La dernière sortie de Michel Platini n'a pas beaucoup ému la presse française. Vendredi à Paris, en marge d'un comité de pilotage de l'Euro 2016, le président de l'UEFA a appelé la population brésilienne à une trêve durant la période de la Coupe du Monde, du 12 juin au 13 juillet. "Il faut absolument dire aux Brésiliens qu'ils ont la Coupe du monde et qu'ils sont là pour montrer les beautés de leur pays et leur passion pour le football. Et s'ils peuvent attendre un mois avant de faire des éclats un peu sociaux, ça serait bien pour le Brésil et pour la planète football" a notamment expliqué à la presse l'ancien numéro 10 de l'équipe de France, en écho .
"Le climat est tendu donc il faut qu'on lance un appel au Brésil : faites un effort pendant un mois, calmez-vous, rendez hommage à cette belle Coupe du monde. On a été au Brésil pour leur faire plaisir" a rappelé Michel Platini au cours d'une intervention réalisée en écho aux récentes émeutes qui ont secoué ce pays dans lequel une partie de la population critique vivement le coût de la Coupe du Monde.
Faiblement relayée par les médias traditionnels, la déclaration de Michel Platini a agité la toile tout le week-end, de nombreux internautes la trouvant particulièrement choquante. Un silence qui n'est pas un hasard selon Pascal Praud, journaliste sportif à i-Télé. Dans une tribune publiée samedi sur le site du "Point", ce dernier a ainsi vivement dénoncé la sortie du président de l'UEFA.
"Michel Platini a raison. Qui sont ces gueux qui menacent la compétition ? Qu'ils retournent dans leur bidonville ! Et s'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche. Rio vaut bien une messe. Qui sont ces va-nu-pieds qui dénoncent les investissements du foot ? Rien n'est plus important qu'un ballon qui roule. Le Brésil, c'est le folklore, Copacabana, une carte postale, un monde magique, des plages et des filles. S'il vous plaît, rangez vos pancartes et faites la fête. On vous a choisis pour ça. C'est un ordre. Souriez, dansez, chantez. La Fifa vous regarde" a ainsi raillé le journaliste sportif.
Mais Pascal Praud a surtout mis en cause l'attitude des médias dans cette affaire. "Avec un mépris insensé, Michel Platini a dénoncé les manifestations qui perturbent l'organisation du Mondial. Personne ne s'en émeut. Bizarre, non ?" s'est-il ainsi interrogé. Avant de noter : "Pas un mot dans la presse ce samedi pour commenter son hallucinante sortie".
A en croire le journaliste sportif, Michel Platini bénéficierait auprès des médias français d'un statut assez unique, mélange de fascination pour le joueur qu'il était et de crainte pour le président de l'UEFA qu'il est devenu. "Les médias français ont canonisé saint Michel. Son passé de footballeur justifie cette clémence, mais pas seulement. Platini est craint. Peur des représailles. Peur d'être mis à l'index. Plus d'interviews. Plus de rendez-vous. Platini déteste la contradiction. Il n'oublie rien. Il est puissant. On le dit rancunier. Autant de raisons de faire profil bas. La bien-pensance a des indignations sélectives" a décrypté Pascal Prau.
Une analyse que semble en partie partager Pierre Ménès, consultant pour le "Canal Football Club" de Canal+. Sur Twitter, ce dernier a ainsi relayé le texte de Pascal Praud avec ce commentaire : "Et Platini qui pète un plomb avec toute la bienveillance des médias.
Et Platini qui pète un plomb avec toute la bienveillance des médias. A lire l'excellent @PascalPraud http://t.co/aEd54Puw4l
- Pierre Ménès (@PierreMenes) 27 Avril 2014
Joint par puremedias.com, Pierre Ménès a lui aussi critiqué la sortie de Michel Platini. "C'est vertigineux comme déclaration, c'est effarant ! C'est limite trop gros pour être vrai" a-t-il estimé. Sur l'attitude des médias, le consultant de Canal+ s'est montré moins affirmatif que son confrère, n'identifiant pas de crainte particulière de ces derniers vis-à-vis de Michel Platini. Il a cependant reconnu que l'ancien numéro 10 bénéficiait d'un statut particulier. "Il y a des grâces" a-t-il estimé, évoquant un côté "cocardier" de la presse française. "On protège le président de l'UEFA parce qu'il est français et aussi parce que ce n'est pas n'importe quel Français" a-t-il résumé.