Une bataille judiciaire qui a débuté en mai 2016. Hier, le tribunal correctionnel de Nanterre a décidé de relaxer Patrick Menais, réalisateur et créateur du "Zapping" sur Canal+, qui était jugé pour "abus de confiance". Un dossier ouvert à la suite d'accusations du groupe dirigé par Maxime Saada d'avoir volé les droits de l'émission à son départ de la chaîne crypté. C'est une décision divergente du parquet qui avait requis le mois dernier une amende de 10.000 euros à l'encontre de celui qui est désormais à la tête de "Vu" chez France Télévisions.
Pour rappel, Patrick Menais, qui a réalisé le programme de 1989 à 2016, était en conflit il y a près de sept ans avec la nouvelle direction de Canal+, après la reprise en main de Vincent Bolloré. En mai 2016, il a décidé de déposer à son nom auprès de l'Inpi (Institut national de la propriété intellectuelle) les marques "Le Zapping" et "L'année du Zapping". Ce qui provoquera l'ire de la chaîne cryptée qui avait estimé que ces marques étaient "notoirement reconnues" comme appartenant à Canal+. Quelques mois plus tard, Patrick Menais a été licencié pour faute grave.
Les mois suivants, assigné en justice par Canal+, Patrick Menais a vu ses dépôts être annulés et les marques ont été récupérées par le groupe de Maxime Saada. Selon des propos rapportés par l'AFP, Olivier Baratelli, avocat du groupe de la chaîne cryptée, avait déclaré pendant l'audience : "Ces marques déposées en douce, nous ont été barbotées pendant un temps et il a fallu batailler pour les récupérer".
"J'ai fait ce dépôt pour protéger cette marque. Je n'ai pas voulu me l'accaparer ou en tirer profit. J'ai tout de suite dit à ma direction, en toute transparence, que je l'avais fait", s'est défendu Patrick Menais, soulignant avoir voulu "protéger les intérêts" de la chaîne. Et son avocat d'ajouter : "Il n'a pas fait usage de cette marque, puisqu'on n'est pas allé jusqu'à l'enregistrement".
Le réalisateur a confié se sentir "harcelé par le groupe Canal+ à chaque fois" qu'il "bouge un petit doigt" : "C'est insupportable". Il fait alors référence aux 44 millions d'euros réclamés par Canal+ à France Télévisions après le lancement de "Vu", un format proche du "Zapping". Dans ce procès, en octobre 2019, Canal+ avait déjà perdu son bras de fer judiciaire.