"Nous ne renoncerons jamais". Alors que le procès géant des attentats de janvier 2015 doit commencer demain, "Charlie Hebdo" a décidé de publier de nouveau demain les caricatures de Mahomet qui lui ont valu de devenir la cible des jihadistes. En Une de ce "numéro spécial des attentats des 7, 8 et 9 janviers 2015", la rédaction du journal satirique a ainsi décidé de titrer "Tout ça pour ça". Et de réafficher la couverture de "Charlie" de février 2006 sur laquelle Mahomet, "débordé par les intégristes", est représenté la tête dans ses mains en train de s'exclamer : "C'est dur d'être aimé par des cons". Un dessin signé Cabu, tué le 7 janvier 2015.
Le journal satirique affiche aussi sur la Une de demain les caricatures du prophète musulman publiées dans ce même numéro de février 2006 en signe de solidarité avec les dessinateurs du journal danois, Jyllands-Posten, menacés de mort à l'époque. L'Union des organisations islamiques de France, la grande mosquée de Paris et la ligue islamique mondiale avaient engagé en 2006 une procédure contre "Charlie Hebdo" pour "injures publiques à l'égard d'un groupe de personnes en raison de leur religion", avant d'être finalement déboutées par la justice.
"C'est la publication de ces dessins, considérée comme un blasphème par un certain nombre de musulmans, qui constitue le mobile du massacre du 7 janvier par des assassins qui voulaient, comme ils l'ont crié en sortant des locaux de Charlie Hebdo, 'venger le Prophète'", rappelle la rédaction de "Charlie Hebdo" dans le numéro de demain. Le journal évoque ainsi "un devoir d'information qui impose de porter à la connaissance du public ces documents qui ont une valeur aussi bien historique que pénale".
"Reproduire cette semaine de l'ouverture du procès des attentats de janvier 2015 ces caricatures nous a semblé indispensable. Toutes les raisons qu'on pourrait nous opposer ne relèvent que de la lâcheté politique ou journalistique. Voulons-nous vivre dans un pays qui se targue d'être une grande démocratie libre et moderne, et qui, dans le même temps, renonce à affirmer ses convictions les plus profondes ? Pour notre part, il n'en est pas question. Sauf à vivre dans un autre pays, un autre régime, un autre monde", conclut la rédaction du journal satirique.
L'attentat du 7 janvier 2015 a tué douze personnes et en a blessé onze autres, dont quatre grièvement. Un dessinateur et un écrivain, François Boucq et Yannick Haenel, couvriront pour "Charlie Hebdo" le procès de ces attaques. "Nous ne nous coucherons jamais. Nous ne renoncerons jamais", prévient Riss, le patron de "Charlie Hebdo", dans son éditorial de cette semaine.