Sa tribune avait fait grand bruit. Le 28 décembre 2012, Vincent Maraval distributeur, producteur et fondateur de Wild Bunch, publiait dans Le Monde une tribune assassine sur le milieu du cinéma français. Il y critiquait avec virulence les mauvais résultats des films hexagonaux, pointant notamment du doigt des coûts de production trop importants car plombés par les cachets indus de plusieurs acteurs français. Cette sortie avait rapidement provoqué un vif débat alimenté par les prises de position régulières des acteurs sur le sujet lors de leurs passages sur les plateaux télé.
Un an après, un rapport remis aujourd'hui par René Bonnell au gouvernement sur l'état de santé du cinéma français semble en partie confirmer le diagnostic fait par Vincent Maraval en 2012, comme le révèle ce matin Les Echos. Sur la question des cachets des stars du cinéma français, René Bonnell, ancien dirigeant de Gaumont et de la filière cinéma de Canal+, semble ainsi faire le même constat que Vincent Maraval et évoque "une dérive sur le plan des cachets, mais c'est une question de degrés, pas de principe ". Surtout, ce dernier note la faible flexibilité des salaires des acteurs français les mieux payés. "Aux Etats-Unis, le box-office dicte au plus près le niveau des cachets des acteurs qui peuvent s'envoler comme s'effondrer en un temps record". A l'inverse, "en France, les résultats salles n'influencent qu'à très long terme la rémunération des comédiens" souligne ainsi le document.
Pour y remédier, ce rapport fait plusieurs propositions. Il préconise notamment de "modérer les cachets excessifs (...) en incitant au partage du risque commercial par un intéressement calculé sur des données aisément vérifiables", comme le nombre d'entrées en salles ou les chiffres d'affaires sur les autres supports de diffusion (vidéos). René Bonnell propose aussi de "strictement encadrer voire interdire la pratique des à-valoir sur intéressement des talents au résultat des films".
Pour favoriser la transparence, le rapport émet également l'idée de présenter des devis de production distinguant le "dessus de la ligne" (dépenses liées au "talent" en général, acteurs principaux, réalisateurs) et le reste des coûts de fabrication. Si le milieu ne parvenait pas à s'auto-réguler lui-même dans ce domaine, il pourrait être envisagé, selon René Bonnell, de définir des normes (comme des ratios entre "dessus" et "dessous de la ligne"), et de moduler les aides publiques à la production en fonction de ces ratios.
Enfin, le document préconise d'agir sur les chaînes de télévision. Pré-acheteuses de la plupart des films produits en France, elles sont souvent accusées de favoriser l'inflation des salaires des acteurs. Pour lutter contre ce phénomène, il est ainsi proposé de retirer un pourcentage des dépenses liées aux cachets des "vedettes" des obligations de financement des chaînes de télévision. En d'autres termes, si ces dernières mettent de l'argent dans des films trop chers à cause de ces cachets, une partie de ce budget ne serait plus comptabilisé dans leurs obligations de financement.