Du sang neuf au gouvernement. Hier, par voie de communiqué de presse, l'Elysée a annoncé un mini-remaniement provoqué par la candidature de Nathalie Loiseau aux Européennes et par les ambitions de Benjamin Griveaux et Mounir Mahjoubi, qui visent tous deux la mairie de Paris. La réorganisation d'hier s'est soldée par les arrivées remarquées de Cédric O, nommé secrétaire d'Etat au numérique en remplacement de Mounir Mahjoubi, et de Sibeth Ndiaye qui hérite du porte-parolat du gouvernement, poste précédemment occupé par Benjamin Griveaux.
Proche du président de la République, Cédric O a longtemps été engagé aux côtés de Dominique Strauss-Kahn. Depuis l'élection d'Emmanuel Macron, il occupait les fonctions de conseiller auprès du président et du Premier ministre sur les questions économiques et notamment numériques. À Bercy, auquel le secrétariat d'État est rattaché, Cédric O prend la relève du très médiatique Mounir Mahjoubi. Interlocuteur des GAFA - il avait fait venir Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, à Paris en 2018 -, le nouveau secrétaire d'État devra oeuvrer à l'encadrement de ces derniers et à la régulation du secteur. Cet été, il sera également en charge de l'organisation du G20 numérique.
Comme Cédric O, Sibeth Ndiaye, nouvelle porte-parole du gouvernement, était également une conseillère de l'ombre et une proche du président de la République. Lors de la campagne électorale de 2017, elle était chargée des relations presse du candidat Macron. Depuis l'élection de ce dernier, elle était conseillère en communication à l'Elysée. Après les départs de Sylvain Fort, Stéphane Séjourné et Ismaël Emelien, elle était la dernière rescapée de l'équipe originelle qui a accompagné Emmanuel Macron dans son accession à l'Elysée. Au contact de la presse avec laquelle les relations ont parfois été musclées, - pour ne pas dire houleuses, notamment avec le transfert, qu'elle a chapeauté, de la salle de presse hors du palais de l'Elysée -, Sibeth Ndiaye s'est forgée une réputation de femme de tête.
Révélée au grand public dans le documentaire "Emmanuel Macron, les coulisses d'une victoire" sur TF1 en mai 2017, où on l'a vu reprocher à un journaliste son "travail de sagouin", la conseillère, s'est vue prêter, à plusieurs reprises, des propos très cash. En août 2017, "Le Canard Enchaîné lui attribuait ainsi un texto dans lequel elle aurait écrit, au sujet de la mort de Simone Veil : "Yes, la meuf est dead". Des propos qu'elle avait à l'époque contestés. Un mois plus tôt, "L'Express" avait affirmé que Sibeth Ndiaye avait déclaré : "J'assume parfaitement de mentir pour protéger le président". Des propos sur lesquels la nouvelle porte-parole du gouvernement a tenu à s'expliquer ce matin à l'occasion de sa prise de fonction.
"Ce sont des paroles tronquées, qui ont été sorties de leur contexte" s'est-elle justifiée après son premier point presse post-Conseil des ministres. "Mon rôle à cette époque-là était de protéger la vie privée du président (...) Aujourd'hui, en tant que ministre, j'assume mon (nouveau) rôle de porte-parole. Mon engagement est de refléter l'action du gouvernement (...) J'espère que vous me jugerez sur mes propos, pas sur ceux qu'on me prête", a-t-elle poursuivi,sans nier donc avoir bien tenu ces propos, et en assurant aborder sa nouvelle mission - qu'elle a qualifiée de "job" sur Twitter - avec "beaucoup d'humilité et de sincérité".