Youtube réagit. En l'espace d'une semaine, les célèbres créateurs de contenus Léo Grasset, DirtyBiology sur Youtube, et Norman Thavaud, troisième vidéaste le plus suivi de la plateforme (près de 12 millions d'abonnés et 2,7 milliards de vues), ont tous deux été visés par des accusations de viol.
Youtube France, plateforme de vidéos qui a contribué à la popularité des deux hommes, est sortie du silence. Contactée par "Mediapart" ce mardi, l'entreprise a annoncé, par la voix d'un porte-parole, que le réseau social n'exclut pas de "prendre des mesures" dans le cas où "le comportement d'un créateur, sur Youtube ou en dehors, nuit à (leurs) utilisateurs, à (leur) communauté, à (leurs) employés ou à (leur) écosystème".
À la question, quelles mesures concrètes le réseau social peut-il activer, Youtube France évoque la suspension de la monétisation des chaînes des deux vidéastes. Si une telle décision était prise, les contenus des deux youtubeurs ne leur rapporteraient plus d'argent. "Médiapart" rapporte également que Youtube France pourrait réduire la viralité de leurs contenus et donc leur visibilité en leur refusant l'accès aux recommandations, à la page d'accueil, à l'onglet "Tendances" et à la section "Vidéos à regarder ensuite".
Quand ces sanctions pourraient-elles être déclenchées ? Le scénario reste à écrire, en convient le réseau social, qui explique à "Médiapart" sa difficulté à trancher entre protection des utilisateurs et liberté d'expression. La plateforme, dont le modèle économique repose en partie sur les revenus générés par les contenus qu'elle héberge, promet donc de ne pas prendre de décisions dans la précipitation et d'étudier les dossiers au cas par cas. Par le passé, cet arsenal a été déployé à l'encontre du compte du youtubeur Marvel Fitness, condamné en appel pour harcèlement à deux ans de prison, dont deux mois ferme, rappelle "Tech&Co".
Interrogé depuis hier sur des faits de corruption de mineurs et de viol, impliquant plusieurs adolescentes et jeunes femmes, a révélé "Libération", Norman Thavaud, désormais au coeur d'une enquête préliminaire confiée à la brigade de protection des mineurs (BPM), était toujours en garde à vue ce mardi matin. Léo Grasset, de son côté, a été cité dans une plainte pour viol déposée par une étudiante en école de journalisme. Le célèbre vulgarisateur scientifique, qui conteste les faits qui lui sont reprochés, faisait déjà l'objet d'une enquête préliminaire pour "harcèlement sexuel". Les deux youtubeurs sont présumés innocents.