"Ce sont des mesures de sécurité jamais vues pour une émission de télévision", selon Anthony Meunier. Courant septembre, dans les Studios du Lendit, en banlieue parisienne. Alors qu'une file d'attente se forme pour assister au tournage des "Z'Amours" de France 2, nous sommes attendus à côté, dans un studio où la sécurité règne. A l'entrée, nous devons par deux fois donner notre nom avec pièce d'identité obligatoire avant de ranger le téléphone portable dans une pochette sécurisée, qui ne sera déverrouillée qu'à la sortie. Pourquoi tant de sécurité ? Car c'est ici que TF1 met en boîte la première saison de "Mask Singer", son adaptation du désormais célèbre format coréen dans lequel des célébrités viennent chanter sous un imposant costume avec pour mission pour le public et les quatre enquêteurs - Jarry, Anggun, Alessandra Sublet et Kev Adams - de les démasquer.
Le secret est tel que TF1 n'a autorisé que deux médias à pouvoir accéder au plateau. En cette journée de la fin septembre, nous entrons donc sur la scène, semblable à celle des versions étrangères du programme, d'une taille de 400m2 "plus grande que celle de 'The Voice'", nous précise Julien Degroote, directeur du Développement des Contenus du groupe TF1. L'entrée comme la sortie se font par deux bouches à chaque extrémité de la scène tandis que 15 caméras suivent Camille Combal comme les 12 personnages de cette saison 1. Face à la scène, en hauteur, se trouve le bureau des quatre enquêteurs avec des longues-vues, des loups, des jumelles mais aussi... un jeu de "Qui est-ce ?" ! Immédiatement derrière la scène se trouve la "Cooling Room", une pièce archi-sécurisée dans laquelle les célébrités troqueront leur costume léger contre leur costume de scène, et inversement à la sortie. Une seule costumière est habilitée à les aider.
Une fois la visite du plateau terminée, Julien Degroote et Anthony Meunier, directeur général de Hervé Hubert Productions, nous emmènent en coulisses. Et notre oeil se pose sur un badge que tous deux arborent, ainsi que quelques privilégiés, sur lequel on peut lire "Talk to me", inverse du grand sweat-shirt floqué "Don't talk to me" qu'arborent les candidats avant de monter sur scène. Car contrairement aux productions habituelles, les célébrités n'ont le droit de s'adresser qu'à quelques personnes triées sur le volet afin de conserver le secret. Ainsi, si nos deux guides du jour ont ce badge, le personnel de la communication de TF1 comme les équipe de production n'ont pas ce privilège. Et sur les murs, y compris ceux des toilettes, une feuille invite à ne rien communiquer sur l'émission par quelque biais que ce soit. Au total, avant le lancement de l'émission, seules 11 personnes avaient connaissance du cast : 5 chez TF1, 6 chez Hervé Hubert. Et même l'entourage des célébrités ignore leur participation, les négociations s'étant faites directement avec les candidats.
Le quatuor d'enquêteurs, de son côté, ne cache pas son plaisir de faire partie de cette émission... et donne même des conseils. Dans les couloirs, Kev Adams confie revenir des Etats-Unis et avoir vu de nombreuses bandes-annonces sur FOX dont il aimerait que TF1 s'inspire. Jarry, lui, juge "insupportable" de ne pas savoir qui sont les célébrités sous les costumes. "Tu deviens obsessionnel... Le jour du premier tournage, j'ai envoyé un message à tous mes amis pour leur suggérer un apéro à 15h, lorsqu'on tournait, savoir qui était susceptible d'en être. Evidemment, j'ai fait chou blanc", nous confie-t-il. "Ca te prend la tête !", surenchérit Alessandra Sublet... qui a reçu plusieurs célébrités à dîner mais n'arrive pas à les reconnaître. Au point d'avoir confondu un homme et une femme lors d'une révélation ! Et l'enquête a fait naître deux clans, Anggun expliquant être souvent d'accord avec Alessandra Sublet mais jamais avec Jarry et Kev Adams.
Côté costumes, Marie-France Larrouy, déjà à l'origine de ceux d'Astérix, Obélix ou encore du célèbre panda de Chantal Goya, est l'une des deux costumières à avoir travaillé sur le programme... et ce depuis mars ! "Chaque costume est fait sur-mesure et coûte entre 20.000 et 45.000 euros", confie celle qui est, pour "Mask Singer", à l'origine du paon, de la licorne, du lion, de l'aigle, de l'hippocampe et de l'abeille. Par ailleurs, Marie-France Larrouy a eu carte blanche et, avec la production, a proposé un catalogue de 30 à 40 panoplies - des créations complètes. "Une fois que chaque célébrité a fait son choix, il a fallu 20 personnes et 300 à 400 heures de travail par costume", explique Marie-France Larrouy.
Les enquêteurs, eux, sont tous unanimes : les costumes sont une réussite. Et nous pouvons le confirmer pour avoir vu deux prestations. Dans le public, chargé de départager les deux premiers personnages, impossible de trouver qui est qui, et ce malgré un magnéto d'indices diffusé avant la prestation avec une voix trafiquée. La voix chantée est elle reboostée par une bande son, la production expliquant qu'il est difficile pour les célébrités de chanter sous un costume si imposant. Mais si des notes peuvent faire penser à une personne, voire même nous donner une certitude, celle-ci tombe à l'eau à la première question des enquêteurs. Deuxième à passer sur scène, le paon impressionne tant par son costume plein de paillettes bleues que par sa voix et, dans le public, les spectateurs y vont aussi de leurs hypothèses, toutes différentes, sans avoir de réponse. S'agit-il de Jean-Marc Barr ? De Jean Reno ? De Christophe Lambert ? Impossible de savoir. Et s'il nous est interdit d'être là lors du reveal, le public va lui y avoir le droit... ou pas. "Lors de l'élimination, le personnage va dans une pièce derrière le plateau. Et là, avec le public, nous diffusons une photo de la célébrité... qui n'est pas forcément la vraie !", s'amuse Anthony Meunier. Les enquêteurs et Camille Combal, eux, découvrent le vrai reveal une fois le public parti.
Le mystère ne s'arrête pas là puisque pour le départ - comme pour l'arrivée au studio -, la production a prévu plus de véhicules que nécessaire afin d'empêcher tout pistage. Et les célébrités ne sont jamais déposées à leur domicile et n'ont aucun contact avec les gardes du corps qui les accompagnent ou leur chauffeur, qui ignorent ainsi tout de leur identité. Des véhicules qui ne sont qu'une partie des leurres utilisés puisque des personnes de la production se baladent aussi en coulisses avec un costume "Don't talk to me" afin de créer une espèce de paranoïa concernant les célébrités. Car il faudra encore attendre quelques semaines avant de savoir qui sont ces 12 personnalités qui ont accepté de se grimer pour cette saison 1, non sans entendre déjà quelques rumeurs.