La rédaction (quasiment) unanime contre la direction dans l'affaire Frédéric Haziza. Ce lundi, la Société des journalistes de LCP s'est réunie pour voter une motion de défiance contre ses dirigeants. Les journalistes devaient répondre à la question suivante : "Faites-vous encore confiance à Marie-Eve Malouines et Eric Moniot pour gérer LCP ?". Au total, il y a eu 26 votants : 25 personnes ont répondu "non", 1 personne a voté blanc et aucune voix n'a été comptabilisée pour le "oui".
Cette motion de défiance fait suite au dépôt de plainte de la journaliste Astrid de Villaines en novembre dernier. La journaliste de LCP a accusé Frédéric Haziza d'agression sexuelle pour des faits datant de 2014. Une enquête judiciaire a été ouverte et le journaliste a été dans un premier temps mis à l'écart de l'antenne par sa direction. Mais après avoir diligenté une enquête interne, la direction de LCP a finalement décidé fin décembre de réintégrer Frédéric Haziza dans sa rédaction, ainsi que de l'autoriser à faire son retour à l'antenne. Si le rapport d'enquête a mis au jour des "attitudes inappropriées, certains disent 'potaches' d'autres lourdingues" de Frédéric Haziza avant 2014, "aucun comportement inapproprié" n'aurait été "à lui reprocher" depuis 2014 selon le rapport. Une raison visiblement suffisante pour réintégrer le journaliste selon la direction de LCP.
"La décision de la direction de LCP, Marie-Eve Malouines et Eric Moniot, de réintégrer Frédéric Haziza au sein de la rédaction, malgré l'ouverture d'une enquête préliminaire après la plainte déposée par une de nos collègues pour agression sexuelle, nous choque", a écrit la SDJ, dans le texte de la motion. Les journalistes ont fait part de leur étonnement concernant la décision de la direction d'autoriser le retour à l'antenne du présentateur alors "que certains salariés ont expliqué avoir dénoncé d'autres comportements totalement inappropriés de la part de Frédéric Haziza après 2014".
Aujourd'hui, la Société de journaliste a précisé ne pas retrouver "dans le 'rapport' d'enquête interne" commandé par la direction, les témoignage de journalistes ayant évoqué des faits postérieurs à 2014, "ce qui ôte à ses conclusions toute valeur et ne permet pas de justifier du retour de l'intéressé à l'antenne, compte tenu des risques d'atteinte à la santé physique ou mentale de ses salariés". Enfin, la SDJ a pointé du doigt "certaines déclarations mensongères" de la présidente Marie-Eve Malouines, "voire tentatives d'intimidation", qui "témoignent du climat délétère et de la souffrance au travail qui règnent au sein de la chaîne".
Mise à jour (19/01/2018)
"Droit de réponse de Marie-Eve Malouines
L'article publié le 8 janvier 2018 appelle de ma part les observations suivantes :
- Le fait dénoncé par Astrid de Villaines (dont Frédéric Haziza conteste la version donnée) a été sanctionné par l'entreprise en 2014. La loi interdit LCP de sanctionner Frédéric Haziza une deuxième fois pour les mêmes faits. La plainte déposée par Astrid de Villaines à la fin de l'année 2017, ainsi que l'enquête préliminaire qui a été ouverte à la suite de cette plainte, ne modifient en rien cette situation ;
- Une enquête interne a été décidée, à mon initiative, dès la parution, le 21 novembre 2017, du premier article de presse relatant le dépôt de plainte d'Astrid de Villaines. Un expert indépendant a été choisi par le CHSCT - dont c'est le rôle - pour la mener. La direction et le CHSCT ont décidé d'un commun accord d'élargir la mission de l'expert à tous les actes et attitudes inappropriés dans l'entreprise ;
- J'ai décidé de dispenser Frédéric Haziza de présence dans l'entreprise pendant le temps de la conduite de l'enquête interne pour assurer la sérénité de tous les salariés ;
- Le rapport d'enquête interne rédigé par l'expert indépendant ayant révélé que Frédéric Haziza n'a commis aucun geste inapproprié après la notification de l'avertissement susmentionné en 2014, il a naturellement repris ses fonctions au sein de LCP.
Je précise que lui et Astrid de Villaines travaillent à des étages différents et qu'ils ne seront pas amenés à se croiser dans le cadre e l'exécution de leur fonction ;
- Je ne peux que m'étonner que la Société des journalistes sollicite le licenciement d'un salarié de l'entreprise alors que son objet est d'oeuvrer pour la garantie de l'indépendance de l'information ;
- Enfin, je suis très choquée par les allégations me visant en fin d'article qui ne comportent pas la moindre précision. Je les conteste néanmoins fermement."