Une décision radicale. Samedi, dans les colonnes de "Ouest-France", à travers un éditorial, le rédacteur en chef du titre de presse, François-Xavier Lefranc, a annoncé que son journal ne réaliserait pas de sondages durant la campagne présidentielle. "Pourquoi consulter les citoyens alors qu'il est si simple d'attendre les sondages ? Pourquoi se casser la tête à bâtir un programme politique alors que pour quelques milliers d'euros, des sondages vous diront ce qu'attendent les gens ? Pourquoi s'enquiquiner à débattre avec les militants politiques pour désigner un candidat alors que les sondages peuvent s'en charger ?", s'est demandé le journaliste, en introduction de son article.
Le rédacteur en chef du premier titre de presse régionale de France a rappelé qu'on avait "tout vu ces derniers temps" : "Des sondages mis à toutes les sauces", "des personnalités politiques cherchant désespérément une légitimité dans les pourcentages des dernières études d'opinion", "des sondages faisant ou défaisant le deuxième tour de l'élection présidentielle", "des cadors du petit écran gonflés à l'hélium des mesures d'audiences devenir des stars politiques déjà qualifiées par les sondages avant même d'être candidats". "Les sondeurs n'arriveront bientôt plus à mettre du charbon dans la machine tant elle est en surchauffe", a lancé François-Xavier Lefranc.
Interrogé hier soir dans le "20 Heures" de France 2, le journaliste a justifié son choix : "Je n'ai rien contre les sondages. Mais une avalanche de sondages qui est utilisée pour marteler les choses et pour bourrer la tête des citoyens, c'est insupportable". Et d'ajouter sur Twitter cette fois-ci : "'Ouest-France' ne participera pas à la grande manip, ne réalisera aucun sondage politique avant la présidentielle et évitera de perdre du temps à commenter ceux des autres. Nous nous consacrerons au reportage, à l'enquête, au plus près de celles et ceux qui ont des choses à dire".