30 ans, cela se fête ! France 2 proposera, ce samedi soir à 21h10, "La saga de France Télévisions", dont puremedias.com est partenaire. Présentée par Laurent Ruquier et Leïla Kaddour, l'émission remémorera aux téléspectateurs les séquences les plus cultes des émissions de France 2, France 3, France 4, France 5 et franceinfo:. Florent Dumont, directeur adjoint des antennes et des programmes à France Télévisions, présente à puremedias.com cette soirée anniversaire et se projette sur la saison à venir.
Laurent Ruquier et Leïla Kaddour présentent "La grande saga de France Télévisions" ce samedi soir. À quoi faut-il s'attendre au cours de cette soirée ?
Cette soirée est l'occasion de revivre une part de notre histoire commune avec nos téléspectateurs à partir de moments forts, des programmes et des visages que l'on a aimés et que l'on aime encore. L'idée est de montrer comment France Télévisions rythme la vie des Français et est au rendez-vous de ces grands moments.
Personnellement, quelle séquence forte de ces trente dernières années sur France Télévisions est restée dans votre mémoire ?
Les grands moments d'information dramatique, comme le 11-Septembre 2001 et les attentats de 2015, ont évidemment marqué tous les citoyens français. Je pense aussi aux moments de communion, ne serait-ce qu'il y a quelques jours avec le décès de la reine Elizabeth II, ou les commémorations autour de Johnny Hallyday et de Jacques Chirac.
"L'idée de ce programme est de parcourir les programmes qui les ont marqués"
Ne risque-t-on pas de tomber dans l'auto-célébration avec cette soirée anniversaire ? Évoquerez-vous, par exemple, le scandale des animateurs-producteurs des années 1990, sous la présidence Elkabbach ?
Non, l'idée de ce programme est de se placer du point de vue des téléspectateurs, de parcourir les programmes qui les ont marqués, comme les grands magazines de société, les grands documentaires, les émissions culturelles, les grands divertissements et les jeux. Nous ne sommes pas dans un programme sur l'industrie des médias et sur les coulisses et les enjeux de l'audiovisuel mais sur le rapport qu'ont les Français avec leur service public au quotidien.
Qu'est-ce que cela signifie France Télévisions aujourd'hui ?
Notre audiovisuel public créé un imaginaire commun à l'ensemble des Français avec des programmes utiles et qui accompagnent les téléspectateurs au quotidien. Ils les font réfléchir ou leur provoquent des émotions fortes. France Télévisions est notre point commun.
En quoi le groupe public se distingue-t-il du privé ?
Ce que l'on cherche à faire, ce sont des propositions originales. Avec les soirées continues sur des thématiques fortes, des films et des fictions suivies d'un débat, nous savons par exemple que là, nous marquons notre différence, le succès du premier numéro des "Rencontres du Papotin" (3,3 millions de téléspectateurs, ndlr) est une illustration de cette différence.
Selon vous, quel présentateur incarne le mieux France Télévisions aujourd'hui ?
Chaque présentateur, parmi les visages de France Télévisions, a un rôle à jouer sur les antennes. Ce n'est pas le but de les hiérarchiser.
"Nous souhaitons faire de 'Quelle époque !' le talk-show hebdomadaire de référence"
Qu'est-ce qu'un grand divertissement aujourd'hui selon la définition de France Télévisions ?
Il y a d'abord les grands directs, c'est-à-dire notre capacité à fédérer sur de grands rendez-vous événementiels comme la Fête de la musique, les Victoires de la musique et l'Eurovision. Dans la même veine, les programmes musicaux sont extrêmement importants pour nous. Je pense à "Taratata", "Prodiges", aux concerts que l'on peut proposer sur Culturebox et "Drag Race France", notre divertissement original de l'été dont nous sommes extrêmement fiers.
Justement, une saison 2 de "Drag Race France" a été annoncée. Elle sera diffusée sur France 2 en deuxième partie de soirée au lieu du samedi en troisième partie de soirée cette saison. Pouvez-vous nous annoncer quel sera le jour de diffusion de la saison 2 ?
Non pas encore, c'est prématuré. Ce que je peux dire, c'est qu'effectivement, nous voulons mieux exposer "Drag Race France". Nous sommes engagés à une exposition hebdomadaire en deuxième partie de soirée. france.tv en conservera la primeur. Qu'il soit sur la plateforme ou sur France 2 en deuxième partie de soirée, l'essentiel est que ce programme continue de rencontrer son public et de faire bouger les lignes.
Depuis plus de 20 ans, la seconde partie de soirée du samedi soir est un fort enjeu dans la grille de France 2. Léa Salamé présentera la première de "Quelle époque !" le 24 septembre. En quoi ce programme sera-t-il singulier par rapport à "On est en direct" ?
Nous souhaitons faire de "Quelle époque" le talk-show hebdomadaire de référence comme l'ont été, avant, "Tout le monde en parle", "On n'est pas couché" et "On est en direct". Autour de Léa, il y aura Christophe Dechavanne et Philippe Caverivière, dont le rôle sera renforcé. Nous souhaitons que cela soit un programme dont on parle, dans lequel soient présents les acteurs de la vie politique, culturelle et sociale.
Christophe Dechavanne rejoindra officiellement France 2 comme "invité permanent" ce soir-là. Allez-vous lui confier d'autres projets en solo au vu de sa carrière d'animateur ?
Pour l'instant, il est totalement concentré sur le rôle qu'il aura auprès de Léa. À France Télévisions, nous sommes très heureux de le voir revenir sur les antennes du service public puisqu'il en a été un des visages marquants l'après-midi et en deuxième partie de soirée, déjà le samedi, avec "Du fer dans les épinards". Nous nous concentrons actuellement sur "Quelle époque !". Nous nous donnons au maximum pour en faire un succès commun. Nous aurons le temps de parler de la suite dans un deuxième temps.
"Intervilles", émission emblématique de France Télévisions qui devait être relancée avec Nagui à la production avant que le Covid-19 n'arrive dans nos vies, reviendra-t-elle un jour animer les étés des téléspectateurs de France 2 ?
On travaille avec Nagui, qui a toujours beaucoup de projets. C'est une hypothèse de travail, je ne peux rien confirmer à ce stade.
Quels sont les grands divertissements au programme de la saison ?
"100% logique", un nouveau jeu avec Cyril Féraud arrive en première partie de soirée le 24 septembre. Nous proposerons aussi des programmes dans le domaine de l'humour. Laurence Boccolini présentera "Sketch Story", dont le principe est de décliner sous forme de fiction des sketches cultes de grands humoristes français. Nous travaillons aussi avec Laurent Ruquier sur des programmes de première partie de soirée.
Avec Michel Drucker, incarnation phare de France Télévisions, et les retours sur vos antennes de Thierry Ardisson et Christophe Dechavanne, peut-on dire que c'en est fini de la chasse aux "hommes blancs de plus de 50 ans" pour reprendre une célèbre expression attribuée à Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions ?
Nous voulons nous adresser à tous les publics avec une famille d'animateurs, la plus diverse possible, que ce soit en termes de parité ou de génération. Tout le monde a donc sa place sur les antennes de France Télévisions : les personnes plus expérimentées qui bénéficient d'un grand attachement des Français, comme ceux plus récemment arrivés sur nos antennes.
"Les bonnes audiences de France 2 nous permettent de prendre des risques et de tenter des choses"
Côté magazines, quand débutera "Un dimanche à la campagne" avec Frédéric Lopez sur France 2 ?
Il arrivera dans les prochaines semaines sur France 2 lorsque l'émission sera tout à fait prête. Cela nécessite un gros dispositif de production.
Est-ce une resucée de "La parenthèse inattendue", qui devait initialement s'appeler "Escapade à la campagne", que l'animateur a présenté le mercredi soir en deuxième partie de soirée entre 2012 et 2014 ?
"La parenthèse inattendue" a beaucoup marqué les téléspectateurs. Frédéric est un formidable organisateur de rencontres entre des personnalités très différentes. Le programme est bien sûr inspiré de "La parenthèse inattendue", dont nous assumons la filiation, et sera adapté à sa nouvelle case, le dimanche après-midi, et aux années 2020.
Ancienne marque relancée à la rentrée par France 2, "Masterchef" a réuni ce mardi 1,20 million de téléspectateurs (7,3% du public). Quel regard portez-vous sur l'audience du programme né en France en 2010 sur TF1 ?
Ce que je remarque, c'est que nous avons fait venir sur ce programme un public familial. Nous avons une très forte consommation du programme sur le non-linéaire. Pour les deux premiers numéros, nous avons réuni 300.000 téléspectateurs en replay. Vous savez qu'aujourd'hui, les audiences ne se lisent plus qu'à la seule lumière du résultat du lendemain matin. Nous avons de bons retours qualitatifs du public. Nous diffuserons six numéros D'une manière générale, les audiences de la chaîne France 2 vont très bien. Ce socle nous permet de prendre des risques et de tenter des choses, d'avoir de très grands succès parfois, des succès plus mitigés d'autres fois. Nous continuerons et nous finirons l'aventure "Masterchef" dans deux semaines.
"Notre modèle économique ne nous permet pas de diffuser une Coupe du monde de football"
En trente ans, qu'est-ce qui a changé pour France Télévisions dans l'acquisition de compétitions sportives ?
Il est clair que l'on vit dans un monde concurrentiel. Je reviens trente ans en arrière : à la création de France Télévisions, l'idée qui émerge est de renforcer la complémentarité entre France 2 et France 3 dans un monde où TF1 est à son apogée, M6 est la chaîne qui monte et le câble et le satellite sont en train d'être installés. Telle était la situation il y a trente ans. Aujourd'hui, nous avons un bouquet de chaînes très large face à des groupes audiovisuels privés très puissants, les plateformes payantes et les plateformes gratuites. À nous aujourd'hui, dans ce contexte, de proposer la meilleure offre au public.
Ces trente dernières années, France Télévisions a co-diffusé les Coupes du monde de football 1994, 1998 ou encore 2010. Revivre cet événement sur vos antennes est-ce encore possible aujourd'hui ?
Il y a un équilibre budgétaire à respecter, ce qui implique des choix. Nous adorerions avoir de grands événements de football sur nos antennes mais notre modèle économique ne nous le permet pas. Nous privilégions donc des épreuves et des sports moins diffusés ailleurs, comme l'athlétisme, la natation, le cyclisme, le rugby, le sport féminin et le handisport, plutôt qu'une compétition de football moins différenciante.
Vous avez annoncé que Michel Drucker participerait au dispositif des Jeux olympiques de Paris 2024. Quel rôle jouera-t-il ?
Nous discutons avec lui. Michel Drucker est apparu sur les antennes du service public pendant les Jeux olympiques en 1964. Stéphane Sitbon-Gomez (directeur des antennes et des programmes de France Télévisions, ndlr) lui a proposé de jouer un rôle encore à définir.
Carole Gaessler présentera une émission dédiée aux Jeux olympiques de Paris 2024 à la place de "Plus belle la vie", dès janvier 2023. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Paris 2024 est un projet d'entreprise. Nous allons, dès le mois de janvier sur la tranche de "Plus belle la vie" (20h20-20h45, ndlr), proposer un nouveau programme qui nous amènera en route vers Paris 2024 avec la France qui se prépare.
Que proposerez-vous donc entre 20h20 et 20h45 pendant la Coupe du monde de football ?
Nous sommes en train de travailler sur le programme qui fera la transition entre "Plus belle la vie" et l'émission de Carole Gaessler. Nous ne rallongerons pas "Tout le sport" dans une case qui fera face aux matches sur TF1. Et sur l'ensemble de la compétition, nous allons continuer à proposer des programmes pour tous les publics.
"Nous ne sommes pas dans une bataille au jour le jour avec TF1"
Depuis des décennies, France 2 propose une émission politique en prime time. Caroline Roux succède à Léa Salamé à la présentation. Comment cette nouvelle émission se distinguera-t-elle des précédentes ?
Caroline prendra la parole pour dire quelle sera la promesse de l'émission qui succédera à "Vous avez la parole", "L'émission politique" ou encore "Des paroles et des actes". Il n'y a que France Télévisions pour proposer une émission politique en prime time hors période électorale.
Avec la coupure de TF1 par Canal+, les "20 Heures" signent une très bonne rentrée. L'information de la Deux a-t-elle vocation à prendre le lead sur TF1 ?
Je ne sais pas si c'est comme cela que l'on raisonne en fait. Nous ne sommes pas dans une bataille au jour le jour avec TF1. Nous souhaitons surtout proposer les meilleurs JT comprenant une information indépendante, de qualité et fiable dans un moment où les Français doutent. Un public qui n'a pas ses JT habituels sur TF1 vient nous voir. Nous souhaitons qu'ils s'aperçoivent de la qualité de ces journaux et de leurs différences.
"Plus belle la vie aura droit à un vrai aurevoir"
Côté fictions, vous avez lancé plusieurs productions signée de l'Alliance européenne des médias de l'audiovisuel public. Quels sont les futurs projets ?
"Germinal" a été un vrai succès. "Le tour du monde en 80 jours" a été aussi un succès de consommation sur le non linéaire pendant la période des fêtes l'année dernière. "Leonardo" a peut-être été moins puissant mais nous continuons. D'autres fictions internationales arrivent, je pense à "La jeune fille et la nuit", "Bardot", "Coeur noir"...
Dans un rapport, l'Union des réalisatrices et réalisateurs évoque un taux qu'il juge élevé de fictions policières sur France Télévisions. En 2021, 85% des fictions diffusées en première et en deuxième partie de soirée sur le service public étaient des fictions policières. Entendez-vous cette critique et comptez-vous équilibrer les choses ?
Nos polars régionaux, à l'image de la collection "Meurtres à...", sont, il est vrai, un axe important tout comme les comédies policières du vendredi soir de France 2. Ces fictions plaisent au public. Mais à côté de cela, on développe énormément de séries, comme "Et la montagne fleurira", adaptation littéraire lancée à la rentrée. Nous faisons aussi du sociétal et de la comédie. Nous nous interdisons aucun genre. Nous aurons un grand événement d'antenne avec "Vortex", série de science-fiction avec Tomer Sisley. Je crois bien que nous couvrons tous les champs.
"Fais pas ci, fais pas ça" reviendra-t-elle en inédit ?
Pas dans l'immédiat. Mais on ne s'interdit pas que la marque puisse revenir un jour sur nos antennes.
Ne regrettez-vous pas que l'anniversaire des 20 ans de "Un gars, une fille" soit célébré sur TF1 ?
"Un gars, une fille" a été un programme culte pour le service public. Le premier format court humoristique avec Jean Dujardin et Alexandra Lamy était diffusé sur France 2 avant le "20 Heures". Il arrive que des marques développées au sein d'un groupe se développent ailleurs. C'est la vie de l'audiovisuel, ce qui n'empêche pas de chercher les formats d'aujourd'hui et de demain.
Sur les 30 ans de France Télévisions, "Plus belle la vie" en a connu plus de la moitié. La série quittera France 3 après 18 ans de présence à l'antenne dans la case du 20h-21h. Quel dispositif est prévu pour la dernière le 18 novembre ?
Ce sera une grande soirée en prime time sur France 3, pour un vrai aurevoir. C'est un programme qui a été extrêmement important, qui a marqué les publics et qui a fait bouger les lignes sur de nombreux aspects sociétaux. De nombreuses thématiques ont été abordées pour la première fois dans "Plus belle la vie". Face à la concurrence des plateformes et des autres feuilletons, le programme n'avait plus hélas le succès qu'il a pu avoir il y a quelques années encore. Nous avons décidé d'y mettre fin mais nous le ferons dans le cadre d'une très belle soirée avec un épisode final pour lequel beaucoup des acteurs historiques seront au générique. Nous espérons que ce sera un feu d'artifice final pour les fans.
De la même façon, "Un si grand soleil" sur France 2 a-t-elle un avenir ?
En quotidienne comme en première partie de soirée (3 primes de "Un si grand soleil" ont été proposées cet été sur France 2, ndlr), la série rencontre beaucoup de succès. "Un si grand soleil" est là pour longtemps sur France 2 et france.tv.
"'Des chiffres et des lettres' est mieux exposé le week-end à 17h qu'en semaine à 16h"
Du côté des jeux, entendez-vous les critiques quant au nouveau rythme de diffusion de "Des chiffres et des lettres". L'émission est désormais diffusée dans une nouvelle formule le samedi et le dimanche...
Dans la logique de régionalisation, nous avons souhaité lancer le nouveau jeu "Duels en familles" sur France 3 qui permet de valoriser le patrimoine culturel français. J'entends beaucoup que nous avons sacrifié "Des chiffres et des lettres" en le programmant le week-end mais il y a plus de monde devant la télévision le week-end à 17h qu'en semaine à 16h. Le jeu est donc mieux exposé avec une formule qui va légèrement évoluer et deux nouveaux visages, Blandine Maire et Stéphane Crosnier.
"Chacun son tour" avec Bruno Guillon a eu droit à une déclinaison en prime. D'autres diffusions de jeux quotidiens en première partie de soirée sont-elles à prévoir cette saison ?
Nous tentons des choses. En prime sur France 2, nous programmons régulièrement "Le quiz des champions". "100% logique" arrivera bientôt. "N'oubliez pas les paroles !" reviendra sous différentes formules. Nous travaillons et nous ne nous interdisons rien.
"Nous ne nous interdisons pas de nouvelles synergies entre la télévision et la radio"
D'autres synergies entre la télévision et la radio sont-elles attendues sur franceinfo: ?
Nous travaillons de manière globale avec Radio France et les autres partenaires de l'audiovisuel public. Avec France Info d'un côté, France Bleu - pour le dispositif "Ici" - de l'autre. Nous ne nous interdisons pas des expérimentations, des visages communs ou des diffusions sur les différents supports. L'idée pour nous est d'émerger dans cet univers concurrentiel très fort.
Êtes-vous confiant quant à un financement pérenne du service public de l'audiovisuel avec la disparition cette année de la redevance ?
Nous avons pris note du nouveau dispositif de financement de l'audiovisuel public (part de la TVA, ndlr). Ce qui nous importe est d'avoir les moyens de nos ambitions sur les missions qui sont les nôtres et que l'on a évoqué durant cet entretien : l'information, le sport, les grands événements culturels, le décryptage de la société, la proposition de nouveaux formats, l'émergence de nouveaux talents.