twitter des gens de toutes sensibilités politiques. J'admire particulièrement les caricaturistes, par exemple Coco ou Chappatte, qui font rire avec une liberté totale, tous azimuts, sans aucun esprit de parti.
Le dérapage médias de l'année ?
Je vois rarement les choses sous cet angle. Les médias sont le reflet de la vie. Un moment d'engueulade en plateau peut être sain, s'il a lieu sans haine, c'est la saine confrontation des idées.
Le flop TV/radio de l'année ?
J'ai suivi l'école protestante quand j'étais collégien, je me rappelle le pasteur qui nous enseignait : "Ne jugez point, et vous ne serez point jugés...".
Le/la journaliste de l'année ?
Nos consoeurs et confrères qui prennent les risques sur le terrain de la guerre, je pense par exemple à Charline Hurel ou à Liseron Boudoul.
L'animateur/animatrice de l'année ?
Comme dit la maxime, je choisis tout. Chez les confrères et consoeurs qui font comme moi de l'interview, je peux apprécier le ton "joueur" ou le ton "procureur", pourvu que ça corresponde à une nature profonde. Et surtout, que ce ne soit pas systématique, sinon c'est l'ennui !
L'image, l'événement de l'année ?
En regard de mon travail de journaliste, cela aura été la mort de Gorbatchev. La mort a mis fin à 25 ans d'interviews, que je publie chez Laffont. J'ai aimé cet homme : la part d'humanité qu'il a représenté dans un monde si souvent inhumain.
La personnalité médiatique qui marquera 2023 ?
Hélas, non pas une personnalité au sens strict, mais un personnage de l'histoire qui est là plus que jamais : la guerre.