Un choix éditorial contesté. Jeudi soir, pour la rentrée de "Vous avez la parole" sur France 2, Léa Salamé et Thomas Sotto recevaient le Premier ministre Jean Castex, venu accompagné des principaux ministres de son gouvernement, parmi lesquels le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti. Outre la crise sanitaire en France et les mesures restrictives prises pour y faire face, il a également été question d'insécurité.
Pour illustrer la question, la rédaction de France 2 avait fait le choix de recueillir en duplex depuis Grenoble le témoignage de Patricia Perez, mère d'Adrien, tué en 2018 à l'âge de 26 ans d'un coup de couteau dans le coeur à la sortie d'une boîte de nuit. Emue aux larmes, intervenant aux côtés de son époux, la mère de famille a débuté ainsi son propos : "Comment vous expliquer la douleur d'une mère ? Comme vous expliquer que je survis à la mort de mon fils pour ma fille ? Comment vous expliquer à vous, M. le Premier ministre, à vous, tous les ministres qui êtes derrière le Premier ministre, ce que je peux vivre, ce que nous vivons ?". Et le témoin de lancer à la fin de son monologue : "Quand est-ce-que vous allez vraiment vous occuper de l'insécurité dans notre pays ?".
Face à elle par écrans interposés, Jean Castex s'est dit "bouleversé". Après une vingtaine de minutes d'échanges autour du même sujet, notamment avec les maires de quatre grandes villes françaises, Léa Salamé est allée recueillir dans le public le point de vue d'Eric Dupond-Moretti sur la question.
Interrogé par la journaliste sur le sujet de l'exécution des peines en France, le ministre de la Justice a voulu revenir sur le choix éditorial de France 2. "Ces sujets méritent beaucoup de temps, beaucoup de nuance", a-t-il lancé alors que Léa Salamé l'invitait à dire "un mot" sur la question. Il a poursuivi ainsi : "Quand vous commencez votre rendez-vous avec cette femme qui est dans le chagrin absolu, qui nous amène infiniment de compassion, on ne peut plus avoir le recul pour évoquer ces questions objectivement", a déploré Eric Dupond-Moretti.
"C'est un choix que vous faites et vous en assumez la responsabilité. C'est compliqué ensuite de dire un certain nombre de choses. Il y a des chiffres, il y a des réflexions", a-t-il observé avant de répondre sur le fond. puremedias.com vous propose de revoir cette séquence.
Quelques minutes plus tard, Thomas Sotto a défendu le choix de France 2 de faire témoigner la mère de famille. "Nous avons invité Mme Perez et nous l'assumons totalement parce que cette femme a envie et besoin de raconter son histoire et qu'elle ne trouvait pas un moyen d'exprimer à la fois sa peine et la colère qui est la sienne, donc ce choix, nous l'assumons totalement", a assuré le journaliste.