Une absence remarquée. Léa Salamé et Laurent Guimier présentaient, ce mardi soir sur France 2, l'ultime numéro d''Élysée 2022' avant le premier tour de la présidentielle. La journaliste politique et le directeur de l'information de France Télévisions ont accueilli successivement sur leur plateau Éric Zemmour, Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo et Philippe Poutou. Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a ouvert le bal.
Invité par Léa Salamé à qualifier l'intérêt de cette campagne, le candidat ouvrier a débuté sa réponse en inversant les rôles. "Moi, j'ai une question à vous poser d'abord", a-t-il lancé à la journaliste politique de France 2. "Je voulais savoir si vous aviez des nouvelles de Macron (sic) parce que l'on pensait qu'il serait là. On savait qu'il ne voulait pas débattre mais on est un peu surpris. Est-ce qu'il est candidat vraiment ? Est-ce qu'il mène une campagne ? Je ne sais pas, qu'est-ce que vous en pensez de ça ? Vous avez une idée, il a disparu", a questionné, volontairement subversif, le candidat.
Léa Salamé de se tourner immédiatement vers son patron Laurent Guimier : "Les deux dernières émissions de la série sont réservées aux candidats, c'est une première chose", a rétorqué le directeur de l'information du groupe public. "Et donc les candidats sont libres ou pas de venir, ils ont le droit de ne pas venir. La deuxième chose, c'est que nous appliquons strictement le temps de parole et que dans une deuxième partie à la fin de l'émission, nous entendrons Emmanuel Macron dans un autre registre avec des journalistes de France Télévisions".
"Ne prenez pas sur votre temps de parole pour parler de lui", a repris Léa Salamé, tentant de ramener Philippe Poutou à sa question initiale. Malgré les secondes qui s'égrenaient, le candidat en a décidé autrement. "C'est intéressant quand même de se poser le problème parce qu'il ne vient pas et cela n'apparaît pas du tout. Donc c'est aussi le signe de cette campagne qui est quand même lamentable de ce point de vue là. Macron a dit clairement depuis le début qu'il ne voulait pas débattre, il ne voulait même pas, je crois, me rencontrer, d'ailleurs on ne se croise même pas aujourd'hui", a enchaîné Philippe Poutou, faisant référence sans le dire à des déclarations prononcées en off par les proches du président-candidat et relayées dans la presse. "Chez Pol", newsletter politique de "Libération", écrivait ainsi le 7 février : "En macronie, on ne souhaite pas voir Philippe Poutou (qui n'est pas assuré d'avoir ses 500 signatures) mitrailler le chef de l'État comme il avait attaqué François Fillon lors des débats en 2017".
"Mais c'est vrai que c'est quand même dingue cette campagne et où il n'y a pas de confrontation. On ne discute pas programme, on ne discute pas vraiment politique et puis (il faudrait) que lui puisse rendre des comptes sur ce qu'il a fait pendant cinq ans (...) Aujourd'hui il y a plein de réflexions de gens (qui disent) 'Mais c'est quoi cette campagne pipeau' où finalement tout semble joué d'avance (...) C'était aussi une impression très désagréable que cet instant démocratique ne soit plus du tout un instant démocratique", a poursuivi Philippe Poutou.
"On entend ce que vous dites", a fini par l'interrompre Léa Salamé, avant de préciser que le service public avait consacré une dizaine d'émissions à la campagne présidentielle en prime time. "Il a un problème avec le service public Macron ?", a répliqué dans la foulée le candidat du NPA, faisant référence encore une fois sans le dire à un communiqué de la Société des journalistes de France 2 dans lequel cette dernière s'émeut des refus d'Emmanuel Macron de venir sur la Deux. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Devant le refus d'Emmanuel Macron de participer à l'émission, France 2 a fait le choix, pour respecter la stricte égalité des temps de parole, de diffuser des images du seul meeting du président-candidat, organisé trois jours plus tôt à Nanterre. "Les Français peuvent éteindre leur télévision puisqu'il n'est pas là", a glissé en toute fin d'émission la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, après que Laurent Guimier a présenté le sommaire de la deuxième partie de soirée. La chaîne s'est aussi attirée les foudres de Marine Le Pen.
"Chère France 2, lors du second tour, si les Français me font cette confiance, je vous annonce que je souhaite remplacer les interviews sur votre chaîne par la diffusion des meilleurs extraits de mes meetings. Bien à vous", a écrit avec ironie, ce mercredi, la candidate du Rassemblement national sur Twitter.