A l'heure où la presse se restructure et où les médias audiovisuels voient leurs audiences s'éroder, une nouvelle génération de médias se développe à la vitesse grand V dans le monde entier. "Télérama" a eu la bonne idée d'aller à la rencontre de Shane Smith, qui a créé de "Vice" il y a 20 ans. Ce magazine alternatif branché est désormais multimédia depuis qu'il s'est lancé en 2007 dans la production de contenus vidéo. D'abord diffusés sur internet, ceux-ci font l'objet d'une émission hebdomadaire sur la chaîne payante HBO (celle qui propose la série "Game of thrones" ou "True Detective").
Avec cette interview à paraître mercredi, et dont l'hebdomadaire publie quelques extraits sur son site internet, Shane Smith s'explique pour la première fois dans un média français. Il assume l'éclectisme des sujets traités par "Vice", qui vont d'une interview d'un adepte du quartier rouge d'Amsterdam à la très remarquée série de reportages très controlés au coeur de l'Etat Islamique. "Les gens s'étonnent qu'on passe du pipi-caca à l'Etat islamique ou Ebola. (...) Contrairement à ce qu'on peut entendre dans la bouche de tous les experts, les jeunes s'intéressent à l'actualité. D'ailleurs, elle a toujours fait partie de notre ADN, et ce n'est que maintenant qu'on réalise que notre audience en réclame davantage", explique-t-il.
Interrogé sur l'émission "Vice" que diffuse HBO depuis avril 2013, et qui a été reconduit pour jusqu'en 2016, Shane Smith se réjouit d'être diffusé sur "l'étalon-or de la télévision américaine". "On peut enfin aller où on veut, retourner à un endroit si on estime que c'est nécessaire et décrocher quelques gros noms pour les interviewer", détaille-t-il avant d'expliquer que ses équipes se distinguent en évitant soigneusement de suivre le flux de l'actualité en continu.
"Nous restons quand tous les autres médias s'en vont, en Irak par exemple, et nous fuyons l'effet microscope, qui consiste à zoomer trois jours sur un endroit avant de rentrer", lance-t-il avant de s'en prendre aux médias traditionnels, dont il parle au passé. "Certains d'entre eux pensent que si l'on ne fait pas les choses à leur façon, ce n'est pas du journalisme. Soit, je m'en fous. Ils se réveillent et réagissent en vieillards acariâtres persuadés de détenir la vérité. Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, nous grandissons de manière exponentielle pendant qu'ils déposent le bilan", lance-t-il, un rien moqueur.