Un document confidentiel qui fait grand bruit. Dans son édition du jeudi 23 mars 2023, journée de mobilisation sociale contre la réforme des retraites, le journal "L'Humanité" a publié plusieurs extraits d'une note interne au ministère du Travail dans laquelle "les services d'Olivier Dussopt font des préconisations contre le droit de grève", révèle le journal communiste. "De quoi licencier les élus du personnel coupables d'entraver la 'liberté du travail'", illustre-t-il.
Le ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, Olivier Dussopt, s'est inscrit en "faux" contre les accusations de "L'Humanité". "C'est une note interne mise à jour pour tenir compte des évolutions du droit. Elle a été diffusée en réponse aux nombreuses sollicitations de nos services par les employeurs et salariés dans cette période de mobilisation. Elle souligne que le droit de grève est garanti", a-t-il répliqué ce vendredi.
Le 13 mars 2023, rembobine le journal, "la Direction générale du travail (DGT) a adressé à ses relais hiérarchiques au sein de l'inspection du travail un singulier vade-mecum sur l'autorisation administrative des licenciements pour faits de grève des salariés protégés du fait de leurs mandats syndicaux ou de représentation du personnel".
S'ils prennent bien soin de répéter que le droit de grève est un droit constitutionnel, les auteurs de cette note "énumèrent une série de jurisprudences susceptibles de faciliter, dans les faits, la chasse aux syndicalistes", en déduit "L'Humanité", qui illustre son raisonnement par de nombreux exemples.
La CGT du ministère du Travail, à qui "L'Humanité" donne la parole dans son article, ne décolère pas. Elle a publié un communiqué au vitriol ce vendredi. "La DGT recense les jurisprudences qui permettent d'autoriser les licenciements pour des faits constitutifs de fautes suffisamment graves. Elle ne manque pas d'expliquer comment s'appuyer sur les constats d'huissier et comment utiliser les procédures de la gendarmerie et de la police", décrit le syndicat.
Thomas Lemahieu, journaliste au pôle enquêtes de "L'Humanité" et auteur de l'article, n'a pour autant pas changé une ligne à ce qu'il a écrit après le tweet du ministre. "'C'est faux', dit-il... sans rien infirmer du tout", a ironisé le journaliste qui a publié "l'intégralité de la note" à la fin de son article pour permettre à ses lecteurs de "juger sur pièce".