"Vous avez franchi la ligne jaune", a lancé le ministre de la Défense samedi à Hugo Clément, journaliste au "Petit Journal". Pris à partie en marge d'un déplacement surprise dans le petit village de Botmeur, dans le Finistère, l'un des reporters de l'access de Canal+ s'est attiré les foudres de Jean-Yves Le Drian. "Vous pouvez tout faire mais il y a deux choses qu'on ne peut pas toucher : ma famille et ma sécurité", lui a lancé le socialiste, ajoutant avoir lancé des "procédures" judiciaires et avoir l'intention de récupérer les "rushes".
L'équipe du "Petit Journal" a tenu à répondre au ministre de la Défense. Après avoir diffusé un reportage en Bretagne, questionnant à multiples reprises Jean-Yves Le Drian sur son cumul des mandats entre la présidence de la région et son poste au gouvernement, Hugo Clément, face à Yann Barthès, a d'abord rappelé ne pas avoir "filmé sa maison". "On est allé dans son quartier, le quartier où il vit quand il est à Rennes. On voulait voir quel impact la présence d'un ministre de la Défense, forcément plus protégé qu'un président de région classique, avait sur la vie quotidienne des voisins. On est tombé sur deux véhicules remplis de militaires pas loin de son domicile. Alors je me suis présenté aux soldats en leur disant que j'étais journaliste, je leur ai montré ma carte de presse, ils ont relevé notre plaque d'immatriculation et ils nous ont laissés filmer. On a fait quatre plans des voitures militaires, pas la maison, et on est partis", a raconté le jeune journaliste.
Selon Hugo Clément, la réelle raison pour laquelle le ministre l'a pris à partie samedi est qu'il "l'agaçait depuis quelque temps". "Il faut savoir que ce week-end avec Jean-Yves Le Drian, on a tourné trois heures d'images", a-t-il poursuivi, expliquant que "son boulot", "c'est toujours comme ça, on filme pleins de trucs, après on décide ce qu'on diffuse" et "si on avait l'image de la maison, on ne l'aurait pas diffusée".
Concernant son intention de récupérer les rushes, le reporter a indiqué qu'"il peut saisir le procureur de la République pour 'atteinte à la vie privée' ou 'mise en danger de la vie d'autrui". Une autre procédure "tirée par les cheveux" existe aussi, a continué Hugo Clément : "Il y a l'article 413-6 du code pénal, 'le fait en vue de nuire à la défense nationale d'entraver le fonctionnement normal des services d'établissements ou d'entreprises publics ou privés, intéressant la défense nationale, est punie de 3 ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amendes". Rappelant qu'il n'a "à aucun moment" mis en danger la sécurité du ministre de la Défense, Yann Barthès a conclu que ses journalistes continueront "à faire l'emploi du temps croisé de Jean-Yves Le Drian". puremedias.com vous propose de visionner la réponse du "Petit journal" au ministre.