Gros enjeu ce soir pour TF1. La Une dévoile les deux premiers épisodes de "Je te promets", sa fiction adaptée de "This is us". Produite par les 12 épisodes prévus, tournés en 2020 entre Paris et La Rochelle mettront en scène Camille Lou, Hugo Becker, Marilou Berry, Guillaume Labbé ou encore Narcisse Mame. A l'occasion de l'arrivée à l'antenne de "Je te promets", puremedias.com a interrogé Anne Viau, la patronne de la fiction française à TF1.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
puremedias.com : Quel est l'intérêt de suivre "Je te promets" si on est déjà un fan de "This is us" ?
Anne Viau : C'est une série profondément française qui parle de l'histoire de notre pays depuis 40 ans. Nous vivrons ses grands évènements à travers le destin d'une famille qui nous ressemble. Vous retrouverez aussi bien l'élection de François Mitterrand, que les années SIDA ou "Hélène et les garçons". Bref, tout ce qui fait notre culture et notre mémoire commune ! C'est une fiction très riche, portée par des acteurs exceptionnels et des histoires particulièrement fortes. On parlera d'amour, de famille, de transmission, d'intégration, de recherche de ses origines... La série est bienveillante mais pas lisse, et véhicule des émotions fortes et variées. On passe régulièrement du rire aux larmes. "Je te promets" est un véritable ascenseur émotionnel...
Confirmez-vous avoir signé pour trois saisons ?
Je souhaite toujours la plus grande longévité à toutes les séries que nous lançons.
Juste avant "Je te promets", vous avez diffusé "La promesse". Pouvez-vous nous promettre des titres plus différents à l'avenir ?
(Rires) C'est un concours de circonstances, je vous le promets ! Je tiens à saluer l'immense succès de "La promesse". C'est un bel emblème de la création française que l'on doit à Anne Landois (son auteur, ndlr) et à son duo d'acteurs principaux formidable composé de Sofia Essaïdi et d'Olivier Marchal. Sa narration était audacieuse et complexe. Le public s'y est retrouvé, preuve qu'il est de plus en plus exigeant en matière de fictions.
Y'aura-t-il une saison 2 pour "La promesse" ?
Je le souhaite. Nous en discutons actuellement avec la production.
"La promesse" a réussi le tour de force d'être un succès à la fois sur l'ensemble du public comme sur la cible commerciale. Tenir ces deux bouts de l'omelette, n'est-ce pas ce qu'il y a de plus difficile pour une chaîne privée comme la vôtre aujourd'hui ?
C'est absolument l'objectif de TF1 et nous l'atteignons régulièrement. Preuve avec "Sam" ou "Pourquoi je vis" un peu plus tôt cette saison, ou encore au quotidien avec "Ici tout commence", le grand pari de l'année 2020.
"Il est encore un peu tôt pour parler de déclinaisons en prime d''Ici tout commence'"
Vous parliez d'"Ici tout commence" à l'instant. Peut-on imaginer une déclinaison en prime dès cette saison ?
C'est encore un peu tôt pour en parler. Nous allons nous laisser le temps de savourer ce beau succès. "Ici tout commence" est leader tous les soirs et a considérablement rajeuni la case qui a gagné 20 points de part d'audience sur les 15-24 ans ! Nous sommes également fiers de notre réussite éditoriale. Nous avons su imposer un univers inédit avec un cast particulièrement varié, représentant la diversité de la société française d'aujourd'hui.
"Ici tout commence", pourtant programmé plus tôt, réunit parfois plus de téléspectateurs que son grand frère "Demain nous appartient". Est-ce que ça ne pourrait pas poser un problème à terme ?
Non, "Demain nous appartient" a une longue vie devant lui au vu de ses scores très élevés sur la durée. Comme pour toutes nos marques de fiction, nous travaillons par ailleurs au quotidien pour l'améliorer. Nous avons créé un cercle vertueux avec ces deux feuilletons car cela nous pousse vers le haut.
Après le départ d'Hélène de Fougerolles, quel avenir pour "Balthazar" ?
C'est la vie des séries. La décision du départ d'Hélène a été prise d'un commun accord. Hélène a été formidable pendant ces trois saisons mais nous nous sommes dit que ce premier duo était allé tellement loin que nous n'avions pas envie de redites. Nous avons d'ailleurs plein d'autres projets avec elle. Concernant "Balthazar", nous aurons une nouvelle héroïne incarnée par Constance Labbé. Elle formera un formidable et très différent nouveau duo avec Tomer Sisley. Elle aura un profil plus sportif, qui aime les sensations fortes, comme Balthazar.
Parmi les temps forts à venir, la diffusion d'"Une affaire française", la fiction inspirée de l'affaire Grégory. Craignez-vous les réactions de la famille ?
"Une affaire française" est une fiction qui retrace de manière extrêmement objective, sans parti pris, cette histoire tragique et l'emballement médiatique qui l'a accompagnée. Chaque comédien défend la vérité de son personnage et ne prétend pas donner le fin mot de cette affaire. Nous avons mené avec la production un travail particulièrement précautionneux afin de ne montrer que des faits avérés et sourcés, afin de respecter au maximum les protagonistes de l'époque.
"Nous avons cinq projets du genre fantastique en développement"
Quand la fiction historique va-t-elle revenir sur l'antenne de TF1 ?
Très bientôt avec "Les combattantes" ! Il s'agira d'une fiction produite par l'équipe du "Bazar de la charité". Elle retracera le destin très forts de quatre femmes durant la Première guerre mondiale, une période à la fois terrible mais aussi d'émancipation pour elles. Pendant que les hommes étaient au front, elles ont occupé pour la première fois une place centrale dans la société en les remplaçant dans les champs et dans les usines. Nous suivrons dans cette série une prostituée, une nonne, une patronne d'industrie et une infirmière.
Après "Le bazar de la charité" en 2019, d'autres partenariats de production avec des plateformes sont-ils prévus ?
Ces partenariats sont bien évidemment possibles, au cas par cas, en fonction des projets. Mais je n'en ai pas à annoncer pour l'heure.
Une série portée Mylène Farmer peine actuellement à trouver un diffuseur. Le groupe TF1 pourrait-il être intéressé ?
Vous me l'apprenez. Nous allons regarder cela. De manière plus générale, nous sommes ouverts à tous les projets et à tous les genres, du moment qu'ils sont de qualité et peuvent créer l'évènement. Nous avons aussi particulièrement à coeur de renouveler nos incarnations - à l'image de JoeyStarr dans "Le remplaçant", de Cécile Bois dans "Gloria" ou d'Audrey Fleurot dans "HPI" -et d'ancrer TF1 dans son époque et sa société. Nous venons par exemple de tourner un très bel unitaire sur la dysphorie de genre chez les adolescents, avec au coeur de l'intrigue un garçon qui se sait être une fille. Nous aurons aussi des films sur les enfants placés ou le handicap.
Quelle place pour l'humour dans les fictions de TF1 ?
Une place importante ! Je peux notamment vous citer "Belle, belle, belle" avec Joséphine Drai et Arié Elmaleh, qui sera diffusée cette saison ou encore "Le furet" que nous allons bientôt tourner avec Mathieu Madénian. Beaucoup de nos franchises mêlent aussi l'humour et des émotions plus graves. Dans "Je te promets", on pleure mais on rit aussi beaucoup. "Sam" est aussi un personnage truculent et bourré d'humour. "Munch", "Clem" et "Balthazar" embarquent également beaucoup de scènes comiques.
"Sharko sera incarné par Vincent Elbaz dans 'Syndrome E'"
Quid des séries fantastiques sur TF1 ?
Nous avons cinq projets en développement de ce genre. Il m'intéresse beaucoup, d'autant plus qu'il plaît beaucoup aux jeunes téléspectateurs, un public auquel TF1 veut s'adresser. Nous avons tourné pour cette année "Plan B" avec Julie De Bona. Son point de départ relève du registre fantastique puisque cela raconte l'histoire d'une mère dont la fille se suicide et qui va, grâce à une agence baptisée "Plan B", revenir dans le passé pour essayer d'empêcher sa fille de mourir.
"Joséphine" et "Camping Paradis" sont des marques très anciennes - presque 25 ans pour l'une, 15 pour l'autre. N'est-ce pas le moment de les arrêter pour renouveler votre offre ?
Ce sont deux séries très importantes dans le coeur des téléspectateurs et pour le groupe, que ce soit pour la chaîne TF1 ou pour les autres antennes. Ces fictions marchent très bien et repartent d'ailleurs en tournage prochainement. Laurent Ournac tourne ainsi actuellement un nouvel épisode de "Camping Paradis" au ski, à Morzine, tandis que nous allons bientôt lancer le 100e épisode de "Joséphine". Ce qui fait la force de l'offre de fictions de TF1, c'est sa diversité, des séries familiales comme "Camping..." et "Joséphine" jusqu'à "La promesse" et "Syndrome E".
Pouvez-vous nous dire à quoi ressemblera cette dernière série justement ?
"Syndrome E" est l'adaptation des romans policiers à succès de Franck Thilliez. Cette fiction mettra en scène les enquêtes de Lucie Henebelle et de Franck Sharko. La première enquête à entrer en tournage sera réalisée par Laure De Butler, déjà réalisatrice de "La promesse". Elle aura lieu dans le monde glaçant des manipulations mentales. Je peux déjà vous révéler en exclusivité que Sharko sera incarné par Vincent Elbaz.
Vous avez lancé la collection "Coup de foudre à..." en 2016, avec des productions tournantes. Allez-vous continuer de produire ce genre de comédies romantiques ?
Oui, nous ne comptons pas les arrêter. Nous attendons simplement d'avoir les bonnes propositions pour lancer de nouveaux tournages.
"Des fictions numériques ? Ce n'est pas à l'ordre du jour"
On reproche souvent à TF1 de faire beaucoup d'adaptations au détriment de la création française. Que répondez-vous ?
Je suis absolument en désaccord avec cette affirmation. C'est pour moi un très mauvais procès d'intention. Nous avons cette saison quinze nouveautés qui sont des créations originales, dont "La promesse", "HPI", "Une affaire française", "Les combattantes", "Syndrome E", "Post mortem" et j'en passe. Pratiquement toutes nos franchises le sont également, à l'image de "Balthazar", "Munch", "Profilage" ou "Clem". Et n'oublions pas nos deux feuilletons quotidiens quand même ! Je pourrais aussi vous citer nos unitaires originaux comme "La traque", "Le talon d'Achille" ou "Liés pour la vie"... Je trouve par ailleurs totalement injuste d'opposer adaptations et créations originales. Peu m'importe qu'un projet soit l'un ou l'autre, pourvu qu'il s'agisse d'une bonne histoire ! Qui aurait vu "Les bracelets rouges" si nous n'en avions pas fait une adaptation ?! Et croire que tout est acquis sous prétexte qu'il s'agirait d'une adaptation est complètement faux. C'est à chaque fois un véritable pari et une prise de risque importante qui demande systématiquement un important travail artistique.
D'autres cases de fiction pourrait-elle être ouvertes sur TF1 ?
A ce jour non.
De la fiction inédite sur les chaînes TNT de TF1, c'est économiquement intenable ?
Nous avons des projets en développement avec évidemment des budgets adaptés. Et je vous dirais surtout que c'est déjà le cas avec "Les mystères de l'amour" sur TMC, un feuilleton hebdomadaire, création française qui plus est, qui marche très fort.
France Télévisions mise de plus en plus sur les fictions numériques avec sa plateforme "Slash". Le groupe TF1 compte-il investir dans ce domaine ?
Ce n'est pas à l'ordre du jour pour l'instant.
Votre budget a-t-il été réduit du fait de la crise du Covid ?
Non. Je tiens d'ailleurs à souligner que le groupe TF1 s'est vraiment posé en soutien du monde de la création durant une année 2020 particulièrement difficile pour tout le monde. Nous présentons ainsi pas moins d'une vingtaine de nouveautés malgré ce contexte inédit. En dépit de la crise, nous avons continué de financer le développement et le tournage de nos projets. Nous avons aussi maintenu notre ambition éditoriale et industrielle avec le lancement d'"Ici tout commence". Ce n'est pas rien !