"Blast" présente son "Projet M". Dans une vidéo publiée ce jeudi 2 février sur Youtube, Denis Robert, fondateur du site d'information indépendant "Blast", et Bruno Gaccio, ancien auteur de l'émission à succès de Canal+, "Les guignols de l'info", ont officiellement lancé le "Projet M", qui étaient dans les tuyaux depuis maintenant quelques mois. "M" pour "Les marioles de Blast", une émission de satire politique mettant en scène des marionnettes, "dans la longue tradition de la première émission de référence du genre, les géniaux 'Spitting image', mais aussi 'Les guignols de l'info' ou encore 'Le Puppet Show'", a expliqué Denis Robert.
"Je ne sais pas si tu as lu la presse : tout le monde dit que ce sont le retour des 'Guignols de l'info'", fait ainsi mine de s'étonner Denis Robert face à un Bruno Gaccio faussement surpris. puremedias.com s'en était d'ailleurs fait l'écho dans un article du 12 décembre 2022. "C'est normal en même temps (que la presse) dise ça, (il y a) des marionnettes, ils disent que c'est le retour des 'Guignols' mais je ne te le conseille pas", a-t-il prévenu son interlocuteur. "D'abord, cela coûtait 15 millions d'euros par an (sur Canal+, ndlr), tu les as ? C'est impossible, cela coûte trop cher", a-t-il ironiquement demandé à Denis Robert. "Ensuite, juridiquement, tu n'y as pas droit. Le titre, 'Les guignols de l'info', appartient à Vivendi", a poursuivi Bruno Gaccio.
Avant d'être interrompu par Denis Robert : "D'ailleurs, on a eu une lettre recommandée à 'Blast' du directeur des programmes de Canal+ qui nous interdit de faire 'Les guignols', il nous dit qu'il a protégé le titre, le dispositif avec le 'JT'". Dans l'extrait de la lettre en question, datée du 19 décembre 2022 et diffusée par "Blast", on peut lire que "Canal+ a été le producteur de cette émission emblématique et historique pendant trente années (elle a débuté en 1991, ndlr) et à ce titre, détient l'intégralité des droits de propriété de l'émission 'Les guignols de l'info', y compris son format, son titre, ses textes et ses marionnettes". La chaîne cryptée de terminer son courrier par un avertissement à l'endroit de "Blast" : "Nous vous informons que nous prendrons toutes mesures destinées à la sauvegarde de nos droits".
En réponse à ce courrier, Denis Robert assure : "Je lui ai répondu (au directeur des programmes de Canal+, ndlr) que l'on ne (préparait) pas ça". "On ne ferait pas un 'JT' aujourd'hui", a abondé dans son sens Bruno Gaccio. "'Blast', c'est internet, un autre support, un autre public, une autre façon de faire les choses. On va faire quelque chose qui va être mieux", espère-t-il. Bruno Gaccio d'expliquer son intention d'apporter "un poil de rigolade" à un site d'enquêtes "passionnant" mais "chiant".
Une campagne de financement de ce projet, dont le rythme de diffusion n'a pas été tranché, a été ouverte pendant 30 à 45 jours. 65.000 euros ont déjà été récoltés. "Même avec 1 million d'euros (contre 15 millions d'euros par an à Canal+, ndlr), on va pouvoir faire quelque chose", a promis Denis Robert, qui avait diffusé sur "Blast" un premier sketch avec la marionnette d'Emmanuel Macron à l'occasion des voeux présidentiels du 31 décembre 2022.
Au moins deux marionnettes sont déjà en cours de production. Leur identité n'a pas été révélée mais Elon Musk, patron du réseau social Twitter, mais aussi une incarnation du cabinet McKinsey, principal cabinet de conseil de l'Etat français pour la gestion de la crise sanitaire, semblent tenir la corde. "Si on faisait un journaliste, il faudrait faire Pascal Praud", a tranché Bruno Gaccio. Léa Salamé et Elisabeth Lévy, en revanche, semblent être des options exclues pour le moment, à en croire la réaction de l'auteur à l'évocation de ces deux noms.