Une sortie et des interrogations. Lundi soir, pendant la 34e cérémonie des Molières, Rima Abdul Malak, la ministre de la Culture, a pris tout le monde par surprise en se levant de son siège après avoir été interpellée par deux comédiennes de la CGT. Sur la scène du théâtre de Paris et en quasi-direct sur France 3, Toufan Manoutcheri et Lucie Astier ont dénoncé la précarité de leur profession et la "logique ultra-libérale" d'Emmanuel Macron et de son gouvernement sur la réforme des retraites. "Les acteurs ne sont pas des chiens, disait (l'acteur français) Gérard Philipe, pour dénoncer la précarité dans nos carrières", ont-elles cité sur la scène des Molières. Une prise de parole qui a immédiatement fait réagir la ministre.
Fait extrêmement rarissime dans ce genre de cérémonie, Rima Abdul Malak a alors demandé un micro à un technicien présent dans la salle, s'est levée de son siège en plein direct et a répondu à la prise de parole des deux professionnelles. "D'habitude, le rôle du ministre, c'est de rester assis à ne rien dire. Mais, là, ce n'est pas possible", a-t-elle lâché excédée, avant de défendre son bilan : "Cette phrase de Gérard Philipe, elle date de 1957. Il n'y avait même pas de ministère de la Culture à l'époque (le ministère a été créé en 1959 avec la nomination d'André Malraux, ndlr)".
"Aujourd'hui, il y a un ministère de la Culture qui défend haut et fort l'exception culturelle française, qui défend le régime de l'intermittence, qui est une fierté pour notre pays. Vous avez un ministère qui a apporté des aides massives pendant la crise (sanitaire) pour vous soutenir tous. Vous avez une ministre à la tête de ce ministère qui a débloqué un budget historique (...) pour l'inflation et la facture d'énergie. J'ai débloqué des aides exceptionnelles pour venir en aide aux structures les plus fragiles", a souligné la ministre.
Depuis, les questions sont nombreuses à la suite de la prise de parole de Rima Adbul Malak et alimentent même des théories complotistes. Que s'est-il réellement passé ? Selon Jacques Clément, créateur d'ACT4 Productions, la société de production derrière les Molières, auprès de puremedias.com, "rien n'a jamais été organisé, ni orchestré avec la ministre. La seule chose qui a été prévue ce soir-là, c'est le discours des deux comédiennes. C'était une demande de la CGT à laquelle nous avons souscrit avec la chaîne".
Trente minutes avant le début de la cérémonie et après une validation par le "responsable de la CGT", le texte de Toufan Manoutcheri et Lucie Astier a été inséré au prompteur sans que la production ou même Alexis Michalik ne le lisent. "Le texte est rentré très tard en machine. Si vous regardez l'émission, Alexis (Michalik) est totalement paumé, on a même dû lui donner le nom des comédiennes dans l'oreillette", nous indique Alexandra Clément, fille et associée de Jacques Clément.
De là à imaginer que le texte a été envoyé aux équipes de la ministre pour qu'elle prépare sa réplique ? La production nie en bloc. "Faut-il encore qu'on ait eu le texte en main", plaisante Jacques Clément face à ces affabulations qui ont fleuri sur les réseaux sociaux. Selon la production, la prise de parole de Rima Abdul Malak a pris tout le monde de court. "Ce n'était pas du tout prévu. Si vous regardez bien la séquence, même Alexis Michalik la regarde, (désemparé), car il avait construit une cérémonie avec du rythme et de la mise en scène pour qu'elle dure deux heures et pas 2h10. En régie, on s'est tous dit : 'Oh non, le pauvre, elle met à mal son conducteur, on part dans un tunnel alors qu'il voulait donner du rythme à la cérémonie'", se souvient la productrice.
Autre interrogation concernant la séquence : Comment Rima Abdul Malak a pu se procurer un micro aussi rapidement ? "Tout le monde sait dans le monde du spectacle que dans ce type de programmes, il y a toujours un assistant de chaque côté de la scène au cas où il se passerait quelque chose. Au cas où on aurait besoin d'évacuer ou en cas d'incident imprévu. C'est pareil aux 'Victoires de la musique' (dont ACT4 a assuré la production par le passé, ndlr)", clame Jacques Clément. puremedias.com vous propose de visionner la séquence dans laquelle on peut effectivement apercevoir la ministre agiter la main pour réclamer un micro.