Premières décisions. Le journaliste du "Point", Aziz Zemouri, auteur d'un article mettant en cause à tort Raquel Garrido et Alexis Corbière, a été mis à pied et convoqué à un entretien préalable à un possible licenciement, a appris l'AFP vendredi, confirmant une information de "Libération".
Contacté par l'AFP, le journaliste a présenté ses "excuses les plus sincères" au couple de députés Nupes-LFI de Seine-Saint-Denis, estimant désormais, après "des investigations complémentaires qui (l)'ont amené à constater des incohérences", avoir été "victime d'une manipulation".
Aziz Zemouri affirmait pourtant jusque-là être "convaincu de la véracité" de ses "informations" visant Raquel Garrido et Alexis Corbière, selon lesquelles le couple aurait exploité "à des cadences infernales" une femme de ménage algérienne sans papiers et à qui il aurait fait espérer une régularisation en cas de victoire de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) aux élections législatives.
"Il ne s'agit pas seulement des messages Whatsapp qui ont été commentés et contestés", a ajouté auprès de l'AFP Aziz Zemouri, en référence à des captures d'écran appuyant son article et dont l'authenticité a été mise en doute par des spécialistes du numérique. "Cela me semble bien orchestré. Dans cette mesure-là, je présente mes excuses les plus sincères à Raquel Garrido et Alexis Corbière. Le seul point qui me réconforte, c'est que je n'ai pas permis à cette information erronée d'influencer les scrutins" des législatives, a-t-il conclu.
"Monsieur Aziz Zemouri prétend désormais avoir été manipulé. Je dis prétend car je prends toutes ses affirmations pour de possibles mensonges. S'il a été manipulé : Par qui ? Pourquoi ? J'attends la réponse du 'Point'", a tweeté, dans la foulée, Raquel Garrido.
Sollicitée par l'AFP, la direction du "Point", qui a validé la publication de cet article sur le site Internet du journal, n'a pas souhaité commenter ces informations. Celle-ci, par la plume du directeur de la publication de l'hebdomadaire Etienne Gernelle, a présenté "ses excuses les plus plates" aux parlementaires et aux lecteurs du journal pour "les erreurs et les manquements à la prudence" de l'enquête publiée et a annoncé retirer l'article du site.
"Une enquête interne est en cours", a rappelé ce jeudi sur LCI Géraldine Woessner, l'une des intervenantes régulières de "24 Heures Pujadas", également journaliste au "Point", "pour comprendre toute la chaîne" de l'affaire. Avant de préciser : "On sait que le journaliste en question a dit des choses fausses et a présenté des documents qui étaient des faux. Nous voulons comprendre la chaîne de décision qui a conduit à ce manquement qui a eu des conséquences très lourdes pour les deux intéressés (Raquel Garrido et Alexis Corbière, ndlr)."
Après avoir démenti ces allégations, les deux députés ont annoncé avoir déposé plainte contre le titre de presse. Raquel Garrido avait demandé, en outre, sur Twitter le "licenciement immédiat" du journaliste, invoquant un tort "indélébile". Son époux avait également réclamé des "sanctions", au nom de "l'honneur du métier" de journaliste. En juin 2021, rappelle l'AFP, "Le Point" et Aziz Zemouri avaient été condamnés pour diffamation après un article de ce dernier. Il qualifiait d'ancienne "call-girl" l'actrice Sand Van Roy, qui accusait le cinéaste Luc Besson de viols et agressions sexuelles.