Tout a commencé après un Tweet. Ce jeudi 2 mai, la rédaction du média "Arrêt sur images" a posté sur son site une lettre ouverte rédigée par son rédacteur en chef Paul Aveline "pour dénoncer le harcèlement raciste que subit notre collègue Nassira El Moaddem de la part de l'extrême droite, relayée par les médias Bolloré", peut-on lire en introduction. "La bêtise - en l'occurrence, la bêtise raciste - insiste toujours" peut-on lire dans la chronique. "Forte d'une chaîne d'opinion en continu, il faut qu'elle s'étale à longueur de journée comme le 1er mai, sous les traits de Julien Odoul, député RN qui comparaîtra bientôt devant la justice dans l'affaire des assistants parlementaires des eurodéputés de son parti", rappelle l'article.
Mais que s'est-il passé ? Ce mardi 30 avril, la journaliste et présentatrice commentait sur son compte X un article de BFM-RMC Sports traitant de la question de la laïcité dans le football amateur. Selon l'article, la Fédération Française de Football (FFF) "lutte contre le phénomène du port de collants et de casques dans le foot amateur". Des accessoires parfois portés par des personnes de confession musulmane et en particulier des femmes portant le voile.
"Pays de racistes dégénérés. Il n'y a pas d'autres mots. La honte", écrit-elle. Le lendemain, le message est débattu sur CNews. Dans "Morandini Live", on pouvait alors lire sur le bandeau "Une journaliste d'Arrêt sur image (sans le "s" à "images" ndlr) insulte la France". Invité sur le plateau, Julien Odoul, député du Rassemblement national, part alors dans une invective contre la journaliste. "Je demande à la présidente de France Télévisions de suspendre cette journaliste. Parce que cette dame est payée avec l'argent des Français, elle est sur le service public, sur France Inter" a-t-il d'abord assuré.
Or, si Nassira El Moaddem a présenté l'émission "Parcours de combattantes" de 2021 à 2022, elle est aujourd'hui uniquement journaliste et présentatrice pour le média "Arrêt sur Images", un média indépendant, financé par ses abonnés. "C'est intolérable qu'elle traite notre pays, notre peuple, de raciste", a poursuivi l'élu d'extrême droite sur le plateau de Jean-Marc Morandini. "Donc si elle n'est pas contente, elle se casse", ajoute-t-il. "Elle est française, je le précise j'ai cherché sa bio" l'interrompt le présentateur. "Si ce pays est ce qu'elle dit (...) alors pourquoi elle y reste ?" insiste Julien Odoul.
Et le porte-parole du parti lepéniste, invité régulier des médias de Vincent Bolloré (dont "TPMP" et "Face à Hanouna" sur C8) n'était pas le seul à évoquer son tweet. Un article du "JDD" publié ce mercredi 1er mai assure que ses propos ont "soulevé un tollé" sur les réseaux sociaux, citant des commentaires négatifs publiés par plusieurs internautes. En ouverture de "L'Heure des Pros" ce jeudi, Pascal Praud a également consacré son édito au tweet, évoquant une "une haine de la culture de la France", et assurant une nouvelle fois que la journaliste travaille pour France Inter.
"Ce qu'a écrit Nassira, des milliers de gens le pensent et l'écrivent chaque jour sans avoir les honneurs de télé-Bolloré. Mais voilà, Nassira s'appelle Nassira, s'exprime publiquement, et ça, c'est trop", analyse "Arrêt sur Images"."Depuis, Nassira est la cible d'une campagne de harcèlement d'une rare violence, appuyée par tout ce que l'extrême droite compte de nervis numériques", poursuit le texte un peu plus loin, rappelant les nombreuses enquêtes de la journaliste, portant notamment sur... les médias de Vincent Bolloré. "Face à ce qu'il faut bien appeler une attaque coordonnée menée par des médias d'extrême droite contre une journaliste indépendante, les autres doivent faire front. Nassira n'est pas la première victime de ce genre de campagne, probablement pas non plus la dernière."