Avant-première. "Le premier vrai jeu d'aventure de M6". En novembre dernier, dans les locaux de la chaîne à Neuilly-sur-Seine, Matthieu Bayle, directeur de l'unité des flux externes de la Six, présentait officiellement à la presse "The Bridge : Le trésor de Patagonie", un nouveau format animé par Stéphane Rotenberg et produit par EndemolShine France, qui arrive à l'antenne dès ce soir à 21h. La chaîne et la société de production ont l'habitude de travailler ensemble sur des formats d'aventure puisque les deux ont déjà collaboré sur "The Island", "À l'état sauvage" et, plus récemment, "Cap Horn".
À l'inverse de ces trois formats, qui relèvent du docu-réalité, "The Bridge : Le trésor de Patagonie" est un vrai jeu d'aventure. Pourtant, "El Puente", le format original venu d'Espagne, est un docu-réalité pur jus. "Nous voulions une nouvelle histoire à raconter et nous différencier de ce que l'on fait déjà avec 'The Island'", expliquait Matthieu Bayle. Il faut dire que plusieurs soirées pour suivre simplement la construction d'un pont, cela aurait été un peu long. Le format, qui n'a pour l'heure été adapté qu'en France, a donc été considérablement retravaillé pour se rapprocher fortement de la mécanique de "Koh-Lanta" et ne ressemble en définitive que très peu à la version espagnole, assez feel good, qui est davantage une émission d'observation qu'une émission d'action.
La promesse originale de "The Bridge" a le mérite d'être originale. Huit hommes et huit femmes, de bonne condition physique, sont envoyés dans un campement présenté comme assez sommaire au bord d'un lac en Patagonie. Ils ont 17 jours pour parvenir à construire un pont de 300 mètres, fait de rondins de bois, afin de rejoindre l'îlot qui se trouve au centre du lac. Sur ce petit bout de terre, la production a placé un trésor de 150.000 euros. Là où la version française diffère du format espagnol, c'est que de nombreuses mécaniques de jeu ont été injectées. Chaque épisode comporte ainsi une épreuve collective et une épreuve finale éliminatoire. À la fin, ils ne seront en effet que huit à pouvoir franchir le pont... s'ils parviennent à le franchir. Même si M6 et la production s'en défendent, il y a assez peu de suspense sur ce point.
Chaque épisode, qui raconte grosso-modo trois jours d'aventure sur le campement, est axé autour de plusieurs temps forts. Le premier d'entre eux est une épreuve collective. Dans le premier épisode, les candidats doivent pousser une luge de 500 kilos le long d'un parcours d'obstacles qui contient lui-même de mini-épreuves comme la recherche de clés dans un mini-bassin ou la résolution d'une opération mathématique. Dans cette épreuve, un capitaine d'équipe est désigné au hasard. C'est lui qui décide des candidats qu'il veut mobiliser sur les mini-épreuves. Avant l'épreuve collective, il doit aussi choisir trois candidats qui ne participeront pas à l'épreuve, sorte d'adaptation de la mythique "boule noir" de "Koh-Lanta". En cas de victoire, les candidats remportent des tronçons de pont. En cas d'échec, le capitaine de l'équipe doit envoyer un candidat à l'épreuve éliminatoire.
Après l'épreuve, les trois candidats qui ont été empêchés d'y participer sont soumis par Stéphane Rotenberg à un dilemme. Dans le premier épisode, l'animateur leur propose de choisir entre une immunité et un pack de nourriture pour le campement. Troisième et avant-dernier temps fort, les candidats doivent ensuite procéder aux nominations. Chacun doit donner le nom de deux de ses compagnons d'aventure. Les deux plus nommés rejoignent celui ou celle qui a été désigné(e) en épreuve éliminatoire. À l'issue de celle-ci - une épreuve de rapidité -, le meilleur des trois réintègre le campement tandis que les deux autres sont éliminés. Très axé sur la stratégie et les discussions sur le campement, la mécanique semble paradoxalement mettre la construction du pont au second plan, ce dont la production se défend. "On suit la construction du pont en continu. Toutes les histoires sur le campement se passent sur le chantier", objectait Jérémie Atlan, producteur artistique du programme.
Si le jeu peut apparaître comme un ersatz de "Koh-Lanta" - avec plus de confort puisque les candidats ont accès à une douche, des sanitaires ainsi qu'à de nombreux vivres comme des pâtes et des biscuits -, la production expliquait que "toute la différence avec 'Koh-Lanta' repose sur le fait que 'The Bridge' est un jeu collectif, surtout par son twist de fin". Ce fameux twist de fin, c'est qu'une fois le pont achevé - s'il est achevé... -, les huit finalistes devront désigner un seul heureux élu parmi eux pour décrocher les 150.000 euros. Une somme qu'il aura néanmoins la possibilité de partager. S'il semble n'y avoir aucun suspens sur le fait que le pont sera bien achevé au bout de dix-sept jours, la production jurait que l'hypothèse n'était pas exclue. "Il y aura des surprises. La fin ne peut pas décevoir", promettait Julien Aubour, directeur des programmes du pôle reality d'Endemol Shine. Reste à voir si le public, biberonné à "Koh-Lanta" depuis plus de quinze ans, trouvera assez d'intérêt au programme pour tenter l'aventure et le suivre jusqu'à la fin. Le pari n'est pas gagné.