Après les confessions, la sanction ? Dans un communiqué, la direction de France 3 ouvre une "procédure disciplinaire" à l'encontre du journaliste de la chaîne qui a filmé "Le mur des cons" dans les locaux du Syndicat de la magistrature. "La direction de la rédaction nationale de France 3 a décidé d'ouvrir une procédure disciplinaire à l'encontre d'un de ses journalistes qui, après avoir tourné cette vidéo au cours d'un reportage pour sa rédaction, a fait le choix d'en dissimuler l'existence à sa hiérarchie", annonce la chaîne dans un communiqué.
"Hors de toute polémique, sans se prononcer sur l'opportunité de la diffusion de ces images, ni moins encore sur le fond du dossier, cette procédure - conforme aux règles en vigueur au sein de l'entreprise et garante des droits de chacun - doit permettre de faire toute la lumière sur les circonstances précises de cette affaire, dans la rigueur et la sérénité. Ce n'est qu'à son terme que la direction décidera ou non d'une sanction disciplinaire", poursuit le communiqué.
Depuis la publication par Atlantico.fr d'une vidéo tournée dans les locaux du Syndicat de la magistrature où des photos de plusieurs personnalités politiques, médiatiques ou ayant un rapport avec des faits divers sont épinglées, les réactions se font nombreuses. Samedi, Libération révélait que les images pouvaient avoir été filmées par un journaliste de France 3. Mis en cause, un membre du personnel de la chaîne avait alors démenti, de manière anonyme.
Mais ce lundi, peu avant l'annonce d'une procédure à son encontre, Clément Weill-Raynal est sorti de son silence. Invité d'"On ne parle que de ça" sur LeFigaro.fr, il confirme être l'auteur des images. Il explique avoir d'abord démenti à Libération, son interlocuteur refusant de le laisser dévoiler sa version des faits. C'est lors d'une visite au syndicat de la magistrature, le 5 avril dernier, que Clément Weill-Raynal a découvert le "mur des cons", après qu'on lui a refusé de filmer dans cette direction.
"J'ai compris que ce mur posait un problème" affirme-t-il, expliquant avoir filmé la scène avec son téléphone portable. "Elle nous avait dit d'emblée de ne pas le filmer, elle savait que ça posait un problème. C'est d'ailleurs ce qui a alerté mon attention", précise Clément Weill-Raynal. Le journaliste explique ne pas avoir présenté les images à sa rédaction, craignant de devoir faire face à des complications, compte tenu des liens entre les syndicats de journalistes et syndicats de magistrats. Néanmoins, il se défend d'avoir fourni les images à Atlantico.
"Je ne me cache pas. Je suis fier d'avoir eu ce réflexe, d'avoir filmé ces images dont je ne pensais pas qu'elles auraient autant de conséquences. Je suis fier d'avoir porté à la connaissance publique cette affaire qui prend des proportions majeures et qui révèle un grave problème au sein du deuxième syndicat de magistrats de France. Je pense avoir été parfaitement loyal avec ma chaîne. Ca m'a échappé mais dès que l'affaire est sortie, j'ai proposé à la rédaction de faire des sujets, je les ai alertés sur l'importance de cette affaire", assure Clément Weill-Raynal qui "assume" et dit être "content d'avoir révélé cette affaire".
Le journaliste en profite pour pousser un coup de gueule contre le cadreur qui était à ses côtés le jour du tournage. "Je rends hommage à la conscience professionnelle du cameraman qui m'accompagnait qui a obéit de manière très docile, très disciplinée, aux consignes d'un magistrat qui lui demandait de ne pas filmer et qui, en revanche, est venu me dénoncer, me moucharder auprès de la direction. C'est absolument effarant" dénonce Clément Weill-Raynal, espérant ne pas être sanctionné par France 3. Il sera également ce soir dans "Le grand journal" de Canal+ pour se défendre.