"Salafistes" n'en finit pas de faire polémique. Réalisé par François Margolin et le journaliste mauritanien Lemine Ould Salem, ce documentaire attend encore son visa d'exploitation alors que sa diffusion est prévue dans cinq salles aujourd'hui, comme le rapporte Le Figaro.
Le contenu du film divise les observateurs depuis plusieurs semaines. S'il est un "véritable chef-d'oeuvre" selon Claude Lanzmann dans une lettre à Fleur Pellerin, ses détracteurs lui reprochent de ne donner la parole qu'aux militants salafistes et ce, sans suffisamment de contextualisation. Ils lui reprochent aussi de montrer crûment et sans voix off explicative des scènes ultra-violentes, notamment d'application de la charia. Le 19 janvier dernier, la commission de classification des visas d'exploitation a préconisé une interdiction aux moins de 18 ans assortie d'un avertissement au public.
"Salafistes" a depuis été amputé de plusieurs séquences. Parmi elles, des images de propagande montrant l'exécution du policier Ahmed Merabet le 7 janvier dernier ou celle montrant un homme en train de se faire couper la main. La commission des visas s'est prononcé de nouveau sur le sort du film hier soir, sans que le contenu de sa décision ne soit pour l'instant connu. C'est maintenant à Fleur Pellerin de dire si elle suit ou non son avis. Selon Le Figaro, la décision du ministère de la Culture devrait intervenir aujourd'hui. Quelqu'elle soit, elle ne manquera pas d'être largement commentée, entre accusations de censure ou d'irresponsabilité.
Si "Salafistes" pose des problèmes à la rue de Valois, le film en pose aussi à France Télévisions. France 3 Cinéma a en effet co-financé le documentaire à hauteur de 26% selon Le Figaro. Cette décision prise en 2012 a provoqué la colère de la direction actuelle du groupe. France Télévisions a ainsi décidé de retirer son soutien au film, estimant qu'en l'état actuel, il ne pouvait pas être diffusé sur France 3. "Nous demandons que l'affiche retire toute mention du soutien de France 3", a fait savoir le groupe public.
A en croire Le Figaro, le contrat passé avec les auteurs prévoirait une clause selon laquelle le film ne doit pas être interdit aux moins de 16 ans et aux moins de 18 ans. France Télévisions pourrait ainsi profiter de la décision du ministère de la Culture pour ne pas verser "le solde de l'argent promis".