Devenu véritable phénomène sur le web depuis qu'il s'est lancé dans la production de contenus vidéos, "Vice" vend aussi certains de ses contenus à la télévision, à la chaîne HBO aux Etats-Unis notamment. Depuis hier, France 4 diffuse "Le Point quotidien", un nouveau programme produit par la filiale française de "Vice", "Vice Média France".
Diffusée à 20h35, cette nouvelle émission, présentée comme un JT alternatif pour les 18-35 ans, est alimentée par les nombreuses productions de "Vice". Hier pour son premier numéro mis en images depuis Paris, "Le Point Quotidien" a diffusé un reportage sur l'Etat Islamique, tourné il y a un an par les reporters de "Vice" (notre vidéo).
Les journalistes de France Télévisions n'ont pas de droit de regard sur cette émission, dont les sujets sont, logiquement, produits en externe par les reporters de Vice. "Une privatisation de l'information du service public", dénonce le syndicat SNJ dans un communiqué. Pourtant, de nombreuses sociétés de production extérieures fabriquent déjà des reportages et alimentent les émissions d'information du service public comme "Envoyé Spécial". "Le SNJ a écrit au directeur de l'information de France Télévisions, Thierry Thuillier, pour exiger que ce rendez-vous d'information quotidien, une première sur France 4, soit réalisé par des journalistes du Service Public", annonce le syndicat.
"Vice", qui a levé plus de 500 millions d'euros il y a peu, est devenu un véritable groupe médias présent aux quatres coins du monde. "Nous restons quand tous les autres médias s'en vont, en Irak par exemple, et nous fuyons l'effet microscope, qui consiste à zoomer trois jours sur un endroit avant de rentrer", expliquait hier son patron Shane Smith, dans une interview à Télérama. Il ne voit dans les médias traditionnels, inquiets du développement de "Vice", que des "vieillards acariâtres persuadés de détenir la vérité". "Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, nous grandissons de manière exponentielle pendant qu'ils déposent le bilan", tacle-t-il.
A France 4, on assume ce choix d'offrir une fenêtre française à Vice. "Nous tatonnons pour nous adresser à un public jeune qui a un rapport complexe aux écrans et pour qui la télé n'est plus centrale, explique au Monde Boris Razon, directeur éditorial de France 4. La démarche journalistique de Vice News est très incarnée et c'est important à l'heure de la défiance vis-à-vis des médias". En face à la même heure, "Le Petit Journal" sur Canal+ joue depuis longtemps avec les codes de Vice. L'un des reporters de l'émission, Martin Weill, parcourt le monde et raconte de manière incarnée l'actualité internationale aux téléspectateurs.