Affaire classée. L'enquête pour viol et corruption de mineurs visant le youtubeur Norman Thavaud, fondateur de la page "Norman fait des vidéos" sur la célèbre plateforme a été classée sans suite, ce mercredi 11 octobre 2023, en raison d'infractions insuffisamment caractérisées. Le parquet de Paris estime que le consentement des plaignantes qui s'étaient senties "contraintes" à cause de sa notoriété n'avait pas été trompé. L'enquête du parquet de Paris avait débuté après la transmission par les autorités canadiennes en août 2021 d'une procédure mettant en cause le fondateur de la page "Norman fait des vidéos", aux 11,6 millions d'abonnés, pour des faits de corruption de mineur.
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Une fan québécoise de Norman Thavaud, Maggie Desmarais, âgée de 16 ans au moment des faits présumés, avait affirmé le 8 juillet 2020 sur Instagram avoir été manipulée par le vidéaste qui avait obtenu des photos et des vidéos à caractère sexuel de sa part par le biais de Snapchat. Norman Thavaud aurait également exercé une emprise psychologique sur la jeune femme qui avait porté plainte il y a deux ans.
D'autres femmes avaient formulé des accusations comparables à l'encontre du youtubeur, aujourd'hui âgé de 36 ans, pour des faits qui se seraient produits alors que certaines étaient encore mineures. Lors de l'enquête française, sept jeunes femmes ont été entendues par la Brigade de protection des mineurs, dont trois ont porté plainte selon le parquet : Maggie D. et deux autres adolescente, âgées de 17 à 19 ans.
Ces dernières ont expliqué avoir rencontré Norman sur des applications de rencontres, des réseaux sociaux ou encore en soirée. Elles avaient ensuite échangé des messages avec lui, dérivant vers de la séduction et l'envoi réciproque de photos sexualisées, parfois suivi de relations sexuelles. "Les jeunes filles ont expliqué s'être senties contraintes à ces rapports, du fait de la notoriété du mis en cause et parce qu'il annonçait qu'il ne resterait pas en contact avec elles sans cela", a rapporté le parquet. Devant les policiers, Maggie Desmarais a précisé ne jamais avoir rencontré Norman Thavaud et ne pouvait pas fournir les échanges, qui avaient eu lieu sur Snapchat, selon le parquet.
Entendu en garde à vue en décembre 2022, Norman Thavaud n'a "pas contesté la matérialité des faits, mais l'absence de consentement". Il était ressorti libre. Une confrontation avec Maggie Desmarais, de passage en France, avait aussi été organisée à la même époque. À l'issue de l'enquête, le parquet a conclu que "les échanges préalables aux rencontres étaient systématiquement sentimentaux et le plus souvent sexualisés et sans ambiguïté". "Il apparaît ainsi que les consentements n'ont pas été trompés, et que la pression de ne pouvoir revoir le mis en cause ou son insistance ne peuvent suffire à caractériser la contrainte".
Selon le parquet la corruption de mineur a été écartée, parce que "l'âge des jeunes filles n'a jamais été précisé en début de prise de contact et qu'elles n'avaient pas d'apparence physique ni de discours laissant supposer de la part du mis en cause une particulière attirance pour les enfants".
"Nous prenons acte du classement sans suite, nous continuons de considérer que les éléments constitutifs des infractions reprochées à Norman Thavaud sont caractérisés", ont réagi Me Jennifer Cambla, Charles Heran et Clément Pialoux, avocats de plaignantes qui envisagent une plainte avec constitution de partie civile.
A la suite de sa garde à vue, la plateforme YouTube avait décidé de sanctionner Norman Thavaud en le privant des publicités associées à sa chaîne qui lui généraient des revenus. Youtube précisait dans un communiqué, publié le dimanche 11 décembre 2022, que la sanction visant Norman Thavaud a été prise "pour une durée indéterminée à ce stade (et) pourra être revue".
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Par le passé, cet arsenal de sanctions avait été déployé à l'encontre du compte des youtubeurs ExperimentBoy en 2020 et Marvel Fitness, condamné en appel en 2021 pour harcèlement à deux ans de prison, dont deux mois ferme.